Assurance maladie : le bouleversement du 31 mai 2014 (mardi, 02 octobre 2012)

L'évidence s'impose maintenant à tous. L'assurance maladie privée pour les frontaliers va se terminer. Il est moralement indéfendable d'affirmer que seuls les salariés en euros doivent cotiser à la solidarité avec les malades, que les frontaliers pourraient s'affranchir de cette solidarité durant leurs années d'activité tout en en bénéficiant une fois à la retraite. Les résidents suisses comme les salariés en euros paient cher leur assurance maladie. Les frontaliers paieront eux aussi tôt ou tard le prix de la solidarité santé. La publication des tarifs de la LAMAL la semaine dernière a permis aux frontaliers de réaliser que pour la plupart, ils ne paieront guère plus que leurs collègues genevois pour assurer leur famille.

Le coût sera important pour les frontaliers. Du jour au lendemain ils perdront une part importante de leur pouvoir d'achat. Un peu comme si le Franc Suisse du jour au lendemain repassait à 1,30. Cela aura des répercussions importantes sur :

  1. l'activité économique locale
  2. l'emploi chez les assureurs locaux dont 25% à 50% du chiffre d'affaire est lié à l'assurance maladie. Des agences devront fermer.
  3. les médias locaux qui aujourd'hui vivent en partie des recettes publicitaires des assureurs qu'on préfèrent.
  4. les médecins de ville qui arrivent à maintenir leur pouvoir d'achat dans la zone frontalière grâce aux dépassements d'honoraires payés par les frontaliers
  5. l'engorgement des filières de soin côté français les samedis matins et les soirs.. voir en réalité tout le temps tellement la désertification médicale frappe la Haute-Savoie. Rapporté à la population nous avons déjà 15% d'infirmières en moins que le reste de la région Rhône Alpes.
  6. la perte soudaine de 130 000 assurés potentiels dans les filières de soin suisse

A vrai dire, je doute que la sécu ait jamais été en mesure d'assurer dès le mois de janvier la collecte des cotisations et le paiement des cotisations de 130 000 personnes supplémentaires. L'affichage de cette volonté de précipitation avait peut être pour objet de remettre à chacun les pieds sur terre.

La sagesse aujourd'hui c'est de cesser de bercer les frontaliers de l'illusion d'un maintien de cette exception. D'adresser des mails aussi incendiaires qu'illusoires. Une échéance annoncée depuis plus de 10 ans. Une échéance qui a déjà été prolongée. Qui ne le sera plus. Il faut aujourd'hui préparer cette échéance du 31 mai 2014.

J'ai alerté le directeur des HUG sur les conséquences de cette modification pour lui recommander de négocier une convention avec la Sécurité Sociale. Il y a désormais un intérêt partagé : maintenir une part de l'activité des HUG d'un côté et de l'autre permettre aux assurés frontaliers d'être eux aussi soignés à proximité de leur lieu de travail.

Hier lors de la commission permanente, le Conseil Général a du se prononcer sur le projet de l'Agence Régionale de Santé. J'ai insisté pour que toutes les conséquences de ce bouleversement soit anticipés et gérés par l'ARS pour que le jour où les frontaliers paieront comme tout le monde, ils puissent eux aussi être soignés comme tout le monde.

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