Genève et le Genevois français apprennent à cohabiter ensemble (mercredi, 19 janvier 2011)

Genève et le Genevois français sont un peu dans la situation de deux voisins qui se disaient aimablement bonjour sur le pallier de la porte en se croisant le matin… et qui ont décidé par la force des choses de faire de la collocation. Ils doivent apprendre à vivre ensemble. Ils doivent apprendre leurs rythmes de vie respectifs, leurs petites habitudes quotidiennes, se repartir les tâches ménagères et le financement du budget. Ils doivent apprendre à savoir se dire les choses en face et sans détour.

 

La méconnaissance réciproque et l’absence de dialogue franc nuit considérablement a l’émergence d’une conscience régionale. Depuis des décennies, il est d’usage dans le Genevois franco-suisse de ne se contenter que de politesses aimables et souvent hypocrites à l’image du CRFG, du Conseil du Léman ou des Assises transfrontalières. On y aborde rarement les difficultés que créé la frontière pour les habitants qui habitent de part et d’autre. De peur de se heurter, de peur de devoir à son tour rendre des comptes sur notre avenir commun.

 

Il y a plusieurs conditions à l’émergence d’une conscience régionale :

1)      Une connaissance mutuelle à la fois des institutions, des modes de décisions mais aussi des personnes : Nous n’y sommes pas encore. Les individus se connaissent peu... dommage qu’ils aient encore besoin d’aller ensemble au MIPIM à Nice pour faire connaissance. Les responsables Genevois connaissent mal le fonctionnement du millefeuille administratif français, des pouvoirs et des moyens des communes, communautés de communes, départements, région et état… on ne saurait leur en vouloir et pourtant il faudra qu’ils apprennent. A l’opposé, les procédures administratives et électorales genevoises sont largement inconnues de nombreux élus français. On est surpris de voir qu’une même décision d’urbanisation peut faire l’objet de multiples recours à chaque étape du processus. Il faudra aussi apprendre.

 

2)      Une connaissance des enjeux politiques : Si les Genevois comprenaient mieux que les déséquilibres de notre agglomération seront l’un des enjeux politiques majeur dans le Genevois ces prochaines années.. ils comprendraient aussi que leurs interlocuteurs ne pourront tout simplement pas céder sur la question du logement. A l’opposé, lorsque les élus français comprendront les enjeux politiques genevois (mobilité, logement, sécurité, éducation..), il leur sera plus facile d’influencer les déséquilibres existants en intervenant directement dans le débat public genevois auprès des électeurs souverains.

 

3)      Une franchise et une honnêteté : Nous devons aborder des sujets qui fâchent. Nous devons être capables d’avoir des conversations d’adultes de part et d’autre de la frontière… et ne pas nous contenter seulement de manger des petits fours ensemble pendant que la population souffre de la crise du logement, des embouteillages qui s’aggravent ou de l’augmentation du cout de la vie. Ce sera la grande nouveauté de ces prochaines années car les sujets d’engueulades réciproques ne manquent pas après 30 années de politesse hypocrite : emplois, logement, transports, fiscalité !

15:09 | Commentaires (2) | |  Facebook | |  Imprimer | |