Deux ou trois choses que je ne vous avais pas encore dites (vendredi, 20 avril 2007)

Voilà maintenant 4 mois que nous travaillons sur le terrain à écouter humblement et à convaincre avec détermination. Mais le temps est venu de clôturer la campagne et laisser place à la tranquille réflexion des citoyens souverains. Le temps est venu du dernier argument.

Je pense que ce serait manquer de respect à votre égard, cher lecteur, que de faire un copier-coller du dernier argumentaire reçu du parti comme le font tant de militants. Je crois au contraire que l'intelligence collective c'est quand chacun écoute avec assez d'ouverture et d'esprit critique pour faire le tri dans les argumentaires tout fait, mais surtout pour y ajouter son expérience et sa sensibilité personnelle.

Je crois que ce serait aussi manquer de respect à votre égard que de sombrer dans les caricatures partisanes.

Commençons par Le Pen. Le Pen a toujours dressé un constat alarmiste sur la société française. Les aléas de la vie ont fait que forcément un jour où l'autre le constat dramatique qu'il fait de la société finirait par devenir réel. Je crois que ce jour est venu. Le diagnostic qu'il fait sur les déficits publics, sur une classe politique usée, sur les méthodes de la République est bien réel. Mais Jean Marie Le Pen n'est pas crédible. D'une part parce qu'il disait la même chose lorsque ce n'était pas encore vrai et d'autre part parce que son programme est un illusoire collier de propositions complètement incohérentes : du genre supprimer l'impôt sur le revenu mais à l'opposé instaurer des allocations gardes d'enfants, doubler le budget de la justice et de la police tout en réduisant les déficits. Jean Marie Le Pen se moque de ses électeurs... mais comme ceux-ci ne lisent pas son programme pour l'instant cela lui a plutôt réussi. Je ne parle ici même pas des élus du FN qui brillent par leur absentéisme dans les conseils municipaux.

Poursuivons par Nicolas Sarkozy. Je ne crois pas à la caricature du facho qu'on nous en donne. Nicolas Sarkozy est aussi l'homme de la suppression de la double peine, c'est lui qui a instauré, mal mais il l'a fait, le Conseil Français du Culte Musulman. Non je ne pense pas que Sarkozy soit un facho mais simplement un opportuniste sans conviction qui est prêt à toutes les dérives tant qu'elles servent ses ambitions. J'ai longtemps admiré sa volonté d'agir et sa capacité à mettre un coup de pied dans la fourmilière. Notre pays en a tant besoin. Mais j'ai observé que ce qui ressemblait à une volonté d'action était surtout médiatique : rien n'est fait sans photographes ou journalistes. Contrairement aux méthodes de Sarkozy ou de quelques élus de notre département, l'action politique consiste uniquement à améliorer la vie des gens pas à être dans le champ de vision des caméras et photographes. Or les résultats de Sarkozy ne sont pas au RDV en matière d'insécurité. Quant au coup de pied dans la fourmilière il est devenu petit à petit une capacité à mettre le feu à la maison commune France. Ce n'est pas dans ces conditions que notre pays avancera. Quant au programme ce n'est même pas la peine d'en parler car il n'est pas crédible car infinançable et irréalisable. Je suis REVOLTE par l'immoralité des élus qui défendent sans vergogne d'augmenter de 2000 euros supplémentaires par famille la monstrueuse dette publique que nous léguons. Notre génération est déjà condamnée à l'esclavage du chômage de masse, de retraites non financées et des dettes publiques massives. Nous n'avons certainement pas besoin d'en rajouter avec des programmes démagogiques pour servir des intérêts électoraux partisans. Je crois qu'au fond Sarkozy n'est qu'une version actualisée des dérives du chiraquisme : la même énergie à la conquête du pouvoir, la même république des clans, les mêmes sombres histoires financières et judiciaires qui conduisent l'ensemble de la société à la dérive, les mêmes méthodes politiques qui ne tolèrent pas la diversité des opinions.

Finissons par Ségolène Royal. Je crois que Ségolène Royal a beaucoup apporté au débat avec la démocratie participative. Je me suis moi même beaucoup inspiré de ces méthodes dans mon engagement politique. Je pense qu'elle ne va pas au bout de sa logique : la démocratie participative doit s'adresser à tout le monde et pas seulement à l'électorat de gauche. La manière dont ces RDV ont été organisés a contribué à isoler un peu plus le PS dans une fraction de la population qui n'est pas représentative de la France. J'accorde à Ségolène Royal le mérite de s'être imposée indépendamment des carcans du PS. Mais pourtant, comment peut on encore s'affirmer antilibéral aujourd'hui ? Le libéralisme doit être maîtrisé dans ses excès c'est certain, mais tous les autres modèles économiques ont échoué. Le Parti Socialiste Français doit cesser d'être le plus archaïque d'Europe. On ne peut pas changer un monde qu'on refuse de comprendre. Le Parti Socialiste devra faire l'effort de comprendre le réel avant de pouvoir le transformer. Mais surtout je suis très inquiet par les errances d'une candidate qui sait si peu ce qu'elle pense, qu'il lui a fallu tant de temps pour avoir une opinion sur un sujet aussi dérisoire que l'amnistie présidentielle (elle qui pourtant avait mécaniquement voté contre en 2002 suivant les consignes partisanes). Je suis aussi REVOLTE par l'immoralité d'un programme infinançable comme celui de Nicolas Sarkozy.

Je ne parle pas des autres candidats. Je respecte profondément leurs valeurs et leur diagnostic de la société Française. Chacun énonce des parts de la vérité de la France. Mais je considère que dans une démocratie évoluée le débat démocratique doit se faire au sein d'un Parlement représentatif pas lors d'une élection présidentielle.

A l'opposé j'ai longtemps eu quelques doutes sur François Bayrou : en interne il a concentré toutes les ressources de l'UDF sur la seule élection présidentielle et nous n'avons eu aucun soutien et aucune aide pour nos campagnes législatives. J'ai longtemps douté de sa capacité à travailler avec de larges équipes. Mais j'ai vu l'homme mûrir et changer. Dès le mois de septembre il avait pris une toute autre dimension : une assurance saine avec les pieds sur terre. Il a continué à défendre avec toujours plus de conviction ses idées dont il n'a jamais varié. Dans cette campagne il n'a pas adapté son discours à des catégories d'électeurs. Il a proposé un projet de société à tous. Il n'a pas proposé de fédérer un clan pour qu'il impose sa loi au reste des Français, il a proposé de fédérer tous les Français eux mêmes. Il a refusé avec courage d'entrer dans la surenchère de promesses électoralistes qui a coûté si cher à la France. Il a dressé des priorités claires sur l'emploi et l'éducation. Il a fait de la démocratisation des institutions un pilier de son programme dans notre pays où les gens se sentent si exclus par les décisions politiques.

François Bayrou est le candidat le plus à même de battre une bonne fois pour toutes et dès le premier tour l'aveuglement antilibéral du Parti Socialiste Français pour le plonger enfin dans une crise salutaire. François Bayrou est le candidat le plus à même au second tour de battre les dérives populistes de Sarkozy et les méthodes dictatoriales de l'UMP. François Bayrou est le plus à même de faire émerger une nouvelle génération politique avec de nouvelles idées et de nouvelles méthodes qui trancheront des séances de cirque du mercredi après midi - l'UMP et le PS présentent de leur côté plus de 450 députés sortants qui ont déjà en moyenne 3 mandats à leur actif. François Bayrou est le plus à même de rénover la vie politique Française, de fédérer une majorité dans le pays au delà d'une simple majorité parlementaire artificielle. François Bayrou est le plus à même de refonder une République qui soit exemplaire pour tous les citoyens ce qui tranchera avec les affaires jamais condamnées de la République des clans de Mitterrand et de Chirac.

François Bayrou est l'espoir de notre pays.

Lors de toutes les grandes consultations nationales : la dissolution manquée de 1997, les présidentielles de 2002, les régionales de 2004 et le référendum constitutionnel de 2005, les citoyens ont rappelé avec toujours plus de violence qu'ils sont les seuls souverains dans ce pays. Malheureusement cela n'a rien changé dans les pratiques politiques. Je crois que nous allons vers toujours plus de violence dans ces rappels à l'ordre adressés par le corps électoral aux mouvements politiques tant que ces appels n'auront pas été entendus.

Pour une fois un candidat a entendu le peuple souverain. Le peuple souverain dispose maintenant d'un peu plus de 24 heures pour l'entendre et rendre sa décision.

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