Le projet de Jean-Marie Le Pen (dimanche, 17 décembre 2006)
Aujourd'hui j'ai décidé de faire une note un peu plus longue car il faut plus de 20 lignes pour parler d'un projet pour la France.
Jusqu'à présent la campagne s'est surtout faite par média interposés : les magazines People ou les prime-time des journaux télévisés. La Présidentielle occupe un peu les esprits, mais encore modérément. En avril prochain nous serons en plein débat national, et les élections animeront de nombreuses conversations. Ce n'est que dans la dernière semaine que les derniers 20% d'électeurs se décideront.. et décideront du Président que nous auront.
Je crois qu'il est souhaitable que cette décision soit fondée sur les projets plutôt que sur les stratégies de communication ou les polémiques médiatiques de la politique spectacle. A chacun d'entre nous de lire les projets et d'en parler.
J'ai lu en détail le projet du Front National... mais je devrai dire plutôt le projet de Jean-Marie Le Pen. C'est en effet le seul projet des partis politiques qui est rédigé comme un discours. C'est plus facile et plus agréable à lire qu'un projet construit à partir de nombreux débats, mais celà montre aussi à quel point le fonctionnement du Front National est dictatorial. C'est Le Pen qui détermine le projet du parti. Qu'est-ce que celà donnerait si un tel fonctionnement dictatorial était appliqué à la France ?
Les valeurs de haine et de peur de Le Pen ne sont pas les miennes, mais il y a tout de même des choses utiles à trouver dans ce programme. En premier lieu, le diagnostic est relativement juste : les déficits publics, le pouvoir d'achat, les coûts du logement. Rien de bien nouveau, tout le monde fait le même diagnostic. Je suis étonné que Le Pen ne parle pas plus du chômage. Pour moi c'est la cause de beaucoup de nos autres problèmes. Le Pen est très fort pour utiliser les émotions : "Fiers et heureux de se cotoyer fraternellement dans la même ville et d'entonner la Marseillaise, d'une même voix sur le même banc des stades, à une action d'éclat de Fontaine ou de Kopa." ... par contre il ne se rend pas compte que ses exemples sont juste.. mais un peu datés !
Dans ses propositions je retiens aussi la propotionnelle. Le FN souhaite une proportionnelle intégrale qui pourtant conduirait inévitablement à la paralysie car celà ne permettrait pas d'avoir une majorité. Moi je suis plutôt favorable à une part de proportionnelle comme en Allemagne. Je pense qu'il est beaucoup plus souhaitable que le FN puisse s'exprimer à l'Assemblée nationale plutôt que de participer à une élection présidentielle pour de simples objectifs de communication.
Je retiens aussi la volonté de faciliter la vie des entrepreneurs qui créent des emplois.
Enfin, sur l'immigration Le Pen souhaite le co-développement. Sur ce point je suis d'accord, nous devons plus mais surtout mieux aider au développement des pays pauvres. Mais ne nous faisons pas d'illusions, nous ne réduirons pas les inégalites mondiales du jour au lendemain et tant qu'il y aura de telles disparités de revenu les hommes tenteront au péril de leur vie de franchir les frontières.
Par contre pour le reste, Le Pen prend vraiment les électeurs pour des imbéciles : En introduction il critique les déficits, il critique la rigueur.. et dans les propositions il ne propose que des réductions d'impôts (suppression de l'imposition du travail, baisse de l'impot sur les sociétés, baisse de l'impot sur la cession des entreprises, baisse de l'impot sur la fortune) et des augmentations de dépenses (augmentation très significative des dépenses de défense, doublement du nombre de magistrats, instauration d'un salaire parental) qui corresponde à une explosion des déficits. Qui devra en payer la facture ? Les plus jeunes une fois encore. Dans ces propositions Le Pen construit ce qu'il critique dans son constat.
Sur l'immigration Le Pen critique l'absence de volonté d'intégration et la politique du regroupement familiale. J'en déduis quil souhaite organiser une intégration seulement de célibataires ? Il prend vraiment les gens pour des cons.
Il critique le supposé mépris des élus pour les petits patrons, pour les commerçants, pour les paysans et ouvriers, pour les fonctionnaires, pour les femmes, pour les jeunes et pour les vieux. Bref, selon lui les élus mépriseraient tout le monde. Moi le constat que je fais c'est que dans la circonscription les élus du Front National ne sont présents que pour être candidats : ils ne participent à aucune réunion du Conseil Municipal d'Annemasse et n'ecrivent pas leur point de vue dans le journal municipal. Le mépris il est là : demander les suffrages des électeurs et ne pas assumer les engagements de son mandat.
Par contre il y a un paragraphe qui m'a franchement fait rire : "Nous peuple de France, qui de Bouvine à Verdun, des terrils du Nord aux plaines de Champagne, avons siècle après siècle, façonné de nos têtes et de nos mains, ce pays de liberté, d'égalité et de fraternité qu'ils s'acharnent à détruire". Il faut avoir du culot pour raconter des choses pareils lorsqu'on est l'héritier d'une famille de pensé qui s'est plutôt illustré de Montoire à Vichy !
Là où je ne rigole plus du tout c'est sur l'Europe : Le Pen propose de sortir de l'Europe. Le Pen est près à renoncer à la liberté de circulation des Français, Le Pen veut renoncer aux normes communes qui permettent à nos entrepreneurs de vendre dans tous les pays de l'Union, il est près à renoncer à la collaboration de Schengen qui nous permet de coordonner nos polices et notre sécurité, il est près à renoncer à l'Euro et à retourner à notre monnaie nationale qui était dévaluée si souvent à notre grande honte. Il affirme qu'il souhaite une Europe de la coopération, et dit sans rire : "que ce sont ces proposition de bon sens que je ferais à nos partenaires européens et qui j'en suis sûr trouvera leur assntiment". M. Le Pen, êtes vous donc si aveugle et sourd pour croire un instant que vous pourrez bénéficier du soutien de toute l'Europe sur vos propositions stupides ?
Le Pen dénonce le libéralisme et le "MEDEF" tout au long de son discours... et écrit tout un paragraphe intitulé "Liberer les forces productives". Il faut vraiment prendre les gens pour des imbéciles !
Il dénonce en introduction l'abandon de la laïcité et en proposition défend plus de liberté de pensée, de conscience et de religion ! Tout le monde est d'accord avec les principes de laïcité et de liberté de religion, mais le débat c'est précisément de savoir où commence la laïcité et où commence la liberté de religion.
Sur l'écologie on trouve encore de grands principes pas très concrets : il est pour les espaces naturels et pour les animaux mais concrètement pas grand chose. Des investissements dans la recherche sur les énergies de substitution (même l'UMP pourtant pas exemplaire dans ce domaine pourrait en dire autant), et une libéralisation de la recherche dans ce domaine (sic). Voila qui est beaucoup moins précis que les propositions sur les différentes tranches d'imposition pour le revenu et les sociétés !!!
Enfin Le Pen dénonce la discrimination positive et défend l'idée de préférence nationale pour l'attibution des emplois en particulier. Je croyais pourtant qu'il souhaitait "libérer les forces productives". Encore une contradiction. Il dénonce avec justesse le fait qu'on ne recoit pas la même instruction à Bobigny qu'à la Trinité sur Mer et souhaite qu'on corrige celà. Il a raison. Mais tout celà est bien contradictoire avec les autres documents que j'ai pu lire du FN. Je suis tombé sur une lettre du FN de Savoie. Ca vaut la peine de lire cette feuille de choux, raciste et xénophobe pour comprendre la réalité de ce parti indépemmant de l'opération de polissage qu'ils entreprennent en ce moment.
Enfin, dernière remarque, sur les élections de 1988, 1995 et 2002, le score de Le Pen a toujours été le même, il a oscillé entre 11,7% et 12% des inscrits. Aucune augmentation. La seule chose qui a changé entre temps c'est le taux de participation : on est passé de 18% d'abstention à 28% d'abstention. Il y a en France 11% des inscrits qui ont peur des autres et qui ont peur du changement. Nous devons les respecter. Les aider à assumer ces peurs. Mais surtout ne pas contribuer par l'abstention à les laisser décider du destin de la France.
La réalité du Front National lorsqu'elle n'est pas policée pour les médias :
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Commentaires
Tu as bien raison d'en parler Antoine,
Selon un document interne, le FN comptabilisait, en janvier 1997, 38 498 adhérents.
Deux ans plus tard, leur nombre était estimé à 43 000, lors de la scission mégrettiste. Le parti ne s’est jamais remis de l’hémorragie qui s’en est suivie, reconnaissent des responsables frontistes.
Le FN reste, en 2006, une formation sans véritables troupes. À l’automne, rapporte un reportage du Journal du dimanche (16 avril), le FN comptait à peine une cinquantaine de militants actifs dans l’Aisne. Il a depuis doublé ses effectifs, qui restent faibles dans un département de 370 000 électeurs, où Le Pen était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle avec plus de 21 %.
Il faut cependant, souligner une chose. Mr. Le Pen affirme souvent être exclus du dialogue politique et par conséquent que la démocratie n’est pas appliquée dans son état, alors pourquoi n’applique t’il pas, dans son parti, le principe de démocratie et d’écoute de ses partisans ?
On reconnait le dictateur.
Laissez parler le Pen... parlez en....Les Français se rendrons compte.. ils ne sont pas fous..
Écrit par : Le Goff Cédric | lundi, 18 décembre 2006
Le Pen n' a pas modéré son discours, les grandes lignes dans les rassemblements conduits pas Marine Le Pen sont toujours : sortir la France de l'UE et le retour au Franc.
La politique de Le Pen s'adresse toujours aux chrétiens intégristes, aux nostalgiques du Frans et aux déçus de l'Europe.
Le Pen s'exclut lui même des débats, c'est la tactique qu'il a choisi : se poser en victime tout comme son électorat et cela marche puisque beaucoup de Français se retrouvent en lui.
Le Pen reste un danger pour la démocratie !
Bien cordialement
Michel H. A. Patin
http://expatries.canalblog.com
Écrit par : MHAP | lundi, 01 janvier 2007