Wikileaks : un surcroit de transparence pour faire émerger une éthique collective (vendredi, 05 novembre 2010)

Il y a plusieurs décennies lorsque les religions avaient une grande influence sociale, elles imposaient un cadre de règles morales. Le déclin de la religion a remplacé ce cadre moral par des règles éthiques mais qui sont personnelles, variables d’un individu à l’autre et au cours de la vie.

 

Le risque est grand de voir des individus perdre toute référence éthique à mesure que leurs contraintes personnelles ou les tentations s’accentuent.

 

Pour compenser en partie cela, la loi se fait plus précise, plus complexe, parfois même inapplicable.

 

La financiarisation de l’économie montre chaque jour un peu plus les effets pervers de cette perte de référence éthique :

1)      inflation incommensurable de la rémunération des dirigeants qui plus ou moins entre eux leurs rémunérations respectives au travers des conseils d’administration,

2)      titrisation de crédit douteux par des banques jusque la respectables qui a résulte dans la crise des sub-primes,

3)      ou encore pas plus tard que la semaine dernière, raid de Bernard Arnaud sur Hermès en violation des principes de la loi.

Il est loin le temps des banques familiales influencées par une morale protestante ou juive, garantie par la confiance de toute une communauté et qui préservait leur respectabilité pour les générations futures de la famille. La banque société anonyme n’a manifestement pas les mêmes normes éthiques : les produits recommandé sont toujours ceux qui offrent les meilleurs marges à la banque qui les distribue.

 

Cette crise de l’éthique ne touche pas que l’économie mais aussi la politique. Je ne citerai aucune affaire spécifique pour ne pas être trop partisan, mais enfin, confusion entre l’intérêt particulier et l’intérêt général, trafic d’influence, clientélisme, copinage, utilisation de moyens publics à des fins partisanes, les exemples abondent et nourrissent chaque semaine de pleines colonnes du Canard Enchainé et du Faucigny.

 

La loi ne pourra pas tout régler au risque de paralyser toute action. A l’opposé la perte des références éthiques conduit à une défiance générale envers toutes les institutions.

 

Il faut en revanche compenser la perte des repères éthiques par un accroissement d’autant plus important de la transparence. Seule une transparence totale pourra permettre l’émergence d’une éthique collective.

 

Transparence sur TOUS les documents politiques, tous les courriers, toutes les notes de frais, tous les patrimoines, toutes les sources de revenus des élus. Les documents qui ne sont pas ouverts au public doivent être l’exception sur des bases précises d’intérêt général ou de protection de la vie privée de citoyens.

 

Dans le privé, il doit y avoir une plus grande transparence sur les rémunérations. Pas seulement celles des dirigeants mais aussi sur toutes les rémunérations les plus importantes. La loi doit imposer qu’elles soient approuvées en assemblée générale. Il faut une plus grande indépendance des administrateurs aussi bien que des cabinets d’audit. Ceux-ci ne doivent pas se limiter à l’audit des comptes, mais aussi l’audit du respect de principes éthiques afin d’évaluer la viabilité a long terme de l’entreprise.

 

Il y a quelques années des professeurs avaient fait un test dans une salle des profs. Chacun devait payer sa part à chaque fois qu’il se servait un café à la machine commune. La contribution était deux fois plus élevée lorsqu’il y avait un dessin d’un œil fixé au dessus de la machine plutôt qu’un dessin d’une fleur. Les règles éthiques des individus sont beaucoup plus strictes lorsque ceux-ci se sentent ou se savent observés.

 

Cette transparence généralisée émergera quoiqu’il arrive. Les technologies de l’information la rendent possible. Elle se fera soit de manière anarchique et dangereuse à la maniere de Wikileaks ou de manière organisée et cohérente si elle est anticipée.

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