Un tournant dans la crise du logement à Geneve et dans le Genevois (mercredi, 02 décembre 2009)
Nous sommes à un tournant dans la crise du logement à Genève. Non pas que les belles intentions de Mark Muller soient suffisantes. 1500 constructions en 2008, 2000 autorisations ou même son objectif de 2500 logements restent des chiffres dérisoires qui ne réduiront en rien les tensions inflationnistes sur l’immobilier. Nous sommes à un tournant car la crise du logement ne va bientôt plus concerner seulement les jeunes abstentionnistes dont les Liberaux se moquent mais aussi les multinationales, les commerçants et les retraités pour lesquels les Liberaux travaillent.
D’abord pourquoi 2500 logements resteraient insuffisants ? Simplement parce que cela suffirait à peine à couvrir les besoins supplémentaires issus de la fragmentation des ménages. Chaque année la proportion de célibataires, veufs et divorces augmente dans la population. Cela augmente le besoin en logements pour une population qui resterait stable, au rythme de 1% par an.. soit pour Genève environ 2000 logements par an rien que pour les nouveaux ménages d’une seule personne. Il en faut environ 2000 de plus pour les jeunes Genevois et encore 2000 supplémentaires pour les cadres des entreprises que Genève attire à coup d’exonérations fiscales dérogatoires. Les rêves les plus fous de Mark Muller de 2500 logements par an correspondent donc à un déficit qui aggraverait la pénurie de 3500 logements par an ! Loin d’apporter une solution au problème.
Mais nous sommes tout de même à un tournant. Jusqu’a présent, les jeunes étaient les premiers si ce n’est les seuls concernés par la crise du logement. La classe politique affichait une préoccupation sur le logement qui ne se traduisait par aucune construction supplémentaire… parce que la préoccupation des jeunes elle non plus ne se traduisait pas dans les urnes. Tant que les jeunes s’abstiennent les politiques se sont abstenu de répondre à leur préoccupation sur le logement.
Mais la question du logement devient une question générale :
La crise du logement devient un handicap incontournable pour les multinationales que Genève cherche encore à attirer. La semaine dernière David Hiller et Pierre Francois Unger sont allés rencontrer les membres du Groupement des Entreprises Multinationales. Au delà des menaces sur les systèmes dérogatoires de taxations ils ont été interrogés sur l’absence de logements à Genève. Les réponses ont été pitoyables.. de quoi inquiéter les multinationales. La crise du logement devient un handicap à l’attractivité de Genève. A defaut de le faire pour la jeunesse Genevoise, les Libéraux vont peut être finir par accepter de construire des logements pour les multinationales dans les communes qu’ils dirigent : Veyrier, Thônex ou les communes de la plaine de l’Aire.
L’inflation de l’immobilier a des conséquences aussi sur les coûts salariaux des entreprises Genevoises. Elle mine leur compétitivité.
La crise du logement pénalise le pouvoir d’achat des Genevois qui se porte mal (contrairement au pouvoir d’achat à Genève qui lui se porte bien depuis que Genève attire les salariés les plus fortunés d’Europe). Cette crise du pouvoir d’achat des Genevois à un impact économique sur le commerce. De quoi motiver les lobbies des commerçants à se pencher plus activement sur la question du logement qui prive leurs clients du pouvoir d’achat nécessaire.
La crise du logement à un impact environnemental : elle condamne à l’exil dans le Genevois français environ 4000 Genevois par an. Désormais éloignés des réseaux de transports en commun ceux ci sont contraints d’utiliser leur voiture. Les plus ardents écologistes doivent désormais se préoccuper de la crise du logement. Même les agriculteurs vont se preoccuper de la crise du logement lorsqu’ils vont constater que leurs oppositions aux déclassements ont condamné la campagne Genevoise aux embouteillages et que leurs légumes commencent à avoir un arrière goût de diesel.
La crise du logement a aussi un impact social. Des quartiers entiers se vident de leur population qui doit partir vivre plus loin. Des quartiers qui se peuplent d’expatries qui sont les seuls à pouvoir se loger. Genève se prive d’une classe d’âge par an de forces vives qui doit aller en France. Les petits enfants s’éloignent de leurs grands parents. Dans 20 ans la quasi totalité de la jeunesse Genevoise sera devenue française.
Enfin toutes ces conséquences de la crise du logement ont fait le lit du populisme du MCG. Il faudra que les partis du Grand Conseil soient trois fois plus ambitieux que Mark Muller s’ils veulent pouvoir récupérer quelques uns des 17 sièges du MCG lors des prochaines élections au Grand Conseil Genevois.
Le consensus sur le logement ne peut plus être que de façade. Si Genève ne construit par rapidement les 6000 logements par an nécessaires à sa propre population, les partis de Gouvernement n’auront pas seulement les jeunes abstentionnistes sur le dos et le MCG en face.. mais aussi les multinationales, les commerçants, les grands parents, les partenaires français du projet d’agglo et tous ceux qui se préoccupent de préserver la qualité de vie du Genevois franco suisse.
Agir pour le logement aurait pu être plus rapide si les jeunes allaient voter plus souvent et plus systématiquement.. ou si les politiques se préoccupaient de l’intérêt général de la population au lieu de se préoccuper seulement des électeurs… mais aujourd’hui la crise est telle qu’elle frappe toute la population. Mark Muller n’aura plus le choix ! Il va bientôt s’en rendre compte.
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