Juré à la cour d'assises de Haute Savoie (1) (lundi, 15 octobre 2007)
Saint-Julien-en-Genevois
La loi et le sort m'ont désigné juré à la cour d'assises de Haute Savoie pour la session d'automne. Tirage au sort au niveau de la commune de Saint-Julien-en-Genevois puis du département. J'ai déjà participé au jugement de trois affaires. La loi ne m'interdit que de parler du délibéré, mais par respect pour les familles concernées, je ne parlerai même pas des affaires jugées mais simplement de l'expérience humaine et de ce qu'elle m'a révélé de notre société et de la nature humaine.
D'un point de vue personnel c'est une expérience éprouvante : physiquement, car les affaires sont si graves et les conséquences telles qu'on ne peut se permettre quelques minutes d'inattention au cours des longues journées de débat, humainement, on plonge dans la profondeur des pires aspects de l'humanité, dans ce qu'ils ont de plus terribles mais aussi de plus fragiles, nerveusement, depuis quelques jours je songe souvent aux victimes et aux condamnés. On tente autant que possible et avec pas mal de succès de juger froidement, de garder un égal équilibre entre les intérêts des victimes, ceux des accusés et ceux de la société. Mais on ne peut pas passer des dizaines d'heures à écouter les uns et les autres et les analyses psychologiques sans au final s'attacher aux êtres humains qui sont les protagonistes de ces drames.
C'est aussi éprouvant professionnellement : après trois mois de congé sans solde pour les élections législatives au printemps et avant les élections municipales de mars, j'ai encore dû demander à mon employeur déjà 7 jours d'absence. Heureusement qu'ils tiennent à mes compétences.
Cette expérience m'a aussi permis de voir de très près les rouages de la justice. Je suis admiratif du professionalisme de la très grande majorité des intervenants. La justice est difficile à rendre... surtout lorsque l'Etat est en faillite et ne lui accorde pas les moyens dont elle a besoin. Je suis admiratif du professionalisme des avocats, procureurs et juges que j'ai pu rencontrer. Avant que nous ne parvenions à rééquilibrer les comptes de l'Etat nous aurons encore besoin de pouvoir compter sur leur professionnalisme pour que la justice soit rendue dans ce pays.
Mais c'est surtout sur la nature humaine et la société que j'ai beaucoup appris depuis quelques jours. Voila un sujet qui va alimenter les notes de ce blog dans les prochains jours.
09:00 | Commentaires (5) | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
".........j'ai encore dû demander à mon employeur déjà 7 jours d'absence. Heureusement qu'ils tiennent à mes compétences."
orgueil, vanité, fatuité, prétention, comment qualifier cette phrase???????????????,
Écrit par : Jean-François | lundi, 15 octobre 2007
??????????????
parce que vous, Jean-François, vous connaissez une autre raison qui pourrait justifier que son employeur supporte cela?
Dites toujours, je vois mal pour ma part un employeur accepter un tel absentéisme de la part d'un collaborateur orgueilleux, vaniteux, fat et prétentieux par ailleurs.
Écrit par : Al West | lundi, 15 octobre 2007
@ Al West,
gardez votre calme, je fais simplement remarquer que depuis quelques temps Antoine dérive vers l'autocongratulation systématique. D'ou ma question !
je ne mets pas en doute ses capacités et pour tout vous dire je pense même que c'est un garçon très doué, par contre je ne partage ni ses analyses ni ses choix politiques.
Par ailleurs et pour répondre à votre question, croyez vous que si Antoine travaillait pour une PME son employeur aurait accepté ses absences ???
A mon avis il est plus facile de faire accepter à une multinationale qui emploie plusieurs milliers de cadres l'absentéisme de l'un d'eux, ledit cadre étant interchangeable et non indispensable à la survie de l'entreprise.
Bien sûr ce n'est qu'un avis personnel.
Écrit par : Jean-François | mardi, 16 octobre 2007
Oh, je suis très calme, cher Jean-François, je trouvais en revanche votre question un peu... comment dire?
Présomptueuse.
C'est probablement plus facile de faire accepter l'absentéisme de l'un de ses cadres à une multinationale qui en emploie des milliers, mais je trouve votre commentaire inutilement agressif / dédaigneux / méprisant (m'en manque un, là... 'voudriez pas m'aider? ;-)). Vous ne m'ôterez pas de l'esprit que si la-dite société avait à se plaindre des compétences de l'interessé, elle en aurait profité allègrement.
Écrit par : Al West | vendredi, 19 octobre 2007
@ Al West,
"commentaire agressif" ???
parce que vous pensiez que j'allais l'encenser à longueur de post?
J'apprécie la pugnacité d'Antoine, sa combativité même après une défaite, mais je ne fais pas partie de son fan club. Souffrez que je fasse des remarques fussent elles désobligeantes, j'exprime mon ressenti.
Pour le mot qui vous manque je vous suggère: judicieux, pertinent ou censé, au choix.
Écrit par : Jean-François | samedi, 20 octobre 2007