Le profond désarroi des seconds tours (lundi, 11 avril 2022)
J'ai 50 ans. C'est ma 6ème élection présidentielle. Et ce ne sera que la seconde fois que je pourrai voter pour le même candidat au second tour. C'est pour moi rassurant. J'ai crains ces derniers jours que le second tour nous conduise à une forme de guerre civile entre l'extrême droite et l'extrême gauche.
Pour autant, je me souviens de ce que j'ai ressenti ces 4 autres fois où j'ai du voter contre mon gré pour un candidat que je n'avais pas choisi, simplement parce que c'était le moins pire. Et je pense aux 49% de Français qui devront voter pour un ou une candidate qu'ils ne souhaitent pas. Je me souviens de l'arrogance de ceux pour lesquels j'avais été contraint de voter qui agissaient comme si mon vote était un vote d'adhésion. Je me souviens que les convictions qui étaient les miennes étaient largement exclues du débat public pendant les 5 années qui suivaient et qui au final en furent 20 ! Je me souviens que la droite et la gauche de l'époque qui rassemblaient moins de la moitié des suffrages ensemble, se comportaient comme si elles représentaient toute la France. Je me souviens que les convictions qui étaient les miennes et celles de nombreux Français étaient pratiquement totalement exclues de la représentation nationale. Je me souviens que le PS de Mitterrand pensais avoir une majorité populaire et passais sous silence que la victoire de la gauche en 81 devait beaucoup à la haine de Chirac contre Giscard. Je me souviens de Chirac utilise mon vote contraint pour imposer son parti unique en 2002. Je me souviens de ces années, ces décennies pendant lesquelles PS et UMP, ne rassemblant qu'un quart des Français chacun, se contentaient d'attendre les alternances plutôt que d'élaborer des propositions et des visions d'avenir. Je me souviens de la crainte des extrêmes oubliées le soir même des élections et des atavismes politiques qui reprenaient leur cours.
J'ai même vécu cela à de nombreuses élections locales, y compris l'an dernier aux élections régionales et cantonales.
C'est parce ce que je me souviens de tout cela, que je m'adresse aujourd'hui à tous ceux qui éprouvent cette même impression.
Je constate qu'Emmanuel Macron a part deux fois choisi un premier ministre qui ne l'avait pas soutenu, preuve de sa volonté de rassembler et de travailler avec ceux qui pensent différemment. Je constate qu'il propose d'élargir le vote à la proportionnelle qui permette de sortir de ce déni de démocratie qui consiste à priver de leur conscience la moitié des électeurs du second tour. Rares sont les pays démocratiques qui pratique ce type de scrutin. Je constate surtout qu'Emmanuel Macron est un républicain et que son élection garantit aux courants aujourd'hui minoritaires de pouvoir continuer à convaincre, ce que ne garantit pas l'autre candidate qui propose de modifier la constitution et de ne plus appliquer les arrêts de la convention européenne des droits de l'homme. Je constate qu'il propose de rénover un nombre record de logement, de mettre un coup d'accélérateur sur les énergies renouvelables et que la France devienne la première nation développée à atteindre la neutralité carbone alors que Marine Le Pen propose de démanteler les éoliennes. Je constate qu'il propose une revalorisation des retraites dès juillet alors que Marine Le Pen propose une lente sortie de l'Europe qui ouvrirait de nouvelles spirales inflationnistes.
Je comprends la difficulté des électeurs qui voient leur choix contraints, mais il me semble que tant que nos institutions et nos modes de scrutins sont ce qu'ils sont, nous devons faire avec.
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