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mercredi, 03 septembre 2014

Le frontalier, le beurre du frontalier et les insultes à la crémière

(Tribune libre parue dans la Tribune de Genève du mercredi 3 septembre 2014)

Le frontalier est un contribuable en or : il rapporte plus de 600 millions de francs d'impôts à la source pour le canton après rétrocession. A cela il faut ajouter 437 millions de francs d'impôts sur les entreprises puisque les frontaliers contribuent pour le tiers de la valeur ajoutée. Au total, chaque frontalier rapporte donc environ 15’000 francs par an à Genève. Une somme supérieure aux 11’000 francs de recettes cantonales par Genevois.

Non seulement le frontalier rapporte plus que le Genevois, mais par ailleurs, il coute moins cher au canton. Le Genevois coûte en moyenne 10’600 francs par an en formation, santé et aide sociale alors que celles des frontaliers et de leurs familles sont financées par la France au bénéfice de l’économie cantonale. Lorsqu’on ajoute les autres frais publics, chaque Genevois coute 18’000 francs par an au budget cantonal contre seulement environ 5'500 francs pour les frontaliers.

En résumé, le canton fait un déficit de -6300 francs par an et par Genevois résidant alors qu'il réalise un bénéfice de +9300 francs par an sur chaque frontalier. Les finances cantonales nous dit-on sont au bord du précipice. Elles y seraient au fond sans les milliards de contribution annuelle des frontaliers depuis plusieurs décennies.

Certes, à travail égal, les frontaliers ont un pouvoir d'achat bien supérieur à celui de leurs collègues et le double de celui de leur voisin. Cela crée des tensions. Bien sûr les revendications indécentes de quelques-uns sur l’assurance maladie ont choqué leurs collègues et leurs voisins. Oui, certains frontaliers manquent de discrétion et de prudence dans l’utilisation de leur pouvoir d'achat hors norme.

Pourtant, insulter les frontaliers de « mendiants » ne résoud pas la pénurie de logements. Siffler les frontaliers à un concert est sans effet sur les déficits cantonaux. Chaque pression sur une entreprise qui recoure à Pôle Emploi lorsqu’elle n’a pas trouvé de Genevois, est un auto-goal à l’économie. Discriminer les frontaliers dans le grand état est sans effet sur la réalisation d’infrastructures de mobilité nécessaires à une agglomération de 800’000 habitants.

En bloquant les infrastructures transfrontalières, en s’opposant à l’utilisation de l’impôt des frontaliers pour le financement de la mobilité transfrontalière, en insultant le tiers des actifs et en prônant la discrimination, le MCG a déjà bien scié la branche de l’économie transfrontalière qui fait la prospérité de notre région. Les décideurs vont-ils rester tétanisés par les succès électoraux du MCG jusqu’à ce que la branche tombe sur les Genevois ? Il serait préférable qu’ils expliquent les faits pour que le souverain genevois puisse décider de ses intérêts en connaissance de cause.

 

18:04 | Commentaires (8) | |  Facebook | |  Imprimer | |

Commentaires

Monsieur,

Je ne sais pas d'où vous sortez ces chiffres, qui me paraissent complètement exagérés.

Cependant, vous reconnaissez bien qu'il y a un problème énorme dans le dispositif

Sur un plan fiscal, votre discours reviendrait à dire que les travailleurs frontaliers financent les prestations publiques et sociales des Genevois (un dispositif acceptable, car cela permet de rééquilibrer au moins en partie les désavantages liés au différent coût de la vie et sux externalités négatives liées au frontaliérat [bouchons, pollution atmosphérique, dumping salarial, chômage]).

L'aspect plus absurde de ce déseéquilibre c'est que la France subventionne le frontsliérat au lieu de le découtager. La situation pourrait être réétablie si le fisc français imposait les revenus des frontaliers en tenant compte les disparité des pouvoir d'achat, p.ex. en appliquant un taux de change de 2 CHF/EUR.

Les avantages serairnt multiples. Cela aurait tout d'abord comme conséquence une hausse considérable des recettes fiscales de l'État français en région frontalière et une neutralisation des fluctuations des taux de change. D'une part cela permettrait de trouver des ressources fiscales pour les prestations publiques en France. D'autre part, ce dispositif fiscal aurait un effet désincitatif par rapport au frontaliérat, ce qui permettrait aux employeurs français - et notammet aux collectivités publiques - de trouver du personnel qualifié, et aux employés suisses de moins souffrir du dumping salarial en provenance de France.

Certes, les frontaliers seraient les grands perdants de ce dispositif. Or, s'ils étaient intellectuellement honnêtes ils accepteraient le principe qu'à un travail égal doit correspondre un salaire réel égal, indépendamment des lieu de travail ou de domicile. Et si les vautours qui choisissent leur travail et leur domicile de manière égoiste quittent la région, cela ne sera pas une perte énorme.

Écrit par : Gilles Rocquefordt | jeudi, 04 septembre 2014

Hello Antoine,

Je trouve votre dernier post à plusieurs titre très intéressant, tout en étant entièrement d'accord avec vous sur la fin en ce qui concerne la haine de l'autre qui n'apporte rien de bon , mais c'est aussi valable dans l'autre sens ( quand des genevois s'installent en France on en entend aussi)

Connaissant bien les deux cotés car étant bi-national a savoir à la fois Genevois et Français oui il y en a beaucoup , je crois que vous même vous avez vécu bon nombre d'années à Genève si je ne fais erreur.

Par contre il y a un point car j'essaie de faire la part des choses car payant une partie des impots des deux cotés comme tout résidant transfontralier et citoyens des deux pays.

Genève est surendettée le budget cantonal largement déficitaire et n'arrive plus a faire face à tout ces engagements passés c'est une réalité qui est là et risque même de s'amplifier avec les exigences de l'Europe sur la fiscalité des entreprises qu'elle tente d'imposer alors que la Suisse ne fait pas partie de l'Europe.

De nombreux bâtiments dont de nombreuses écoles en particulier cycle et collège ne sont plus aux normes et ne respectent pas les dernières lois en particulier celle sur l'accueil continu dans les cycles qui n'ont pas encore les budget voté pour leur adaptation qui est repoussé en 2024 selon les dernière informations ou dans un état déplorable ex le renard au lignon.

Je pense que le canton a promis un peu trop rapidement des millions qu'il n'a pas que ce soit pour Annemasse ou St Genis sans compter le tram sur St Julien qui risque aussi d'être retardé car les finances ???? et les blocages de développement le long de la ligne .

Quand on voit le résultat des dernières votations concernant les parkings qui auraient pu soulager Genève comment cela a été refusé un ligne de tram entièrement sur France n'a aucune chance devant le souverain alors que l'on est en train de faire des économies de toutes part pour boucler le budget.

Bien que l'on puisse regretter j'en conviens avec vous le niveau de bas étage de la propagande de certain parti.

Mais il y a une chose dont j'ai une certitude au vu de la situation toute demande de crédit au parlement pour ces sujets fera l'objet de referundum et aura peu de chance devant le peuple car contrairement à la France ou les élus peuvent voter des augmentations d'impôt a qui mieux mieux à Genève il y a votation obligatoire en cas de non respect du frein à l'endettement.
Et franchement je ne donne aucune chance à une proposition d'augmentation de la fiscalité.

Peut être faut il aussi que Genève aie enfin le courage de dire que non elle n'est plus en mesure de tenir tout les engagements pris par le passé et rediscuter de ce qui est possible et aussi d'un étalement plus large dans le temps ??? mais il faut du courage politique.

Pour ce qui est de la préférence cantonale dans l'administration je trouve un peu normal qu'elle préviligie d'abord les locaux la France fait de même pour ces fonctionnaires il me semble et de toute manière il n'est pas très normal à mon sens que l'on laisse des gens au chomage des deux cotés de la frontière en faisant venir des gens de plus en plus loin car là on en finira jamais....

De toute manière Genève manquera toujours d'infirmières et autres métiers pénibles alors tout cela est bien théorique pour bien des professions, ce qui est surtout touché c'est tout ce qui a trait à l'administration alors il y a encore de beaux-jours pour de nombreux transfrontaliers quelques soit leur nationalité.

Il faut dire aussi que les positions du GTE qui défend beaucoup d'enfant gatés ( ass maladie ) par ex n'améliore pas l'image dans l'opinion publique , ainsi que le comportement de certains.

La seule solution qui pourrait résoudre ce que vous dénoncez c'est que la France dénonce aussi cet accord mais je peux vous garantir qu'il y aura encore moins d'argent pour la région Paris se fera un plaisir de garder tout cela pour elle sans partager.

Laisser le peuple décider je suis entièrement d'accord avec vous je me fais un devoir de voter à chaque fois par contre il peut y avoir de sérieux revers ex 9 février et votations dite parking frontalier.

C'est un jeu dangereux a mon sens en ce moment !!!

Un mauvais accord et report de certaines chose ne vaudraient elles pas mieux ???? à méditer en attendant un peu plus de calme, surtout que dans pas bien longtemps on va voter pour les communes et on pourrait avoir une poussée de certains partis comme pour le conseil d'état.

Pour moi il vaut mieux attendre et faire le dos rond en attendant que l'orage passe cela finira bien par se calmer que de remuer la braise.

Cordiales salutations

Écrit par : bruno | jeudi, 04 septembre 2014

Comment ce comique de Monsieur Golay, conseiller national, peut-il vanter sa démocratie et refuser un avis, parce qu'il ne le comprend pas. Pourquoi l'état de Genève interdit t-il l'embauche de frontaliers et permet-il l'embauche de tout autre personne venant de n'importe quel endroit du monde?
N'y a t-il pas la un irrespect de la loi. Il y a peut être des exécutifs non concerne par la loi?

Écrit par : René Lacane | jeudi, 04 septembre 2014

merci!

si je puis me permettre : ne résoud pas

et

vont-ils rester...
et

le souverain genevois


bien à vous
val

Écrit par : val | dimanche, 07 septembre 2014

Bonjour
Je félicite la personne qui a eu le courage d'écrire cet article car il est tellement rare dans cette belle ville de Genève d'entendre parler des français en bien
Nos sommes encore plus mal considérer que les rats que les genevois ont dans leurs caves...!
Grand merci à l'auteur et je partagerai cet article!!!

Écrit par : Gonnachon jean-Michel | dimanche, 07 septembre 2014

@Gilles Rocquefort : Ces chiffres semblent exagérés car les responsables politiques et économiques genevois en parlent peu. Ces derniers temps, il devient de plus en plus difficile en Suisse d'énoncer des faits qui iraient en contradiction avec le mythe d'une Suisse parfaite qui n'aurait besoin de personne et qui pourrait ignorer le monde autour d'elle. Il semble que peu d'élus soient capables d'énoncer au souverain genevois cette évidence qu'aucun pays ne peut connaitre de succès en s'affranchissant de l'interdépendance.

Les chiffres sont publics : le montant de l'impôt à la source a fait l'objet de divers articles à la fin du printemps. Tous les autres chiffres viennent du budget cantonal... et il suffit de les diviser par le nombre de frontalier et par le nombre de Genevois. Je vous encourage à faire le calcul vous même. L'exercice est intéressant.

La contribution financière des frontaliers ne fait pas que compenser quelques nuisances... les montants sont tellement astronomique que l'on peut dire que sans les frontaliers et leurs milliards, plus personne ne prêterait de l'argent au canton de Genève !

Maintenant, sur le fond de l'objection. Pourquoi la France s'opposerait elle au fait frontalier. Elle y gagne aussi. Ce n'est pas un jeu à somme nul. Ce que gagne les uns n'est pas toujours perdu par les autres. On peut gagner ensemble. Et à vrai dire on ne peut gagner qu'ensemble.

En revanche, la France pourrait se lasser de se faire constamment insulter. Elle pourrait se lasser de voir traité ses citoyens d'épidémie. Elle pourrait se lasser de voir la Suisse violer chacun de ses engagements contractuels : libre circulation, non discrimination, construction de logements ou cofinancement des infrastructures.

J'espère qu'elle n'utilisera jamais l'arme atomique qui consisterait à décider unilatéralement d'imposer les frontaliers dans leur pays de résidence. Si elle en venait là, les frontaliers subiraient une double imposition. Beaucoup devraient changer de travail. L'économie genevoise sombrerait et les finances cantonales avec. Ce serait alors "le Petit Genève"... c'est ce vers quoi le MCG nous amène tous.

Cordialement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (Saint-Julien-en-Genevois) | dimanche, 07 septembre 2014

Bonjour Bruno,

Merci pour votre commentaire.

Effectivement, Genève s'aperçoit qu'elle n'a plus les moyens de sa politique. Elle a fait des promesses qu'elle ne tient pas tant sur le logement que sur le cofinancement des infrastructures. Comment une économie aussi prospère est incapable de financer son développement ? C'est d'autant plus étonnant que les frontaliers contribuent de manière exceptionnelle aux finances cantonales. Pour ma part, je fais le simple diagnostic qu'elle a trop baissé les impôts des entreprises. Elle a attiré trop d'entreprises et est désormais incapable de financer des projets de bases tels que les écoles et les infrastructures de transport.

l'uniformisation de l'impôt des entreprises entre multinationales et entreprises locales va dans le bon sens. A mon avis cela se passera beaucoup mieux que ce qu'on annonce : les entreprises font du chantage au canton pour faire pression, mais très peu partiront. Le canton est lui même dans une posture de négociation vis à vis de la confédération. Au final, le taux sera un peu plus élevé que 13% et les entreprises n'auront de toute façon pas mieux ailleurs. N'est il pas normal qu'une multinational de cosmétique paie le même taux d'imposition qu'une start up local de cosmétique ? Pour les libéraux, la libre concurrence l'exige !

Pour ce qui est de la préférence cantonale, elle est contraire aux engagements pris par la Suisse et par la France lors des accords bilatéraux. Selon les métiers, rien n'interdit d'être pragmatique. Mais le jour où vous devrez aller à l'hôpital cantonal pour une maladie grave et que vous verrez une infirmière genevoise, vous vous poserez toujours la question de savoir si elle a été recruté pour sa nationalité ou pour ses compétences. Vous serez inquiets.. vous ne devriez pas l'être ! Lorsqu'on privilégie le passeport aux compétence on entraine l'économie vers le bas. C'est ce qui est entrain de se produire à Genève même si l'impact se mesurera au long cours.

Bien cordialement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (Saint Julien en Genevois) | dimanche, 07 septembre 2014

@Val : merci. C'est corrigé !

@Jean-Michel Gonnachon : Merci pour votre commentaire et merci de partager ce texte. Ce qu'il y a de plus étonnant dans ce texte... c'est que faute d'initiative des élus genevois face aux absurdités du MCG il revient à un élu Français de faire un peu de comptabilité analytique des finances cantonales pour rappeler quelques faits.

Cordialement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | dimanche, 07 septembre 2014

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