L'exode massif de la jeunesse Genevoise (jeudi, 27 août 2009)

La campagne électorale pour le Grand Conseil déterminera les axes prioritaires de l'action publique pour 4 ans.

L'exode massif de la jeunesse Genevoise se poursuit. L'élite Genevoise continue de ne pas s’en préoccuper. J'estimais de manière assez conservatrice à 3000 Genevois qui quittent le canton chaque année pour s'installer dans le Genevois français. Le chiffre réel est sans doute plus proche des 4000. Le calcul est simple : 0,6% de nouveaux logements par an dans le canton pour 1,5% de population supplémentaire dans le Genevois franco suisse = 0,9% de personnes qui ne peuvent pas se loger dans le canton soit plus de 4000 personnes par an. Ce chiffre correspond à l'effectif total d'une classe d'âge du canton de Genève ! Il est encore sous estimé (je reviendrai dessus dans une prochaine note).

Parmi ces 4000 exilés, il y a peu d'employés des multinationales que Genève attirent chaque année avec des conditions fiscales dérogatoires. Les employés de ces multinationales qui emménagent à Genève avec leur employeur ont pour la plupart les moyens de vivre sur le canton. Non il s'agit bien de Genevois contraint à l'exil faute de logements abordables. Le plus souvent des jeunes Genevois.

Les notaires du Genevois français constatent que 8% des acheteurs de logements sont de nationalité suisse. Si on ajoute les doubles nationaux et les étrangers qui résident dans le canton de Genève on constate qu'un logement sur 7 dans tout le Genevois Français est acheté par un habitant du canton. Ce chiffre monte à 1 sur 4 dans le canton de Saint Julien.

Cet exode massif a des conséquences dramatiques pour la qualité de vie de tous les Genevois. Il augmente les distances domicile travail. Il mite nos paysages de zones résidentielles. Ils éloignent les habitants du réseau de transport en commun et les contraint à l'usage de la voiture. Ils condamnent aussi à l'exil les jeunes ménages du Genevois français qui n'ont plus les moyens de se loger dans leur commune - les banques ne leur accordent plus de prêt pour des logements dont les prix dépassent leur moyens. Ils privent les entreprises du Genevois françaises de leur main d’œuvre et les condamne à l’exile aussi. Il paralyse un peu plus tout le Genevois franco suisse dans des bouchons.

Mais surtout cet exode massif de la jeunesse Genevoise détruit l'atout principal du Genevois Franco Suisse : notre qualité de vie commune.

Cette campagne électorale au Grand Conseil Genevois doit répondre à plusieurs questions : le développement économique fondé sur l'importation d'emploi de cadres plutôt que la création d'emploi pour les chômeurs dans les entreprises locales est-il tenable pour Genève ? Comment passer de l'intention de construire des logements de la précédente législature à la construction suffisante de logements pour que les jeunes Genevois aient un toit ? Comment réaliser rapidement le réseau de transport en commun qui permet aux Genevois franco suisses de pouvoir se déplacer à nouveau librement ? Comment travailler avec le genevois français pour que celui-ci puisse aussi créer des emplois côté français ?

Beaucoup de partis Genevois sont compromis dans ce scandale : les socialistes ont défendu les intérêts des nantis du logement, les papy boomers qui sont logés à des prix abordables au détriment des jeunes qui ne sont pas logés. Les Verts ont retardé ou se sont opposés à des déclassements qui ont obligé des Genevois à aller vivre loin, à utiliser leur voiture pour gagner leur vie et à émettre plus de CO2. Les Libéraux se sont opposé aux constructions d'appartement dans les zones de villa ou vivent leurs électeurs. La candidature d'Isabelle Rochat au Conseil d'Etat, Maire de Thônex qui n'a pas vraiment accéléré la construction de logements sur les communaux d'Ambilly manque de pertinence pour les jeunes Genevois. MCG, UDC et extreme gauche ont continue de raller sur tout plutôt que de proposer. Les radicaux et le PDC ont fait des propositions constructives mais qui manquent d’ambition face à l’ampleur du problème. Le premier parti qui sera crédible sur ces questions obtiendra de manière disproportionnée et durable la confiance de l'électorat jeune qui se mobilisera enfin pour un parti qui répondra enfin à ses préoccupations.

Plutôt que de répondre à ces questions, certains partis ont mis en avant le thème de l'insécurité. Je ne connais pas un seul Genevois qui ait quitté Genève en raison de l'insécurité.. en revanche il y a environ 12 Genevois qui émigrent chaque jour faute de logement décent à des prix abordables.

Si ces partis ont choisi ce thème ridicule de l'insécurité plutôt que celui capital du logement, des transports et du type de développement économique c'est simplement que ce sont des vieux partis avec de vieux candidats et de vieux électeurs. Ils essaient d'intéresser de vieux journalistes de vieux journaux avec de vieux lectorats. L'âge venant, on se sent moins en sécurité. C'est naturel. A partir de 60 ans, on ajoute un verrou à sa porte à chaque décennie.

A charge pour les jeunes électeurs genevois de recadrer cet élite politique vieillissante et de leur rappeler dans les urnes que le problème principal de Genève n'est pas l'insécurité mais le logement et le transport. Leur abstentionnisme des précédentes élections a contribué à faire passer leurs préoccupations au second plan.

Connaissant la personnalité des têtes de liste de l'UDC je me demande bien pourquoi ils tiennent tant à pouvoir se promener dans les parcs la nuit. Mais surtout faire passer leur besoin de promenade nocturne devant le besoin des Suisses de disposer d’un toit à Geneve détruit le peu de crédibilité qui leur restait sur leur slogan : "Genève canton Suisse".

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