Le pont sur l'Aire sera déconstruit (samedi, 11 juillet 2015)

Voilà maintenant 9 ans que la commune de Saint-Julien-en-Genevois travaille à la réouverture d'une seconde entrée de ville. Un accès qui a été fermé dans les années 90 afin de supprimer les passages à niveau les plus dangereux. Voilà donc près de 10 ans que le diagnostic est posé : la croissance démographique impose d'améliorer les entrées et les sorties de la ville dans sa partie ouest pour accéder à l'hôpital, à la mairie, aux supermarchés ou aux établissements scolaires. Ces destinations représentant ensemble 70% des destinations des personnes qui se rendent à Saint Julien et qui aujourd'hui doivent passer par l'entrée sud saturée. Par ailleurs, le développement du quartier de Chabloux conduit à accroitre l'importance des quartiers ouest de la ville qui représentent aujourd'hui plus de 40% des habitants qui ont besoin de pouvoir plus facilement entrer et sortir de la ville.

L'accès ouest a pour objet d'améliorer les accès à Saint Julien tant pour ses usagers que pour ses habitants.

Depuis 9 ans, 9 tracés ont été étudiés. 8 ont dû être exclus : trop éloignés des quartiers ouest, certains obligeaient à de trop grands détours, d'autres ont du être exclus pour des raisons environnementales en raison de leur proximité à l'Aire, d'autres ont du être exclus pour des raisons topographiques. C'est un grand hommage à l'architecte Manera qu'après des années d'études avec nos moyens modernes, le tracé de l'époque soit confirmé comme le meilleur tracé.

Lorsque le tracé a été identifié, nous avons poursuivi les études pour identifier s'il était possible d'ouvrir la nouvelle voie juste à côté du pont actuel. Cependant, le pont étant au niveau de la voie ferrée et la nouvelle voie devant être 7 mètres plus bas, la réalisation de la voie à côté du pont aurait conduit à la juxtaposition d'une voie et d'un pont 7 mètre plus haut. Certains ont suggéré que ce pont puisse être utilisé pour les mobilités douces : peu de cyclistes aurait eu le courage d'escalader 7 mètre de dénivelés sur quelques mètres de longueur pour se trouver nez à nez avec une voie de chemin de fer nécessairement infranchissable. Une voie de mobilité douce en impasse et inaccessible ce n'est pas une proposition sérieuse. Par ailleurs, cette proposition aurait conduit à ce que le pont sous la voie ferrée soit inséré en biais de cette même voie ce qui aurait nécessité pour le glisser, un créneau de coupure du trafic ferroviaire plus important que ce qui est possible en raison du trafic quotidien des eaux d'Evian vers le monde entier. Enfin, réaliser la voie à côté du pont aurait conduit à ce que le dénivelé en entrée de ville soit supérieur à ce qui est admissible pour des raisons de sécurité.

Nous avons consulté les services archéologiques du département de la Haute-Savoie. Ils ont souligné que l'architecture de ce pont ressemblait à tous les autres ponts réalisés à cette époque. Elle n'a rien de particulier. C'est le travail d'art qui est surtout remarquable. Appeler ce pont "Pont Manera" c'est faire beaucoup d'honneur à l'architecte et pas assez aux artisans et ouvriers qui en ont été les véritables artistes. Le pont est d'ailleurs cachés depuis plusieurs décennies par des parapets ajoutés pour élargir la voie. La véritable valeur du pont réside surtout dans sa fonction. Il avait été réalisé à l'époque pour bénéficier à l'essor de Carouge, cité sardes concurrente de Genève. C'est cette fonction d'ouverture qui est consacrée aujourd'hui par l'accès ouest au bénéfice de Saint Julien, nouvelle cité frontalière du canton de Genève.

En concertation avec les services archéologiques du département, la commune a procédé au nettoyage du pont qui a rendu possible les nombreuses visites organisées ces derniers mois. La commune a commandité une radiographie en trois dimensions qui permet de mieux comprendre comment le pont a été réalisé. Ces documents ont d'ors et déjà permis l'archivage historique du pont à la grande satisfaction des professionnels et des experts. Par ailleurs, le conseil municipal a décidé que le pont ne serait pas détruit mais soigneusement déconstruit afin que ses pierres puissent être réutilisés pour les nouveaux ponts sur l'Aire et sous la voie ferrée. Enfin, le projet propose de reconstituer une arche de mémoire et de valoriser l'histoire du pont sur l'Aire dans les écoles de la commune.

Le projet a fait l'objet d'une concertation conduit par la précédente municipalité, de réunions publiques et d'une enquête publique. Le commissaire enquêteur a donné ses conclusions : Avis favorable avec des réserves uniquement sur les mesures de mobilité en particulier la réalisation de l'allée de la feuillée. S'agissant du pont, il partage l'avis de la commune et souligne que l'intérêt public est prépondérant. Il acte qu'il n'y a pas d'alternative à la déconstruction du pont.

Ce mercredi, le conseil municipal a pris acte de l'avis du commissaire enquêteur et confirmé à l'unanimité l'engagement de la commune dans la réalisation de ce projet.

Nous aurions aimé avoir ces échanges avec les associations qui se préoccupent de patrimoine, mais malheureusement, la discussion ne conduit à pas grand chose lorsqu'il n'y a pas de réponses aux arguments avancés, mais une simple répétition de revendications. Nous espérons pouvoir avoir à l'avenir un dialogue constructif avec ces mêmes associations.

Nous partageons la préoccupation de préserver le patrimoine de notre commune. Cette politique patrimoniale pourra voir le jour plus précisément au travers du nouveau plan local d'urbanisme qui favorisera la préservation du patrimoine bâti à partir du premier semestre 2017. L'état des finances communales ne nous permettra pas de consacrer beaucoup de moyens à la préservation du patrimoine au delà des 300 000 euros consacrés à la réalisation de l'arche de mémoire du pont Manera. Par ailleurs, notre volonté de vendre le patrimoine bâti communal doit nous aider à cesser de laisser de vieux bâtiments mourir tous seuls. C'est ainsi que le conseil municipal a décidé de vendre la boulangerie Lavorel et que nous attendons le dépôt d'un permis de construire permettant sa rénovation. Enfin, avec l'aide de nos architectes conseils et la fermeté de notre adjoint à l'urbanisme dans les limites fixé par le PLU actuel, nous veillons à ce que les futurs constructions soient de meilleure qualité architecturale afin que les constructions d'aujourd'hui participent au patrimoine de demain.

08:53 | Commentaires (2) | |  Facebook | |  Imprimer | |