Le logement : la seule véritable affaire Mark Muller (jeudi, 02 février 2012)

Des observateurs non avertis pourraient penser que le déchainement politico médiatique autour de Mark Muller, conseiller d'Etat du canton de Genève en charge de la construction, est lié à une affaire de boite de nuit. Ils pourraient se laisser duper et croire naïvement que les attaques contre Mark Muller sont empruntent de sincérités. Et pourtant, lorsqu'on voit cela d'un peu plus près personne ne peut être dupe sur ce qui anime certains milieux ASLOCISTES ou encore le Maire de Veyrier lorsqu'ils s'en prennent à Mark Muller. Les faits ne sont qu'un prétexte. Leur préoccupation majeure c'est la question du logement et de l'urbanisation.

Les uns comme les autres ont ouvert une guerre à mort contre le plan directeur cantonal qui permettra au Canton de Genève de réduire, très partiellement la gravissime pénurie de logement qui expulse les uns après les autres la moitié des Genevois en dehors du canton. "L'affaire Muller" n'est qu'une arme dans cette guerre. Une arme contre celui qui porte ce plan directeur cantonal.

Thomas Barth, le maire libéral de Veyrier, opposé aux constructions de logements prévus sur sa commune pour les habitants, pousse même le vice à défendre Isabel Rochat comme prétexte à sa solidarité partisane pour ensuite concentrer ses attaques contre Mark Muller. Cela s'appelle la "concentration des forces" préconisé par Sun Tzu  dans "l'art de la guerre". Mais personne n'est dupe.

Toute cette curie sur une cuite qui tourne mal me fait penser à "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen. Lorsque les amants vont discrètement aux toilettes pour se cacher l'un à l'autre leur humanité. Et bien oui les élus vont aussi aux toilettes, ils sont parfois bourrés, ils sont loin d'être parfaits. Les smart phones et les réseaux sociaux brisent petit à petit ces images d'épinal de notables embourgeoisés exemplaires qui n'a jamais correspondu à la réalité d'élus qui ne sont ni meilleurs ni pires que les citoyens qui les élisent.

Il n'y a en réalité qu'une seule et unique affaire Muller : la pénurie de logements qui fait qu'aujourd'hui 52% des nouveaux électeurs genevois ne peuvent plus habiter dans le canton, que ce sont plus 80 millions de kilomètres supplémentaires parcourus dans la seule année 2011 par les pendulaires qui doivent se loger de plus en plus loin de ce ghetto d'expats et de forfaits fiscaux qu'est entrain de devenir Genève.

La seule affaire Muller c'est que les Genevois considèrent dans leur écrasante majorité que le problème numéro 1 de l'agglo c'est la question du logement... et que la commission logement du Comité Régional Franco Genevois, co-présidée par Mark Muller, est la seule commission qui ne se réunisse plus. La dernière réunion remonte à 2010 et encore Mark Muller était arrivé en retard et reparti une demi heure plus tard avant la fin de la réunion. Depuis il annule, décommande et repousse cette commission qui doit pourtant travailler à comprendre les obstacles et à les régler. Au point que le Président du Conseil Général de Haute-Savoie vient d'adresser une lettre aux deux co-présidents exigeant une réunion de travail dans les plus brefs délais.

La seule véritable affaire Muller c'est qu'aux élections cantonales de 2009, il avait promis aux Genevois une accélération des productions de logements qui s'est transformée en chute après les élections et en stagnation depuis. Les chiffres de 2011 vont être minables à nouveau.

La seule véritable affaire Mark Muller c'est qu'il n'y a toujours pas de consensus politique sur des objectifs de production de logements et sur leur répartition géographique entre zones agricoles, zones de villa et zones urbaines.

La seule véritable affaire Mark Muller c'est que son parti commence seulement maintenant à avoir des positions cohérentes.. mais n'a pas encore exclus de ses rangs tous les élus NIMBY qui s'opposent constament aux logements et entraine Genève dans le déclin.

La seule véritable affaire Mark Muller c'est qu'il n'y a aucune innovation législatives pour simplifier et accélérer les procédures d'urbanisme.

En un mot, la seule véritable affaire Mark Muller c'est qu'il n'y a toujours pas de logements pour les Genevois.

Et pourtant, Mark Muller, dont je ne partage pas les idées libérales, fait preuve de courage politique. Le plan directeur cantonal est toujours très nettement insuffisant, mais c'est une avancée qu'il faudra poursuivre. Et pourtant, les autorisations sont en hausse. Et pourtant, les moyens commencent à être mis en oeuvre.

Au final, j'ai la conviction que ces prétendues "affaires Mark Muller" qui ne sont en réalité que des prétextes utilisé par le camp "anti-logement", peuvent être une chance pour Genève et toute la région genevoise. Elles excluent définitivement une nouvelle candidature aux prochaines élections cantonales, et les démagogies qui peuvent y être liées. Elles vont donner au magistrat l'indépendance de pouvoir faire ce qui est nécessaire pour les Genevois : imposer l'intérêt général qui exige des logements contre les conflits d'intérêts et les intérêts particuliers. Mark Muller peut alors se révéler dans les deux ou trois années de mandat qui reste comme un excellent magistrat qui aura marqué l'histoire de la région genevoise.

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