Le tabou de la droite française : Nicolas Sarkozy est politiquement inéligible ! (vendredi, 06 janvier 2012)

L'affaire de la nomination de Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD de la Défense avait illustré à quel point la cour UMP était incapable d'allerter sur l'absurdité d'une telle décision. Le tabou actuel de l'inéligibilité de Nicolas Sarkozy est tout aussi incroyable : chaque semaine plus de 300 députés UMP dans leurs circonscriptions respectivent rencontre des Français qui ont pourtant voté pour Nicolas Sarkozy en 2007 et qui témoigne de leur profond rejet. Pour ma part, cela donnait il y a encore quelques mois "je ne voterai plus jamais pour Sarkozy, je préfère m'abstenir"... cela a évolué en "cette fois ci, je voterai pour n'importe qui d'autre". Evidemment je ne vous demande pas de me croire sur parole, mais vous engage à le vérifier par vous même par la multiplicité des enquêtes : aucun président de la République n'a été aussi impopulaire aussi tôt dans son mandat et aussi longtemps. Mais il ne s'agit pourtant même pas de cela : il s'agit plutôt des 300 réformes annoncées et des deux menées à bien en 5 ans (la demi-réforme des retraites, la demi-réforme des universités et la réforme territoriale). Il s'agit de la crise de la dette provoquée par les décisions de l'UMP en 2007 avant même la crise de 2008. Il s'agit du clientélisme des baisses d'impôts et des inégalités. Il s'agit de la séparation des pouvoirs à la base même des institutions républicaines : intervention sur le pouvoir judiciaire, mise à pied du pouvoir législatif, nomination à la tête des médias..etc..etc.. Il s'agit de la division des Français les uns contre les autres. Il s'agit de l'élimination des opposants. Du train de vie de l'Etat. Il s'agit de la communication érigée en seule mode de fonctionnement politique. Il s'agit des centaines de lois votées suite au moindre fait divers et sans influence sur la vie des gens. Il s'agit du "ne plus pouvoir travailler et gagner moins". Il s'agit des renoncements. Il s'agit de la haine des minorités érigées en dogme national. Il s'agit de la crise de l'Europe alors qu'on annonce un traité qui ne fera que redire les règles énoncées par le traité de Maastricht...et dont le rejet fut l'une des premières décisions du président élu en 2007.

Nicolas Sarkozy est inéligible. L'UMP se raccroche au miracle d'un génie en campagne. Mais l'illusion de la magie ne fonctionne plus depuis plusieurs années. L'UMP se raccroche au fait que l'avance de François Hollande dans les sondages de premier tour se réduit. Elle néglige le fait que le score de Nicolas Sarkozy est lui même en baisse et que les intentions de vote (encore peu significatives) pour le second tour restent durablement à un rapport 60/40 contre Sarkozy (et pas vraiment pour Hollande d'ailleurs).

Longtemps j'ai pensé qu'une centaine de députés UMP, dont la réélection en juin est compromise par une candidature de Sarkozy, exigerait que Juppé soit le candidat de la droite. Ils en ont pourtant la lucidité, mais pas le courage.

Les députés n'en ont pas le courage parce qu'ils sont pris dans un système. Les électeurs UMP sont en revanche libres. Au fur et à mesure que la date se rapproche le dilemne sera fort : voter Sarkozy et avoir le vide de Hollande et les contradictions du PS à la Présidence de la République, ou voter Bayrou et reconstruire la France ?

Mais au fait, lorsque la candidature Sarkozy s'effondrera comme une bulle spéculative, il ne restera plus rien de la candidature du PS devenue sans objet.

Ce qui sclérose le plus la vie politique française c'est la discipline partisane : les parlementaires en perdent tout sens critique. Seul le centre a dans ses statuts l'interdiction de la discipline de vote. En ligne avec l'esprit de la constitution française qui rend nul le mandat impératif, les statuts du parti auquel j'appartiens rappel que les élus sont toujours libre de leur vote... et libres de leur parole.

La vie politique doit dépasser le stérile face à face d'une moitié de la France contre l'autre. Le débat public doit s'enrichir des contributions diverses et variées de tous les courants de pensée : l'extrême gauche et l'extrême droite comme aiguillon et alerteurs, la gauche anticapitaliste, la droite nationale aussi. Mais surtout les contributions de tous les courants de pensée destinés à participer à la future majorité centrale : la sociale démocratie, le centre humaniste, européen, libéral et social, la droite modérée, les radicaux de droit et de gauche. Les majorités se formeront pour remettre la France debout.

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