Le tsunami des 2000 élèves genevois à accueillir (mercredi, 20 novembre 2019)

La semaine dernière a eu lieu une réunion du Comité Régional Franco Genevois (CRFG) au cours duquel a été abordé la question de la scolarisation des élèves genevois dans les écoles françaises suite au refus du canton d'accueillir les enfants de ses propres contribuables et citoyens dans ses écoles. Curieusement, jusqu'à ce jour c'est dans cette instance coprésidée par l'Etat français et le Canton de Genève qu'est discuté cette question plutôt qu'à l'Assemblée du Grand Genève qui est coprésidée par les Cantons de Vaud, de Genève et par le Pôle Métropolitain du Genevois français.

Lors de cette réunion, l'Education nationale a affirmé que le nombre d'élèves avait augmenté dans des proportions habituelles dans les départements de l'Ain et de la Haute-Savoie. Effectivement, diluer l'impact du report d'élèves frontalier sur l'ensemble des deux départements, c'est un peu comme partir à la chasse en regardant dans des jumelles à l'envers. L'Education nationale a également fait un focus sur la situation à St Julien soulignant qu'après avoir dénombré 44 élèves supplémentaires à la rentrée 2017, puis 40 élèves supplémentaires à la rentrée 2018, St Julien avait constaté 50 élèves supplémentaires à la rentrée 2019. L'éducation nationale estimant cette hausse marginale et inférieure aux 63 élèves qui étaient attendus. L'éducation nationale ignore l'impact que peuvent avoir 10 élèves supplémentaires dans une commune lorsqu'on doit déjà en accueillir 40 supplémentaires chaque année. C'est pourtant le point de bascule. Le point à partir duquel on doit ouvrir une classe supplémentaire pour un coût moyen estimé de manière très conservatrice à 600'000 euros par classe. 600'000 euros qui ne pourront pas être investis dans des équipements sportifs, culturels ou de mobilité.

Mais surtout, pendant que l'éducation nationale met 2 ans à calculer les effets à court terme, les effets à long terme sont eux incontestables et incontestés : à ce jour, environ 2000 élèves bénéficient d'une dérogation et dans 10 ans, ces 2000 élèves supplémentaires seront à la charge des autorités françaises.. et dont la croissance des effectifs est de +6% par an. Une centaine de classes supplémentaires à construire pour un coût de 60 millions d'euros pour les collectivités. Des coûts publics que l'on peut estimer à environ 25 millions d'euros par an (classes, enseignants, ATSME, nettoyage, chauffage et périscolaire). Pendant que l'Education Nationale observe à la loupe le niveau de la mer sur la plage, elle ne regarde pas le tsunami de charges publiques qui arrive à l'horizon et que pourtant personne ne conteste.

Le Pôle Métropolitain du Genevois français, représenté par Jean Denais, Maire de Thonon a souligné que si la mesure représentait une économie de 3,5 millions de francs côté genevois, c'était nécessairement un report de charges publiques sur la France. Et encore les 3,5 millions de francs sont sur la première année.. au cours de laquelle nous observerons qu'un dixième des effets de la mesure, soit environ 35 millions de francs d'économies annuelles pour Genève dans 10 ans !

Le département de la Haute-Savoie, représenté par Christian Monteil a appuyé la remarque et souligné son inquiétude au titre des collèges dont les départements ont la responsabilité.

Et pourtant, le CRFG a publié un communiqué estimant qu'il n'y avait pas de problèmes dans les communes alors même que les représentants des communes avaient dit l'exact contraire.

J'ai demandé à ce que le sujet soit abordé lors de la séance de l'Assemblée du CRFG ce jeudi. Une demande déjà faite à de multiples reprises auprès du Président du Conseil d'Etat genevois qui préside le Grand Genève, mais qui avait été refusée jusqu'à ce jour. Pour la première fois depuis 2 ans, nous allons ENFIN pouvoir en parler dans une instance de coopération transfrontalière plutôt que par média et avocats interposés.

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