12 millions de francs suisses pour l'aménagement sans portage politique (vendredi, 10 février 2012)

Ce matin avait lieu un comité de pilotage du projet d'agglomération. Le quatrième auquel j'assistais depuis les élections cantonales de mars dernier. Toujours pas d'ordre du jour sur le logement.. et pourtant pour plus de la moitié des Genevois la question du logement est le problème numéro 1 de l'agglomération (selon la Tribune de Genève). Lors du dernier comité de pilotage j'avais demandé qu'une séance soit consacrée au sujet. Mon intervention ne figure pas au compte rendu. Je le fais observer et renouvelle ma demande avec insistance. Au comité de pilotage, on parle plus volontiers des processus et des sujets consensuels que des problèmes à résoudre. Il serait certes moins agréable, et moins facile, mais tellement plus utile de tenter de trouver des solutions aux problèmes des habitants.

On me répond qu'il va être difficile de consacrer une séance à la question du logement vu le travail qu'il reste à faire pour boucler le projet d'agglomération n°2. Manifestement nos interlocuteurs genevois n'ont pas pris la mesure du problème : l'existence même d'un second projet d'agglomération suppose un accord préalable sur la question du logement. Nous ne pouvons plus nous contenter comme par le passé d'engagements ou de planification urbaine à long terme. Nous devons avoir des engagements datés, chiffrés, des feuilles de routes... et des sanctions prévues lorsque les objectifs ne sont pas remplis. Le projet d'agglomération n°1 prévoyait des pénalités pour la non réalisation d'un corridor biologique sur l'autoroute à 6 millions d'euros... mais a oublié de prévoir des pénalités pour la non réalisation de 20 000 logements pour les familles !?! Une telle erreur ne peut pas se renouveller. Le projet d'agglomération n°2 doit être au service des habitants : il doit offrir des solutions de logements à proximité des lieux d'emplois et des réseaux de transports de part et d'autre de la frontière.

Personne ne nie la bonne volonté de nos interlocuteurs genevois... on doute simplement de leur capacité politique à tenir leurs engagements. Les positions totalement irresponsables des communes genevoises refusant chacune les logements dans leurs limites communales contribuent à renforcer ces doutes.

On nous répond que le plan directeur cantonal est une réponse à nos préoccupations. Une réponse très partielle, de l'avis de tous les partenaires français puisque l'accélération de la croissance démographique rend déjà le Plan Directeur Cantonal insuffisant : il faudrait maintenant 3500 logements par an dans le canton et pas 2500 comme prévus. Il faudrait aussi rattraper le retard accumulé.

On nous répond que le Grand Conseil a voté un crédit de 12 millions d'euros pour les Grands Projets d'aménagement... mais nous connaissons tous la capacité du système politique genevois à mettre à la poubelle les études qui résultent de tels crédits, faute de portage politique. Or à ce jour, une majorité du Grand conseil a voté ces crédits, mais rare sont les partis qui assument politiquement. Ces investissements sont encourageants... l'absence de portage politique de cette décision est au contraire très inquiétante. Genève va t'elle faire travailler des centaines d'urbanistes pendant 10 ans à un coût annuel de 12 millions de Francs par an ?... pour voir ensuite les projets urbains tomber à l'eau faute de portage politique.

Nous ne serons confiant que le jour où les partis politiques et les responsables genevois assumeront politiquement leur position et expliquerons :

  1. aux électeurs libéraux, qu'une croissance économique doit s'accompagner d'une croissance urbaine pour être pérenne,
  2. aux électeurs socialistes, qu'on mettra un terme à la spéculation immobilière par une augmentation drastique de l'offre de logements,
  3. aux électeurs écologistes, qu'une agglomération respectueuse de l'environnement est une agglomération suffisament compacte pour que les habitants consomment moins d'espaces naturels et puisse se déplacer en transports en commun.
  4. aux électeurs humanistes, que pour qu'il y ait des familles, il faut d'abord qu'il y ait des logements pour les familles.
  5. aux électeurs nationalistes, qu'il est impératif de construire de logements si l'on veut que les citoyens de Genève puisse y résider.

Rien de tout cela à ce jour. Nous avons encore deux ou trois mois tout au plus pour reconstruire la confiance sur les objectifs de logements avant de décider de signer ou non le prochain projet d'agglomération.

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