Juré à la cour d'assise de Haute Savoie (3) : le déni (mercredi, 17 octobre 2007)
Dans les témoignages tant des accusés que des proches, j'ai été frappé par l'incapacité à verbaliser les faits : "je n'arrive toujours pas à croire qu'elle ait fait ça!" dit l'un. Un accusé détaille avec force et vigueur les mois et semaines qui précèdent avant d'aborder les faits par un pudique "Ca s'est fait le week end suivant." ou encore "dans la voiture ça a discuté de ça"
Le participe passé, le "on" générique et le "ça" sont abondamment utilisés. Parfois pour minimiser les responsabilités des protagonistes, mais aussi très souvent pour ne pas nommer l'inacceptable.
De retour à Saint-Julien-en-Genevois, je remarque l'emploi de ces mêmes pronoms dans les conversations. J'observe aussi que ces pronoms sont utilisés pour désigner ce que la personne qui parle n'accepte pas ou ne souhaite pas. Pourtant, comment avancer dans la vie et progresser si on se révèle incapable d'accepter le réel. J'ai aussi pu mesurer pendant les assises le poids parfois destructeur des tabous et des secrets.
Depuis ces quelques jours aux assises, lorsque je relève ces pronoms dans la conversation je demande à mon interlocuteur : tu parles de quoi lorsque tu dis "ça".
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