2500 logements : juste assez pour les traders ? (mercredi, 13 janvier 2010)
Pour information, vous trouverez-ci dessous le texte de la tribune libre publiée par la Tribune de Genève hier.
Ce titre résume l’objectif du discours de Saint Pierre de ne construire que 2500 logements par an et de continuer à faire venir des expatriés à Genève.
Les taxes dérogatoires accordées aux multinationales font venir plusieurs milliers de cadres par an. Depuis 2005, ce sont 27 habitants de plus à loger chaque jour. Faute de logements à Genève, 18 de ces nouveaux habitants ont dû se loger dans le Genevois français et le district de Nyon, loin des bus. Ils augmentent le trafic d’une dizaine de voitures chaque jour.
Le bon sens voudrait que ces nouveaux habitants s’installent en ville, route de Chêne ou à la Jonction pour utiliser les bus et trams existants. Dans le Genevois, la croissance de la population a été au contraire « périphérisée ». Le canton impose au Genevois français et à Nyon d’assumer une croissance de leurs habitants deux fois été demi supérieure à celle que Genève assume. Le résultat est là : nous sommes tous paralysés dans des embouteillages qui détruisent ce qu’il reste de notre qualité de vie.
Le modèle économique de Genève est scandaleusement simple : Le canton vend la qualité de vie du Genevois et ne fait pas les investissements qui permettraient de la préserver. Le canton touche les impôts de ces nouveaux habitants et laisse à Nyon et au Genevois français la charge de la construction des logements, des écoles et des crèches. Le CEVA est un rare contre-exemple payé en totalité par la Confédération et quelques semaines d’impôts frontaliers. Il sera saturé le jour de son inauguration si, faute de logements, le canton continue d’expulser 18 jeunes ménages chaque jour.
Le problème du logement ne concerne plus seulement les mal-logés, jeunes, étudiants et ménages modestes – dont certains partis se désintéresseront tant qu’ils voteront aussi peu. La crise du logement concerne maintenant tous ceux qui ne peuvent plus circuler ; les commerçants dont les clients sont paupérisés ; les communes genevoises traversées par un trafic incessant ; les entreprises qui doivent répercuter partiellement ces coûts du logement sur les salaires ; le canton qui se vide de sa jeunesse et de son avenir ; même des multinationales sont consternées par la légèreté des réponses genevoises sur l’insuffisance de logements et les problèmes de circulation.
Alors combien de logements faut-il ? Avec sa politique économique, Genève génère une croissance de +1,2% à +1,6% de la population. Pour réduire les conséquences néfastes sur la mobilité, Genève doit construire +1,5% à +2% de logements par an : soit 3000 à 4000 logements. Et rattraper le retard en construisant chaque année quelques uns des 20 000 logements qui manquent depuis 30 ans. Faut-il aussi ajouter les 500 logements par an qui se perdent à Genève lorsqu’on passe des objectifs politiques à la construction réelle ?
La résolution de la crise du logement suppose donc de construire 5000 à 6000 logements par an à Genève – le double de ce que souhaite le Conseil d’Etat. Cela suppose que Genève, plutôt que d’expulser ses jeunes, construise suffisamment de logements pour les expatriés qu’elle fait venir à coup d’exonérations fiscales. Cela suppose que les communes deviennent parties prenantes de ce défi plutôt que d’avoir une fierté déplacée à s’opposer aux constructions. Cela suppose que les opposants assument les conséquences financières de leurs oppositions abusives plutôt que de les faire subir aux mal-logés. Cela suppose une nouvelle et forte détermination de tous les Genevois.
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