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mardi, 11 novembre 2008

la poule aux oeufs d'or des actionnaires et analystes

La semaine dernière un article d'un hebdomadaire financier indiquait que les analystes prévoient une augmentation des bénéfices de +6,3% à +12,7% pour les entreprises du CAC40 sur 2009. On parle bien ici d'augmentation des bénéfices, pas de bénéfice en baisse ni de pertes exceptionnelles dans un environnement économique exceptionnel ou ni de marge !

Les actionnaires doivent assumer les risques qu'ils prennent et accepter que les bénéfices soient réservés aux années de croissance. En phase de récession, il est fou de construire des budgets bénéficiaires.

C'est irresponsable, cela signifie que l'appropriation de la valeur ajoutée par les seuls actionnaires au détriment des employés, des clients et des fournisseurs continue en pleine crise : moins d'employés toujours plus surmenés, des clients lesés auxquels on propose des produits toujours plus dilués et des fournisseurs en faillite. Ce sont ces mêmes mécanismes qui ont conduit les banques à prendre des risques inconsidérés qui ont mené à la crise des subprimes. Arrêtons ce cirque tant qu'il en est encore temps avant que l'industrie et les services ne connaissent la même crise. Les dividendes en phase de croissance sont réservés aux actionnaires, les risques des phases de récession ne doivent pas être transmis aux employés, fournisseurs et clients.

Enfin c'est bien naïf. Les analystes, faute d'expérience professionnelle dans le secteur qu'ils analysent, estiment à tort que les bénéfices du trimestre sont le meilleur indicateur des bénéfices futurs. Mais les entreprises qui afficheront des bénéfices en 2009, le feront au détriment de leur avenir. Pour afficher des bénéfices en temps de récession, elles devront se séparer d'employés qui ont un savoir faire, elles devront réduire les coûts de leurs fournisseurs quitte à en conduire certains à la faillite, elles devront proposer à leurs clients des produits de moindre qualité et plus cher au risque de détruire leur image de marque. Elles mettront en danger leur réputation, leur savoir faire ou leurs supply chain, elles mettront en danger leur avenir.

Les entreprises qui afficheront des bénéfices en 2009 seront celles qui auront tué leur poule aux oeufs d'or. C'est de la folie, de l'irresponsabilité et de la naïveté qui sont dangereuses pour toute l'économie.

08:35 Publié dans Emploi | Commentaires (2) | |  Facebook | |  Imprimer | |

samedi, 04 octobre 2008

L'impact de la croissance économique sur nos vies quotidiennes

On me demande parfois "à quoi bon voter?". Depuis la chute du mur de Berlin, il n'y a plus d'alternative crédible à une économie de libre échange régulée : cela limite les options. Depuis 1983 les partis de droite et de gauche s'évertuent à défendre l'illusion de leurs idéologies, mais leur pragmatisme aidant leurs différences s'atténuent dans la gestion du pouvoir. Il reste des différences réelles, mais elles sont beaucoup moins significatives que ce qu'elles étaient il y a 30 ans.

Par ailleurs, l'influence des politiques est elle même bien moindre que ce qu'elle était il y a 30 ans. Les pouvoirs médiatiques, économiques et financiers ont gagné en importance. Dans 6 semaines avec l'élection désormais probable de Barack Obama aux Etats Unis, nous verrons probablement la réémergence d'un pouvoir citoyen fort depuis qu'internet lui donne les moyens de s'organiser collectivement. Même Nicolas Sarkozy qui pourtant contrôle la police, l'armée, le Sénat, l'Assemblée nationale, qui traite son Premier Ministre de simple collaborateur. Même cet homme qui participe à la désignation des rédacteurs en chefs avoue publiquement son impuissance "que voulez vous que je fasse, les caisses sont vides !".

Alors effectivement "à quoi bon voter?" pour des alternatives moins différenciées et qui ont perdu de leurs pouvoirs.

Pourtant, ces derniers mois et ceux qui vont venir, vont nous rappeler à quel point le politique influence nos vies quotidiennes. Le poids de la croissance du chômage va avoir un impact direct sur les atmosphères de travail. Le souci toujours plus grand des budgets à équilibrer vont durablement influencer notre quotidien. Les impôts qui ne manqueront pas d'augmenter pour couvrir des déficits toujours plus importants et des dettes toujours plus exhorbitantes vont se rappeler à notre bon souvenir quotidien. Alors que le gouvernement s'évertue à nier la récession malgré les preuves, nous la percevons dans nos vies quotidiennes depuis déjà plusieurs mois.

La croissance économique est certes largement liée au contexte international. Mais certaines décisions politiques peuvent améliorer la croissance et d'autres la miner. Voter, et voter intelligement à donc une influence directe sur notre qualité de vie.

11:19 Publié dans Emploi | Commentaires (0) | |  Facebook | |  Imprimer | |