Des inévitables reconduites à la frontière (lundi, 18 mars 2019)

Il y a une semaine la gendarmerie a du procéder à une reconduite à la frontière d'une famille. Bien sûr ce sont toujours des situations difficiles et des déchirements. Nécessairement ces opérations se font nécessairement au petit matin et par la force. Contrairement à ce qui a été affirmé à tort la porte n’a pas été « défoncée », mais il a été fait appel à un serrurerier et le barillet a été changé. Contrairement à ce qui a été dit, la gendarmerie de St Julien n’a pas menotté la maman. En revanche, pour des raisons de sécurité pendant le vol, et à la demande des compagnies aériennes la Police de l’Air et des frontières est obligée de menotter les adultes faisant l’objet d’une reconduite pendant le transfert.

De toute évidence, nos lois sur les étrangers en France ont été influencées par les scores de l'extrême droite en France, qui a de nombreuses élections demeurent le premier parti du pays. Même si l'extrême droite n'est pas majoritaire, dans une démocratie on se doit aussi d'écouter les minorités. Nos lois ne sont pas des lois d’extrême droite, mais certainement influencées par l'extrême droite, surtout lorsque la droite a été au pouvoir.

Pour ma part, j'estime que nous réaliserons bientôt à quel point nous avons besoin d'accueillir plus d'étrangers en France. Mais ce débat là doit avoir lieu à l'échelle nationale, et il prendra des années. En attendant, il y a des lois qui doivent être appliquées. Et quand bien même nos lois sur les étrangers seraient plus accueillantes, il n'en demeure pas moins que la France ne pourra jamais accueillir tous ceux qui souhaitent y vivre. Elle devra donc toujours refuser des titres de séjour, prononcer des obligations de quitter le territoire français et procéder à des expulsions par la force de personnes qui ne quittent pas volontairement le territoire national.

La situation a changé, particulièrement s'agissant du Kosovo. Le pays n'est plus en guerre. Il n'est pas prospère mais il n'est plus en guerre. Des titres de séjour ont été accordés lorsque la région était en guerre. De nombreux St Juliennois sont d'origine Kosovare et contribuent activement et positivement à la vie sociale et économique de la commune. Désormais, le pays est sûr et les titres de séjour ne sont plus accordés. Si la France veut être en capacité d'accueillir dignement des réfugiés de pays en guerre, comme elle a pu le faire avec les habitants en provenance du Kosovo il y a quelques années, elle doit nécessairement renoncer à accueillir des personnes de pays qui ne sont plus en guerre. L'expulsion de la semaine dernière était la première à St Julien s’agissant de personnes en provenance du Kosovo, ce ne sera probablement pas la dernière à St Julien.

Lorsque Jacqueline Gourault est venu à St Julien, nous lui avions demandé de réétudier le dossier de la famille qui a été expulsée. Comme elle s’y était engagée, elle a demandé une nouvelle instruction du dossier à ses services. Cependant, les décisions de justice avaient déjà été prises, rien ne pouvait être fait pour inverser la décision de justice. L'obligation de quitter le territoire a été notifiée, à plusieurs reprises. La famille était assignée à résidence. Elle n'a pas quitté le territoire. La reconduite à la frontière a du être faite de force.

A titre personnel, je suis triste que nous ne soyons pas en mesure d'accueillir plus d'étrangers, mais c'est un fait. Je regrette que la procédure ait pris si longtemps, mais c'est aussi la garantie que toutes les voies de recours d'un jugement équitable ont été données. Je regrette que la famille n'ai pas quitté le territoire de sa propre initiative et qu'il ait fallu en venir à la force, mais je comprends aussi la difficulté qu'il peut y avoir pour une famille de quitter le pays dans lequel ils vivent depuis 8 ans.

18:34 | Commentaires (4) | |  Facebook | |  Imprimer | |