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mercredi, 20 juillet 2016

Vivre sans peur et sans terreur

Chaque attentat nous questionne face à notre capacité à nous en prémunir et à la réponse à y apporter.

Nous pouvons céder au terrorisme : avoir peur, renoncer à vivre, nous réfugier dans une neutralité coupable ou plus simplement renoncer à nos valeurs démocratiques et républicaines qui font l'identité de la France. Il me semble que chacune de ces solutions serait pire qu'une armistice à Rotonde.

Nous pouvons aussi nous diviser. Surtout à l'approche de l'élection présidentielle. Nous pouvons perdre notre temps à chercher des coupables plutôt que des solutions. Nous pouvons chacun nous exonérer de nos propres responsabilités : Quelles propositions collectives avons-nous faites ? Avons nous fait de notre propre protection une exigence démocratique plutôt que la somme de nos intérêts particuliers et catégoriels ? Qui pourrait promettre raisonnablement "législature garantie zéro attentat" sans passer pour un bouffon de foire ?

Pour autant, il est temps que nous nous occupions à mieux nous protéger.

D'abord par la justice. Notre justice est engorgée, en retard et trop faible. Elle ne dispose pas des moyens humains et des outils pour une justice efficace. Nous manquons de juges et de procureurs. Nous manquons de systèmes informatiques. Et nos faibles moyens judiciaires sont encombrés par des procédures ordinaires qui pourraient relever de la médiation ou des tribunaux de police : retraits de permis, affaires familiales... Il nous faut impérativement renforcer les moyens de la justice en France et reconcentrer la justice sur des jugements plutôt que sur de l'administration d'affaires routières et familiales.

Je m'interroge parfois sur les raisons qui font que la France alloue aussi peu de moyens à la justice. Est-ce que les passifs judiciaires de nombreux responsables politiques a un lien avec la crainte qu'ils ont d'allouer des moyens nécessaires à la justice ? Est-ce que nous mêmes nous contribuons à une bonne administration de la justice lorsque nous portons aux pouvoirs exécutifs et législatifs des personnes qui ont tant à craindre d'une justice qui pourrait devenir efficace ?

Renforcer les moyens de la justice exige au préalable nécessairement de renoncer à d'autres dépenses publiques, à d'autres clientélismes. Cela suppose de corriger de multiples inefficiences publiques, comme par exemple ces 6 mois de formation dont 5 inutiles imposées aux gendarmes et policiers qui deviennent policiers municipaux, au profit de formateurs bien rémunérés.

Renforcer les moyens alloués à la justice doit d'abord être précédé d'une augmentation du nombre de places de prison. Pour appliquer la loi avec rigueur, encore faut-il que les moyens pour administrer les peines soient suffisants. Rapporté à sa population, la France compte près de 20% de places de prison de moins que l'Allemagne, 15% de moins que la Suisse.

Une justice efficace est une justice rapide et stricte dans l'application de la loi. Elle n'a les moyens ni de l'un, ni de l'autre actuellement en France.

Collectivement, tout se passe comme si nous avions une certaine réticence à appliquer nos lois démocratiques. Comme si la loi était socialement facultative et la fraude acceptable. Pourtant, il n'y a pas de démocratie sans loi, il n'y a pas de démocratie sans application des lois et il n'y a pas d'application des lois sans peines.

Prétendre que le pays est en guerre, c'est ignorer que dans un pays en guerre, il n'y a pas de concert, pas de tour de France, pas de "grand chassé croisé des juillettistes et des aoûtiens" au journal de 20h. Dans un pays en guerre, les gens ne font plus d'enfants et ne se marient plus... ou peut être à titre posthume. La France est impliquée dans des guerres, mais ayons l'humilité de mettre en perspective notre situation avec celle des millions de personnes qui vivent en guerre. En revanche, la situation actuelle nécessite que l'on adapte notre vision bisounours de la sécurité. Comment demander à des policiers municipaux et des agents de sécurité de nous protéger des armes avec leurs mains ? Comment comprendre tant de réticences à confier à des agents de l'ordre formés aux lois, aux règles d'engagement et au tir, les mêmes armes que celles dont disposent ceux contre lesquels ils sont chargés de nous défendre : autant demander à un régiment de cavalerie de nous protéger d'une colonne de chars ? La police municipale de Saint-Julien est parmi les premières polices municipales armées de Haute-Savoie : à ma connaissance, les seuls balles tirées l'ont été lors des entrainements, mais ces armes sont aussi utiles que des radars militaires et des armes de dissuasion. Comment espérer recruter et retenir des professionnels compétents sans leur confier les moyens de se défendre et nous avec ?

L'urgence qui dure n'est plus une urgence. Un état d'urgence prolongé pendant un an, n'est plus un état d'urgence. Il met en revanche en lumière la douloureuse inadéquation de nos lois avec les réalités d'aujourd'hui. Comment accepter que Facebook, Google, Visa et Mastercard disposent et commercialisent de plus de données personnelles que les forces de l'ordre pour nous protéger ? Comment accepter que les forces de l'ordre américaines aient accès à ces données, mais pas les forces de l'ordre nationales ? Entre la NSA et la CNIL, il est temps de trouver un juste milieu qui permette de protéger les citoyens à la fois contre l'utilisation frauduleuse des données qui les concernent et contre les terroristes, les criminels et les délinquants.

Faute d'éléments précis, je n'aborderai pas ici la prise en charge des maladies psychiatriques qui pourtant est un des enjeux de la prévention.

Nous devons aussi nous questionner sur notre urbanisme et sur notre capacité à mettre en œuvre les valeurs de la république. Le service national et l'école républicaine étaient les ciments de la nation. Le service national a été supprimé un peu rapidement sans être remplacé par un service civique obligatoire. L'école républicaine est de moins en moins républicaine à mesure que nos cartes scolaires, loin de favoriser la mixité républicaine, réplique l'homogénéisation croissante de nos quartiers. Il faut voir les réticences et les oppositions auxquelles nous faisons face lorsque nous nous assurons d'un renouvellement de cette mixité républicaine. Qui peut croire aujourd'hui qu'un enfant peut acquérir les compétences sociales dont il aura besoin s'il grandit dans des écoles en dehors du monde dans lequel il va vivre ? Il faut mesurer l'étendue de nos ignorances renforcées par la désagrégation du ciment national : mesurer ces cadres qui ignorent tout des misères sociales, et ces citoyens qui ignorent tout de la difficulté à créer des emplois. Il faudra bien pourtant aider les entreprises à créer des emplois et permettre à ces entreprises de mesurer les difficultés à vivre de ceux qui pourraient travailler pour elles pour qu'ensemble nous trouvions des solutions nouvelles en France... mais des solutions mises en œuvre partout ailleurs dans le monde, y compris à 200m de Saint-Julien.

Nous devons rapidement corriger un demi siècle d'urbanisme de ségrégation où les prix du foncier détermine les niveaux sociaux des futurs habitants. Les villes dans leur développement peuvent parfaitement garder la convivialité et la mixité des villages. A charge pour chacun d'entre nous de veiller aux espaces publics, aux espaces de rencontre. A charge pour nous de veiller à ce que les logements abordables soient également répartis dans toutes les communes et tous les quartiers. A charge pour nous de concevoir des villes où l'on vit ensemble plutôt que des villes où l'on vit les uns à côté des autres.

Il nous revient aussi de cesser de parler du chômage comme d'une simple menace pour les 90% d'actifs qui ont un travail, mais d'œuvrer à sa résorption avec autant d'acharnement que si nous étions chacun les 10% de sans emplois. Le débat sur la loi travail a été à peu près l'exact opposé. Les murs législatifs et réglementaires qui séparent ceux qui ont un travail de ceux qui n'en ont pas sont intacts. Ils sont socialement injustes, mais aussi économiquement absurde en favorisant le maintien d'emplois qui ne sont pas pérennes et une mauvaise adéquation des compétences. Il est urgent d'abandonner notre modèle de chômage de masse qui exclue tant de Français du travail et de la société.

Comme pour le reste, rien ne viendra de Nicolas, François, Alain, rien ne viendra d'en haut. Un pays se gouverne d'abord par sa conscience collective, son débat public, la responsabilisation des citoyens, et pas par des décrets présidentiels.

14:35 | Commentaires (3) | |  Facebook | |  Imprimer | |

Commentaires

Excellent article ! Analyses originales et très pertinentes ! Châpeau !

Écrit par : Iori | jeudi, 21 juillet 2016

en tout cas il n' y a rien à attendre d'un maire comme vous qui vendez un terrain municipal pour faire une mosquée

Écrit par : duchosal | mardi, 26 juillet 2016

Bonjour Monsieur Duchosal,

Alors n'attendez rien d'aucun responsable politique, car de tous les candidats aux élections municipales, je suis le seul à ne pas être allé faire campagne devant les associations cultuelles de la communes.

N'attendez pas plus d'un hypothétique candidat du Front National, car nos institutions et nos lois interdisent toute discrimination fondée sur la religion pour une procédure publique de vente.

Bien sûr n'attendez pas plus d'un maire PS ou UMP, car à regarder comment ces sujets ont été traités par les maires PS ou UMP de Haute-Savoie, nous nous honorons à avoir poussé le principe d'égalité en n'accordant ni aucun privilège sur le prix (privilèges jamais demandés par les porteurs du projet), ni aucune discrimination.

Bien cordialement,
Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard | mercredi, 14 septembre 2016

Les commentaires sont fermés.