Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« La magie d'une élection municipale à St Julien-en-Genevois | Page d'accueil | Jean-Paul Servant pour que Vive Saint-Julien »

mercredi, 29 janvier 2014

Impôts des frontaliers : quand la Suisse fait encore plus fort que la France !

Les élus Suisses s'en donnent souvent à cœur joie de dénoncer l'enfer fiscal et l'instabilité fiscale en France. Ils ont très souvent raison il faut le reconnaitre :

  1. Les élus français augmentent les impôts avec une légèreté déconcertante comme encore cette semaine malheureusement au Conseil Général de Haute-Savoie avec l'augmentation des droits de mutation de +18% !?!,
  2. Le taux de prélèvement obligatoire en France atteint des niveaux insupportables,
  3. Les lois fiscales changent en permanence, sont imprévisibles, complexes et illisibles.

... ils ont aussi très souvent tort :

  1. les taux d'impositions des particuliers sont très comparables de part et d'autre de la frontière, ce sont surtout les charges sociales qui faut augmenter la facture en France,
  2. 80% des successions en ligne directe ne sont pas soumis à taxation et aucune n'est soumise à un taux moyen de 45% contrairement à la caricature que se plaisent à véhiculer les élus suisses selon laquelle toutes les successions sont soumises au taux de 45%.
  3. L'évasion fiscale n'a rien à voir avec la pression fiscale : on commence à s'apercevoir que l'évasion fiscale est tout aussi massive en France qu'en Suisse et il y en a même en Russie dont les taux d'imposition sont parmi les plus faibles au monde. Les citoyens malhonnêtes utilisent des moyens illégaux pour échapper à l'impôt quelque soit le niveau d'imposition.

Mais pour une fois, et c'est suffisamment rare pour être souligné. La Suisse a dépassé la France avec une décision fiscale totalement grotesque et kafkaïenne. Il s'agit de l'imposition des frontaliers sur la base du revenu réel du ménage.

Sur le fond, il n'y a rien à dire. Il est effectivement juste et raisonnable que l'ensemble du revenu du ménage de part et d'autre de la frontière soit pris en compte pour déterminer le niveau d'imposition. Il est assez légitime que les frontaliers se voient appliquer la même règle que les résidents de part et d'autre de la frontière.

Ce qui est en revanche beaucoup plus contestable c'est l'imposition sur la base d'une revenu fictif. Un revenu fixé à 65100 francs par an pour le conjoint qui travaille en France. Un montant très éloigné de la réalité. Genève a eu la décence de proposer une correction au niveau réel.. mais à ce jour j'ignore sous quel délai sera remboursé le gigantesque trop perçu entre l'imposition d'un revenu fictif et l'imposition du revenu réel ! J'ignore également si ce trop perçu sera remboursé avec des intérêts, comme on pourrait s'y attendre.

Les autres cantons ne semblent pas dérangés à l'idée de prendre en compte dans l'imposition un revenu qui n'existe pas... je doute que les tribunaux suisses apprécient les choses de la même manière lorsqu'ils seront consultés sur la question.

Certes le recouvrement est plus compliqué pour des actifs qui travaillent à l'étranger, mais d'autres systèmes auraient pu être mis en place (cautionnement, régularisation sur le revenu réel au moment du solde de tout compte..). Les autorités fiscales françaises seraient à mon avis tout à fait disposé à mettre en place des dispositifs de recouvrement transfrontaliers qui permettraient d'éviter cette surimposition anticipée excessive.

L'autre absurdité de cette décision c'est que le barème d'imposition a été publié en décembre pour application 3 semaines plus tard ! Même en France, on ne fait pas des choses comme cela. La fin du droit d'option a été annoncée il y a 8 ans.

Pour de nombreuses familles cela bouleverse le budget familial. Des budgets calculés au plus juste pour ceux qui se sont portés acquéreur de leur logement. Cela peut fondamentalement remettre en cause le travail de l'un des conjoints. Cela peut déstabiliser quelques employeurs français qui emploient des conjoints de frontaliers.

A l'avenir, il serait prudent qu'on redonne un peu de visibilité à long terme aux contribuables afin que leurs budgets ne soient pas sans cesse déstabilisés. Les ménages ont besoin de confiance et de prévisibilité.

Il est surtout urgent de mettre fin à un système qui impose sur la base de revenus qui n'existent pas.

Petite question annexe : à quoi serviront ces dizaines de millions de francs d'impôts supplémentaires prélevés sur les frontaliers ? De toute évidence, ils doivent servir au financement des projets de mobilité du Grand Genève !

14:33 | Commentaires (2) | |  Facebook | |  Imprimer | |

Commentaires

Tout au plus, l'administration fiscale cantonale a peut être raté sa communication sur le sujet. Le revenu théorique additionné au salaire sert à déterminer le taux d'imposition d'un salarié imposé à la source, lequel taux sera appliqué à son salaire seul ! Il n'y a donc pas de double imposition. De plus, si le salaire réel du conjoint est inférieur au salaire théorique, le prélèvement excédentaire est rendu l'année suivante selon un barème de rectification tenant compte des revenus réels. Dans les cas ou l'écart est très important, une réduction du taux prélevé sur le salaire peut être accordée.

Le système est certes complexe à saisir mais est au final équilibré. De plus, ces nouveaux barèmes d'imposition à la source n'enlèvent en aucun cas le droit d'opter pour une déclaration en France ou en tant que quasi résident en Suisse.

Pour conclure, je dirais qu'avant de critiquer la Suisse et ses décisions en matière de fiscaité, il faudrait chercher a comprendre le fond du dossier. Je trouve que c'est le comble de l'ironie (ou du cynisme ?) de parler de confiance et de prévisibilité dans un pays qui décide unilatéralement de rattacher 95% de ses frontaliers, citoyens et résidents, à un système de santé équivalent à un impôt additionnel de 8% avec des prestations remboursées bien en deçà de ce qu'une assurance LAMAL pourrai offrir...

Écrit par : Bernard | mardi, 04 février 2014

Bonjour Bernard,

Toutes les informations que vous citez dans votre commentaire figurent dans la note que vous commentez.

Il n'en demeure pas moins que 1) le trop perçu peut être monumental et que le remboursement n'intervient qu'un an plus tard... à ce jour je n'ai pas connaissance d'intérêt... et quand bien même il y aurait des intérêts l'avance de trésorerie n'est pas toujours possible pour certains ménages; 2) le nouveau barème a été annoncé 3 semaines avant son application avec des conséquences parfois très importante sur le revenu disponible des ménages. Cela n'est pas correcte.

Sur le fonds, je partage votre point de vue, et l'ai mentionné dans la note qu'il n'y a pas double imposition et que cette mesure va dans le sens d'une plus grande équité de traitement entre les habitants de part et d'autre de la frontière.

Pour ce qui est de l'assurance maladie, la décision est une stricte application des accords bilatéraux de 1999. Elle a été annoncée il y a 15 et donc la quasi totalité des frontaliers connaissaient cette échéance lorsqu'ils ont fait le choix d'une assurance privée. A vrai dire toute autre décision aurait été unilatérale et contraire aux traités. Pour ce qui est du montant, pour la quasi totalité des personnes, cela revient moins cher que la LAMAL... et offre des prestations supérieures à la LAMAL dans le cas de maladies graves qui constitue le gros des dépenses de santé.

Cordialement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | mardi, 04 février 2014

Les commentaires sont fermés.