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mardi, 30 juillet 2013

Les médias et les préjugés

On pourrait penser que les médias ont pour mission d'informer. Une information par définition doit avoir un caractère de nouveauté. A peu près le contraire d'un préjugé. Il fut un temps où plus un journal annonçait des informations exclusives, plus son lectorat se développait. A lire les articles les plus lus dans la presse de ces dernières semaine on se demande si dorénavant les lecteurs de la presse ne cherchent pas au contraire à se conforter dans leurs préjugés plutôt qu'à la recherche d'informations nouvelles. J'aimerais vous faire part de deux expériences de ces deux dernières semaines.

Il y a deux semaines environs je suis contacté par une journaliste qui enquête sur le phénomène des Suisses résidant en France et qui reviennent en Suisse. Selon les premiers éléments d'informations il s'agirait de personnes inquiètes des dispositions prévues sur l'assurance maladie ou sur les conventions de double imposition. Je lui réponds que j'ai effectivement lu un article sur le sujet dans un autre journal. De mon côté, il se trouve qu'un résident de St Julien de nationalité Suisse vient de m'informer de son départ de St Julien mais j'en ignore encore la raison. Je m'engage à contacter la personne et à la rappeler. Je le fais immédiatement. La personne en question m'informe que s'il revient en Suisse c'est parce que son employeur l'exige ! La clause est indiquée dans son contrat de travail et avec même une échéance. Une clause totalement illégale en vertu des accords bilatéraux de libre circulation. Un Suisse à le droit d'habiter en France et personne n'a le droit de lui limiter ce droit.

Il se trouve que quelques semaines plus tôt j'ai rencontré une Suissesse installée en France. Elle m'explique les difficultés qu'a son fils à trouver du travail avec une adresse en France. Elle aussi, pour échapper aux discriminations contre les Suisses résidant en France a décidé de rapatrier son fils sur une adresse fictive à Genève.

Je fais part de ces cas à la journaliste qui m'appelle. Au sujet de l'assurance maladie et de la convention de double imposition, je lui fais remarquer qu'en cas de retour en Suisse l'assurance maladie est plus chère en Suisse que la CMU et que les droits de successions en France exonèrent d'impôts 80% des familles au travers des multiples abattements et déductions.

Quelques jours plus tard, je lis l'article dans la presse... et ne trouve principalement que les clichés habituels sur une France aux impôts confiscatoires qui tente d'échapper à la faillite en s'en prenant à la Suisse. Un article bien éloigné des faits que j'ai pu constater.

Je recontacte la journaliste pour lui faire remarquer que l'article ne correspond pas vraiment aux faits que j'ai pu constater. Au minimum, elle aurait pu mentionner ces cas de discrimination contre les Suisses résident en France. Qu'à cela ne tienne, un nouvel article est prévu justement cette semaine sur la discrimination. Je lui rappelle les deux cas de discrimination qu'ont vécus ces deux Genevois installés en France. Elle enquête auprès de responsables de ressources humaines et de cabinet de recrutement qui font part de discriminations. Elle constate des annonces qui confirment ces discriminations. Une étude de l'université de Genève le confirme également. Je lui cite un autre cas d'une personne à qui ses interlocuteurs du Département de l'Instruction Publique ont clairement répondu que sa candidature donnait entière satisfaction mais que dans le contexte politique actuel ils ne pouvaient pas recruter un frontalier. Les enfants auront donc un enseignant moins qualifié... mais Genevois. Au total, les trois cas de discriminations sont donc : 2 Suisses discriminés pour leur résidence en France et 1 Français discriminé pour sa nationalité. Quelques jours plus tard, je lis l'article dans la presse : on y parle des clichés habituels sur la légendaire paresse française. Il y a forcément des paresseux en France comme dans tous les pays du monde... mais de là à généraliser c'est absurde.

Je ne jette pas la pierre ni à la journaliste ni à sa rédactrice en chef : vu la situation financière de la presse dans le monde, ils doivent vendre pour survivre. Je m'interroge plutôt sur notre comportement de lecteur : pourquoi achetons-nous la presse qui nous conforte dans nos préjugés plutôt que celle qui nous surprend ? Serait-ce parce que au fur et à mesure que la population vieilli elle est de moins en moins agile pour appréhender un monde qui change ? Aurions-nous besoin de la stabilité de nos préjugés pour faire face à tous ces changements ? Ce serait inquiétant, le signe du déclin lorsque les certitudes du passé sont plus enthousiasmantes que le monde qui nous reste à construire.

En France aussi on adore ces clichés : l'article est repris par près de la moitié de la presse française. Pour la presse de droite c'est un bon moyen de dénoncer sous une forme nouvelle les 35h, le syndicalisme ou encore la perte de valeur du travail en France. Une bonne psychothérapie de groupe pour un pays qui sait qu'il devra de toute façon travailler plus longtemps. La Suisse en sort endommagée aussi : un pays dans lequel les DRH utilisent des clichés nationalistes pour recruter les politiques ne respectent pas les traités internationaux ! Voilà qui est bien éloigné de l'ambition de métropole internationale de Genève !

Dans les deux cas, l'article ne correspond pas à ce que j'ai pu constater sur le terrain.

09:24 | Commentaires (4) | |  Facebook | |  Imprimer | |

Commentaires

Bonjour Antoine !
Bonne analyse, c'est du vécu !
Te souviens-tu des paroles d'une chanson de Florent Pagny..."Presse qui roule me casse les..." ?
Plus sérieusement, il faudrait faire un peu plus de publicité pour des médias plus indépendants comme Médiapart ou d'autres, qui sont financés par leurs lecteurs et pas par des lobbys financiers ou industriels ou politiques...
Bien à toi
fm

Écrit par : Drevet | mardi, 30 juillet 2013

Bonjour François Michel,

Tous les médias sont dépendants de leurs lecteurs.. surtout les plus indépendants. Si les lecteurs ne suivent et n'achètent que les médias qui le confortent dans leurs préjugés, il est probable qu'on ait encore des préjugés en première page pendant encore longtemps. C'est notre responsabilité de lecteur que je questionne avec cette note.
Amicalement,

Antoine

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | mardi, 30 juillet 2013

Bonjour Antoine,

Même si les discriminations sont contraires aux accords de libre circulation, même s'il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier il faut relever certaines choses:

- Il n'y a pas si longtemps il fallait être Suisse pour accéder à de nombreux emplois raisons pour laquelle j'avais fini par la demander à l'époque car l'enquête était longue etc.... alors que j'étais né en Suisse fait toutes les écoles formations etc....

- Par le passé on a distribué nombre de permis à des frontaliers qui venaient de plus en plus loin et ne connaissait pas les habitudes et le monde du travail Suisse.

- Cette situation à amené a plusieurs reprise des amalgames mais il faut comprendre aussi les chômeurs genevois et jeunes sortant de l'école et ou formation qui acceptent difficilement une telle concurrence qui vient de loin et peut se permettre d'accepter des salaires plus bas par rapport à leur qualification.

- Il ne faut pas oublier un point au combien important:

Cet automne élection au Grand conseil ( parlement) et au conseil d'état ( exécutif ) qui vu le contexte actuel risque de voir un renforcement d'un certain parti et le repli très net de partis un à cause des frasques d'un conseiller d'état démissionnaire , et d'un maillon faible d'un parti dit vert et très contesté à cause de sa politique de transport.

- Il est clair aussi que le gouvernement a recommandé d'engager en priorité des résidents genevois les suisses résidents en France n'étant pas considéré comme frontaliers à Genève .
- Il a demandé dans sa lutte contre le chomage aux entreprises de privilégiés avant tout des chomeurs et l'office cantonal de l'emploi collabore beaucoup mieux maintenant avec les employeurs.

Il faut dire que les attaques incessantes de l'Europe et de la France contre la Suisse qui feraient bien de balayer devant sa porte en premier ne sont pas pour apaiser les choses.

Après il est de bon ton de faire des articles qui vont dans le sens du temps ( cf commentaire de la tdg)

Ma petite analyse d'un binational il est vrai plus Suisse de cœur alors que Français d'origine.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec ce qui ce dit mais j'ai toujours trouvé que le libéralisme a outrance est une montre foutaise qui amène à cela maintenant et que l'on devrait revenir à l'ancien système qui générait moins de haine et plus de mieux vivre ensemble

Cordiales salutations

Écrit par : bruno | mardi, 30 juillet 2013

Bonjour Bruno,

Merci pour vos commentaires toujours pertinent !

Je comprends très bien le chômeur ou le jeune Genevois qui ne trouve pas d'emploi. Je ne connais pas vraiment de cas de sous enchère salariale... mais à l'opposé je connais de nombreux cas de surenchère de qualification. Vu les rémunérations, des personnes surqualifiées optent pour des postes et de fait élimine les concurrents genevois. C'est un problème de fond !

L'une des raisons de ce problème c'est l'absurdité du taux de change... alors que la confédération estime que la parité de pouvoir d'achat serait établie avec un taux de change de 1,94 ! si le taux de change est si éloigné des parités de pouvoir d'achat c'est à mon avis en raison des flux motivés par des raisons d'évitement fiscal. Pas tant des personnes physiques mais en particulier des multinationales qui parquent leur cash en grande partie en Suisse et en grande partie en Francs Suisses.

Il y a aussi une incohérence entre la politique économique qui veut attirer des multinationales des quatre coins du monde... et l'urbanisme (j'en parle souvent) mais aussi avec ce protectionnisme. Pour aider les chômeurs et les jeunes genevois, ce sont les priorités économiques qui peuvent aider. Les multinationales et les sociétés de tradings ont besoin d'expatriés et pas de chômeurs ou de jeunes genevois. Il faudrait au contraire développer le tissu local d'entreprises locales.. et de ce côté là, Genève a encore plus de peine que le Genevois français.

Pour ce qui est des tensions actuelles, je pense qu'elles sont surtout dues à un développement qui n'est plus du tout maitrisé.

Amicalement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | mardi, 30 juillet 2013

Les commentaires sont fermés.