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vendredi, 18 avril 2008

Les centristes continuent de convaincre

Depuis les municipales, les différents mouvements centristes s’accusent d’avoir plus perdu les uns que les autres comme pour justifier leur propre stratégie d’autonomie (MODEM) ou d’alliance (Nouveau Centre). Les uns comme les autres ont perdu ! Des villes pour le Nouveau Centre, des élus pour le MODEM. Dans les 90% des communes de moins de 10 000 habitants, de nombreux centristes ont été élus. Ici, dans le Genevois Haut Savoyard nous comptons 23 Conseillers Municipaux MODEM dans 7 communes, des Nouveau Centre et un peu partout de très nombreux élus locaux centristes indépendants.

Défaites toutes relatives lorsqu’on la met en perspective des performances de l’UMP Haute Savoie qui décline partout dans le Genevois : défaite des maires de Fillinges, Arthaz et Feigères. Scores faibles ou décevants dans les 4 communes où il y avait une liste UMP à part entière (Gaillard 34%, Annemasse 29%-avec le soutien du MODEM-, La Roche 14% et Saint Julien  28%). Personne ne peut se réjouir de défaites de concurrents qui défendent honnetement et avec sincérité leurs convictions, mais elles interpellent par leur catactère systématique.

Le centre est aujourd’hui le troisième courant de pensée en France. Dans d’autres pays, cela assurerait au centre une représentation politique importante. Dans un système majoritaire il faut composer une coalition majoritaire comme cela se faisait jusqu’en 2002 (RPR+UDF d’un coté, PS+PC+Verts de l’autre). Mais depuis 2002 l’UMP et le PS utilisent leur prépondérance et détournent le système majoritaire pour éliminer leurs anciens alliés respectifs.

La volonté hégémonique de l’UMP et du PS conduit à avoir un pouvoir soutenu par une minorité de la population. Un pouvoir impuissant faute de soutien populaire. Un Parlement dont sont exclus de représentation 41% des électeurs de la présidentielle de 2007. Cela conduit à un débat public qui se résume à des anathèmes plutôt qu’à des débats constructifs. PS et UMP s’invectivent sur les déficits plutôt que de trouver la meilleure manière de réduire les dépenses. La France a besoin d’un centre fort pour contraindre la droite et la gauche à s’écouter pour trouver ensemble des solutions aux problèmes du pays.

Dans ce contexte quel est l’avenir du centre ? S’allier comme l’affirme le Nouveau Centre, pour reconduire les coalitions majoritaires du passé ? Ou l’indépendance comme le prône le MODEM pour parvenir au niveau électoral à partir duquel tout bascule et l’on passe du statut de troisième éliminé à celui de second en position de force ?

Le centre a pour vocation de former des coalitions. C’est l’essence même de son projet de rassemblement au delà des clivages. Mais pour former ces coalitions le centre doit d’abord gagner le respect de ses futurs partenaires dans les urnes. C’est parce que la vieille garde centriste n’avait plus été à la conquête depuis les législatives de 1978 qu’elle s’est retrouvée en situation de faiblesse face à l’UMP en 2002.

A ce jour le centre ne peut pas s’allier à une UMP dirigée par des individus qui organisent activement l’extermination politique du centre par toutes sortes de manœuvres : seulement 22 députés Nouveau centre sur 577 soit 4% pour représenter les 18% d’électeurs de Bayrou, appels à voter PS au second tour lorsque le centre est en seconde position, investiture à un maire PS à Pau, menaces sur les financements publics… etc...etc... Cette extermination politique vise autant le MODEM que le Nouveau Centre que les anciens UDF. Pour faire des alliances encore faut-il avoir des alliés qui vous respectent. L’UMP a été une machine à broyer les centristes ambitieux : Méhaignerie et Douste-Blazy n’ont plus voix au chapitre, de Robien non plus… Morin, Santini et Létard bientôt, Cornillet, Arthuis et Mercier vont bientôt échanger leur poids politique pour un maroquin. En politique, on n’a d’influence qu’à proportion des électeurs que l’on représente. Moins on a de liberté de parole, moins on exprime les points de vue de ses électeurs, moins on a d’électeurs et donc d’influence.

Le centre ne peut pas non plus aujourd’hui, s’allier avec un PS qui ne sait toujours pas s’il doit réguler le libéralisme ou le rejeter. Le centre, lui, est libéral et social. Il ne pourra s’allier avec le PS que lorsque celui-ci deviendra un mouvement social démocrate comme tous les autres PS en Europe qui ont renoncé à l’idéologie antilibérale. Seul un profond changement du PS à son Congrès de l’automne 2008 pourrait en faire un partenaire possible du centre.

Le centre doit donc continuer à convaincre pour atteindre le seuil à partir duquel tout bascule. Le problème du scrutin majoritaire lorsqu’il est détourné comme c’est le cas depuis 2002, c’est qu’il élimine le troisième. Jusqu’au jour ou le troisième devient second. L’histoire politique a prouvé que ce qui parait éternel un jour peut disparaître le lendemain.

Les centristes ont le choix entre une disparition programmée sous tutelle à l’image de ce qui arrive aux Verts et au PC ou, petit à petit, de convaincre suffisamment de Français pour atteindre le seuil qui leur permettra de devenir seconds.

Est-ce possible ? Le centre devra pour cela venir à bout de trois handicaps. En premier lieu il y a les moyens financiers. Les subventions publiques du centre sont environ 5 fois inférieures à celles du PS et de l’UMP. Deuxièmement, la prime au sortant rend les conquêtes difficiles. Plus de 8 sortants sur 10 sont réélus aux élections cantonales, législatives et municipales. Entre la longévité des carrières politiques et la prime au sortant, le territoire des conquêtes possibles se limite au maximum à 30% des unités électorales. Troisièmement, le centre est pénalisé par ses multiples divisions.

Mais le centre dispose aussi de deux atouts. En premier lieu une nouvelle génération de candidats qui élections après élections s’implantent. D’abord une centaine lors des législatives de 2002, puis environ 400 lors des cantonales et régionales de 2004, puis 500 lors des législatives de 2008, et environ 10 000 conseillers municipaux lors de ces municipales. Voilà une armée de candidats en marche qui tranche des tergiversations de la vieille garde centriste. Le centre se trouve en position d’être le premier parti politique qui pourra répondre à l’attente forte de renouvellement politique de la génération post baby-boom.

En second lieu pour sa défense, sa capacité de nuisance est très forte. L’UMP avait été créé pour être une machine à gagner les élections. Mais son incapacité à fédérer les électeurs du centre l’a transformé en machine à perdre : perte avec fracas des élections régionales et cantonales de 2004, perte du second tour des législatives de 2007, perte encore des municipales et cantonales de 2008. Les pertes de l’UMP sont tellement invraisemblables que le PS contrôle presque toutes les régions, une majorité des départements et bientôt peut être même le Sénat ! Quant aux présidentielles et législatives est-ce bien l’UMP ou Sarkozy qui les ont gagnées ? Le jour où l’UMP aura pour objectif de gagner, elle devra respecter le point de vue des français du centre. Le PS engrange les victoires, sans leader et sans projet... par la seule incapacité de la droite à fédérer le centre.

Entre le PS et l’UMP la tentation est grande d’isoler le centre pour rester dans un duopole confortable qui conduit à l’alternance des incapables. Ils peuvent éliminer des candidats, mais ils ne pourront jamais supprimer un courant de pensée dans la population. Le premier des deux qui rompt le duopole et  forme une coalition avec le centre sera dans une position majoritaire durable. Le PS le fera t’il en premier à l’automne en se transformant en mouvement social démocrate ? Ou l’UMP voudra t’elle en premier sortir de la spirale infernale de ses défaites successives ?

Que peuvent faire les centristes ? Exercer le pouvoir au détriment de leurs idées ou défendre leurs idées et ne jamais participer au pouvoir ? Le dilemme n’est que d’apparence : à quoi bon exercer le pouvoir si on ne peut y mettre en œuvre ses convictions comme le proposent PS et UMP à ce jour qui ne veulent du centre que comme faire-valoir électoral plutôt que comme partenaire respecté. Hervé Morin, Ministre de la défense, ne participe aux décisions qu’à la faible mesure de ses 4% de parlementaires, c'est-à-dire qu’il exécute plutôt qu’il ne co-décide.

Notre seul choix c’est de continuer de convaincre patiemment un à un les Français. De gagner un peu plus d’électeurs à chaque élection que l’on perd, pour parvenir un jour au point de bascule du système majoritaire. C’est parce que l’UMP et le PS savent que cette menace du point de bascule est à portée des centristes qu’ils s’acharnent à détruire le centre quitte à s’entendre entre eux. C’est aussi parce que ce point de bascule est à notre portée que nous nous acharnerons à convaincre les Français de la justesse de nos convictions. Pour tous les centristes, la seule solution pour faire progresser le centre c’est de convaincre chaque jour quelques Français supplémentaires que la France a besoin à nouveau de son centre pour mettre fin au déclin et commencer à trouver des solutions à ses problèmes.

Lors de son congrès de Lyon en janvier 2006, l’UDF avait fait le choix de la liberté. Avec la liberté vient la responsabilité. La responsabilité de défendre ses convictions parce que la France a besoin de son centre.

 

Croire en quelque chose et ne pas le vivre c’est malhonnête (Gandhi)

13:55 Publié dans Politique nationale | Commentaires (8) | |  Facebook | |  Imprimer | |

Commentaires

Amha une réflexion excellemment menée et présentée, bravo !

Écrit par : FrédéricLN | vendredi, 18 avril 2008

Bonjour, il est sûr et certain que les lignes politiques doivent enfin bouger. L'UMP est un grosse machine à broyer du centriste qui a été créée en 2002 pour l'ambition présidentielle d'un seul homme ( Chirac en 2002, sarkozy en 2007 ). Héritière de l'ex-RPR, l'UMP actuelle est en train de trahir sans honte l'héritage du gaullisme qui se voulait à la fois libéral et social. Le PS depuis la mort de François Mitterrand n'a plus de chefs mais plein de petits coqs qui rêvent du pouvoir et se battent comme des chiffoniers. Le système électoral actuel est né en 1958 pour sortir de l'instabilité politique de la IVe République, il a assuré au pays le fonctionnement stable des institutions même en période de cohabitation ( 1986, 1993, 1997 ). Seulement, ce système vertueux s'est grippé en favorisant le non-renouvellement de la classe politique et en favorisant ainsi le carriérisme des hommes politiques. Certes, nombre d'entre eux font leur travail avec honnêteté, mais ne représentent plus la société française dans son ensemble. Un Centre qui se veut indépendant dans un tel système a donc du mal à se faire entendre. Les élections à venir ( européennes en 2009 et régionales en 2010 ) vont se dérouler à la proportionnelle et vont donc montrer ce que chacun pèse réellement. Un centre qui doit convaincre est un parti dont les élus de terrain ne se consacrent qu'à un seul mandat et jusqu'au bout pour faire la démonstration qu'il est au service de la population. En étant logique avec soi-même, c'est bâtir un projet sérieux qui parle de l'intérêt général à toutes les couches de la population. Le Centre aujourd'hui dispose d'un vrai leader ( François Bayrou ) mais pas encore d'une assise d'élus indépendants solides ( le Nouveau Centre est un sous-marin de l'UMP pour désintégrer le MoDem ). Vous qui représentez avec vos amis ce Centre à Saint-Julien ( vous êtes 8 élus ), restez fermes dans vos convictions, ne faites pas de la politique politicienne façon UMP et de l'idéologie politique martialle façon PS. A ce moment là, vous progresserez encore et encore. Après tout, il ne vous a manqué que 85 voix pour être élu maire. Alors, courage, tant que vous resterez vous-même, vous ne pourrez que progresser. Et vous obligerez alors droite et gauche à se rappeler qu'ils sont au service de la nation et non de leur seule ambition. Merci pour cet espace de parole libre, Thomas

Écrit par : Thomas | vendredi, 18 avril 2008

Bonjour Thomas,

Merci pour votre analyse et vos encouragements.

Je me permets une toute petite correction par respect pour mes colistiers. Nous avons effectivement 8 elus a Saint Julien, certains se definissent comme centristes, d'autres de droite et d'autres de gauche. En revanche quelques soient nos divergences de point de vue (que nous affichons librement), nous avons la capacite de nous ecouter, de nous comprendre et de travailler ensemble au service de l'interet general.

Amicalement,

Antoine

Écrit par : Antoine Vielliard | vendredi, 18 avril 2008

Excellente analyse que je partage :-) et comme dirait Tonton: Laissons le temps au temps.

Écrit par : homo4s | vendredi, 18 avril 2008

Je me suis permis de signaler ce billet dans France démocrate (en lien). Bonne continuation Antoine !

Écrit par : FrédéricLN | vendredi, 18 avril 2008

mr VIEILLARD,je ne veux pas apporter de commentaire sur votre propre vision du monde politique francais a l'heure actuelle,mais simplement faire une remarque sur l'election des membres de la communaute de commune de ST JULIEN.Vous aviez le droit de presenter 2 conseillers issus de votre liste,vous qui etes un adepte des statistiques,des chiffres...(Vous l'avez prouve pdt la campagne des municipales) ,une question me viens soudain a l'esprit:qu'avez vous fait de la parite HOMME/FEMME?. Vous vous etes elu ainsi que Mr BRUNET!!

Écrit par : laurent | lundi, 21 avril 2008

Bonjour Laurent,

Vous avez tout a fait raison. J'ai demande aux Conseillers Municipaux de la minorite qui etait interesse par la Communaute de Communes. Seuls les hommes ont repondu. Je le regrette mais il me semble qu'il est preferable d'avoir des Delegues designes par choix plutot que par devoir. Nous aurons deja tous du pain sur la planche avec les Conseils Municipaux, les commissions et notre travail personnel.

Effectivement au Conseil Communautaire il y a environ trois quart d'hommes pour un quart de femme. Parmi les Vice Presidents il y a 2 femmes sur 14. Nous sommes loin de la parite.

Les listes aux municipales ont fait un travail considerable pour avoir une moitie de candidates et d'adjointes. Le manque de disponibilite (tout particulierement des meres de familles) est une des raisons de cette difficulte. Je crois aussi que tant que les candidats devront subir autant d'attaques personnelles (souvent anonymes), cela decouragera des femmes de participer au debat public.

Cependant, il n'y a pas que la parite des sexes qui est importante. Il faut que les institutions soient reellement representatives de la population. Nos delegues a la communaute de communes font baisser considerablement la moyenne d'age et permette ainsi d'avoir un Conseil legerement plus representatif.

Il faut veiller egalement a la representation des Francais de toutes origines, nous avons des progres a faire au Conseil Communautaire.

Cordialement,

Antoine

Écrit par : Antoine Vielliard | lundi, 21 avril 2008

Antoine,
ton article m'a inspiré ce petit conte :

Un jour, l’humain découvrit le langage binaire, et l’utilisa pour créer un langage codé appelé informatique.
Ce fût une fantastique découverte car elle permit de simplifier le fonctionnement de son monde !
Mais, insidieusement, le cerveau de l’homme commença lui aussi, à se formater !
Le monde devient binaire : bien/mal, lumière/ténèbres, jeune/vieux, richesse/pauvreté, droite/gauche .. et ainsi le monde devint conflictuel !
Il y avait toujours un camp contre l’autre : le noir et le blanc.
Mais comme l’humain est complexe, le noir voulait être blanc, et l’ancien blanc devenu noir voulait de nouveau sa place de blanc …
Et au fil du temps, à force de se mélanger, tout le monde devint gris ! gris et froid comme la cendre !
Mais quelques humains, regardant le soleil, voulurent une troisième voie ! cela dérangea beaucoup ceux qui s’étaient déjà bien installés dans la nuit : la lumière mettait trop en exergue leurs propres manques.
Alors ils décidèrent de s’unir pour étouffer cette flamme naissante sous des tonnes de cendres !
Ce qu’ils avaient oublié, c’est que c’est ainsi que les anciens transportaient leur bien le plus précieux : le feu ! et qu’il suffit de souffler sur la cendre qui cache la braise, pour que le feu reprenne, dans toute sa magnificence splendeur !


bonne journée

Écrit par : Dominique Guéguen | lundi, 21 avril 2008

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