Votations : Contre l'introduction du vote électronique (jeudi, 15 janvier 2009)
Le 8 février les Genevois devront voter sur l'introduction du vote électronique.
L'interdépendance des Genevois français et suisse et les 15% de double nationaux de part et d'autre de la frontière me conduit à mettre à la poubelle le principe désuet de non ingérence qui voudrait qu'on ne s'exprime pas sur l'actualité politique de nos voisins.
Le vote électronique pose de nombreux problèmes sur le secret du vote et sa personnalisation : le vote par correspondance permet déjà à certains de voter pour la famille, parfois sous la contrainte sociale. Il pose aussi des questions sur le sens d'un point de vue auquel on n'est pas prêt à consacrer les 2 minutes nécessaires pour l'exprimer via un simple affranchissement postal. Mais c'est surtout l'absence de transparence qui me conduit à rejeter le vote électronique.
La démocratie suppose la transparence. Le vote doit être incontestable car vérifiable par tous. Le vote électronique contraint la population à faire confiance à des experts pour la gestion du résultat. Cette confiance existe déjà aujourd'hui, mais se fonde sur la possibilité qui existe pour tous de vérifier les opérations de vote du début à la fin. La transparence des opérations de vote prive les scéptiques des arguments qui pourraient les conduire à refuser toute légitimité démocratique au résultat.
Depuis 30 ans la confiance dans toutes les institutions s'érode de manière constante, durable et régulière : confiance dans la presse, les institutions politiques, les marques, l'école, la médecine. L'érosion de la confiance couplé à l'introduction du vote électronique nous conduira dans une décennie à voir des résultats de scrutin rejetés par les perdants.
J'ai aujourd'hui confiance dans les institutions cantonales. Mais je ne peux garantir par avance que j'aurai confiance dans l'intégrité des futurs magistrats. Aurai-je confiance dans l'intégrité d'un exécutif d'extrême droite ou d'extrême gauche ? A l'opposé est-ce que les extrêmes accepteront le résultat invérifiable d'une consultation électronique organisée par un magistrat de l'autre extrême ?
Le vote électronique ne peut être introduit que s'il est révocable à la première demande par n'importe quel candidat ou parti politique. Sa révocation possible selon l'évolution des institutions cantonales lui donnerait alors sa légitimité. Il pourrait être utilisé pour des questions mineures ou consensuelles et tant que les institutions chargées de son organisation conserverait la confiance de tous. A ma connaissance la loi constitutionnelle ne permet pas cette révocation.
Ci joint le point de vue :
du PDC sur les votations du 8 fevrier
des verts sur les votations du 8 fevrier
(je n'ai pas trouvé l'argumentaire des radicaux)
10:07 | Commentaires (1) | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Pour en savoir plus sur le vote par internet et choisir votre mode de vote en toute connaissance, lire cette étude d'un chercheur d'un laboratoire CNRS d'informatique « Analyse des vulnérabilités de trois modes de vote à distance », Legalis.net, pp.13-31, #3, septembre 2008.
http://www.sciences.univ-nantes.fr/info/perso/permanents/enguehard/perso/Enguehard_Legalis2008.pdf
Écrit par : Matif | dimanche, 18 janvier 2009