Pour que chacun soit libre de croire à Saint-Julien-en-Genevois (mardi, 16 février 2016)

La commune a aménagé une zone d'activité artisanale et industrielle au lieu dit Sous Combe. Deux parcelles ont été vendues au prix de 50 euros le mètre carré à deux entreprises locales. Une troisième parcelle est à vendre. Dès 2015, une fois les travaux réalisés, j'ai souhaité que l'opération d'aménagement soit bouclée le plus rapidement possible. La vente de la troisième parcelle a fait l'objet de nombreux courriers aux entreprises locales et d'annonces publicitaires dans la presse économique.

Trois offres ont été reçues. L'offre la plus sérieuse et la plus élevée émane de deux associations musulmanes qui souhaitent y ériger un bâtiment culturel et cultuel. Le prix proposé excède 100 euros le mètre carré. Les associations proposent d'acquérir la parcelle à son prix coûtant plutôt qu'à un prix préférentiel comme cela a été le cas à Bonneville ou à un prix symbolique pour un bail emphytéotique. Ce type de construction est spécifiquement autorisé par le règlement d'urbanisme qui prévoit habituellement que les activités d'intérêt collectif sont autorisées dans les zones d'activité. De nombreuses autres parcelles sont disponibles pour de l'activité économique à la technopole d'Archamps ou sur la future zone d'activité économique de Cervonnex.

L'offre est la plus élevée. Elle permet d'équilibrer le budget annexe. Le projet est conforme au PLU. Les acquéreurs sont sérieux. Rien ne fait obstacle à la vente de cette parcelle au plus offrant.

Pourtant, il ne s'agit pas seulement d'un enjeu d'urbanisme ou règlementaire. L'enjeu est bien plus essentiel. Il s'agit de la liberté de conscience en France. Peut-on être musulman en France au XXIème siècle ? Peut-on exercer librement sa foi ? Une association musulmane peut-elle acquérir librement une parcelle comme toute autre personne morale ? Je réponds clairement OUI à ces questions.

Bien sûr, il suffit de constater à quel point les projets de construction de lieu de culte musulman en France font l'objet de multiples recours pour mesurer les réticences de certains de nos concitoyens.

Ils craignent l'islam faute de n'en connaitre que des dérives par la plus sinistre des actualités. Il suffit pourtant de se rendre au lieu de prière qui existe à Saint Julien depuis plus de 10 ans pour se rendre compte que l'islam à Saint Julien ce sont des hommes et des femmes qui méditent, se recueillent et prient comme le font, à Saint Julien aussi, les adventistes le samedi et les catholiques le dimanche. Nous devrons faciliter la rencontre des uns et des autres pour mettre fin à ces craintes.

Certains craignent que les valeurs de l'islam soient incompatibles avec les valeurs de la République. D'autres pensaient la même chose des protestants lors de la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Pourtant, la République a toujours su faire prévaloir ses règles, ses lois et ses valeurs à toutes les traditions confessionnelles.

Bien sûr la France change. Elle a toujours changé. Comme le monde, elle change de plus en plus rapidement. Mais en revanche, la République ne change pas. Elle garantit à chacun le droit de croire ou de ne pas croire. Elle garantit à chacun la liberté de conscience. Elle garantit à chacun le droit d'être traité de manière égale. Elle garantit que chacun sera traité de manière fraternelle. Que nous nous considérions tous comme les enfants d'Adam et Eve, que nous considérions qu'à la fin, nous serons tous dévorés par les mêmes vers, les uns à coté des autres au cimetière de Saint Julien, nous sommes de toute façon tous des enfants de la République. Saint-Juliennois, que vous soyez catholiques, protestants, juifs ou musulmans, que vous croyez ou que vous ne croyez pas, que vous ayez cru ou que vous croirez un jour, vous êtes nos frères, vous êtes nos sœurs, en la République.

Pour notre part, nous serons les garants de la laïcité. Une laïcité qui permet à chacun de croire ou de ne pas croire plutôt que d'interdire toute religion. Une laïcité qui veille à la neutralité des institutions publiques afin de veiller à ce qu'aucune confession ne dicte sa loi. Une laïcité qui veille à ce que chacun se voit garanti l'application de l'article premier de la déclaration des droits de l'homme : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

22:09 | Commentaires (8) | |  Facebook | |  Imprimer | |