Juré à la cour d'assises de Haute Savoie (9) : juger (jeudi, 25 octobre 2007)

Saint-Julien-en-Genevois

En jugeant, je me suis aperçu de la manière que j'avais de juger.

Au début du procès le juré fait le serment de veiller à l'égal intérêt de la victime, de l'accusé et de la société. La peine doit être liée aux actes mais aussi à la personnalité de l'accusé.

Pour ma part, il y avait deux éléments essentiels dans ma manière de juger : le premier est une évidence, les faits. La gravité des faits détermine l'ordre de grandeur de la peine. Mais pour moi il y a un élément au moins aussi important : à quel point l'accusé a t'il pris conscience de la gravité des faits, à quel point il est près à faire face à cet aspect de sa personnalité pour le corriger.

Il ne s'agit pas de constater si l'accusé présente des excuses : il le fait presque toujours et il a un tel intérêt à le faire devant ses jurés qu'on ne peut pas prendre cela pour argent comptant. Le système de défense de l'accusé montre à quel point il cherche à s'exonérer des faits ou s'il assume pleinement sa responsabilité. Son attitude durant le procès, ses réactions aux audiences.. sont autant d'indices intangibles mais bien réels qui permettent d'évaluer à quel point l'accusé fait face à ses responsabilités. S'il ne fait pas face à ses responsabilités, il me semble qu'il est du devoir du juré de l'y contraindre d'autant plus par le quantum de la peine. A l'opposé, ma nature me rend plus clément pour les accusés qui assument leurs responsabilités et prennent conscience de la gravité de leurs actes.

Ces indices là ne sont absolument pas retranscris dans les comptes rendus des journaux. Ils ont été pour moi essentiels dans la détermination de la peine.

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