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mercredi, 22 août 2007

Travailler ensemble malgré la frontière

Le Genevois français et le Genevois suisse partagent les mêmes problèmes de logement, de transport, de préservation des espaces et d'emploi. Les élus et magistrats de part et d'autre de la frontière ont géré chacun de leur côté ces problèmes. Ils se renvoient encore parfois la responsabilité plutôt que de trouver ensemble des solutions.

Lors d'une récente discussion avec un jeune et brillant fonctionnaire territorial, je me suis aperçu que mes propos pouvaient paraitre naïfs : "C'est bien gentil ce que vous dites, mais on essaie déjà de travailler ensemble. Travailler avec les Suisses ce n'est pas si simple !". J'ai entendu les mêmes réflexions de l'autre côté de la frontière.

Effectivement, ce n'est pas si simple. La coopération nécessite un certain nombre de préalables. En politique comme ailleurs.

1) apprendre à se connaitre : Nous en sommes encore loin. J'ai pu constater l'ignorance politique respective de part et d'autre de la frontière. Qu'il s'agisse d'un collaborateur d'un Conseiller d'Etat genevois qui me posaient des questions sur la répartition des compétences entre la région, le département et le préfet de région qui ont chacun des majorités politiques différentes, ou qu'il s'agisse du Maire de St Julien qui lors de la soirée électorale des élections administratives me demandait l'identité d'un Conseiller d'Etat avec lequel je venais de discuter. J'ai appris d'ailleurs depuis que ce même Conseiller d'Etat ignore autant l'identité que l'appartenance politique du Maire de la ville du traité de 1603. On ne pourra coopérer efficacement que lorsque les uns et les autres se connaitront personnellement et sauront quand s'adresser à qui pour résoudre quoi.

Puis apprendre à se faire confiance. Cette confiance ne peut se construire qu'avec le temps à l'épreuve des faits. Mais elle nécessite un préalable : ne pas défendre seulement sont pré carré mais avoir à coeur de défendre les problèmes communs du Genevois franco suisse.

2) Résoudre ensemble nos problèmes communs : Genève peut continuer à ne pas se préoccuper plus que cela des conséquences dramatiques de sa politique restrictive en matière de logements, mais elle risque de le payer par une paralysie de ses transports. Le Genevois français peut aussi continuer comme il le fait depuis 30 ans, de ne pas se préoccuper de transports ou de création d'emplois mais il risque de se retrouver envahit de logements... sans pouvoir pour autant loger ses jeunes ou ses salariés aux revenus français. Nous devrons résoudre ensemble nos problèmes communs. C'est de cette manière que nous établirons les conditions de la confiance. Il se trouve que nos problèmes de transports, logement, espaces et emplois deviennent si graves qu'ils sont de plus en plus également partagés de part et d'autre de la frontière. Cela aidera à plus de coopération.

Je ne me fais aucune illusion : le chemin est difficile. Des personnalités aux caractères divergents devront apprendre à faire avancer ensemble des projets communs. Cela arrive aussi dans les Communautés de Commune ou dans les Conseils Administratifs.

Pour résoudre ces problèmes il faut au préalable que la population, souveraine, prenne conscience de l'urgence d'une meilleure coopération. Les 15% environ de binationaux, les 40 à 60 000 Français qui résident à Genève et les milliers de Suisses qui résident en dans le Genevois français peuvent aider à cette prise de conscience électorale. Ils devront sanctionner par leur vote ceux qui s'opposent à plus de coopération, et favoriser ceux qui participent à la résolution des problèmes communs. La coopération dans le Genevois franco suisse doit devenir un argument électoral.

Mais avons nous vraiment le choix ? L'ignorance réciproque telle qu'elle est pratiquée par la génération d'élus sortants nous conduirait irrémédiablement à la paralysie généralisée, au mittage urbain, à une néfaste homogénéisation sociale et à conserver des taux de chômage qui excluent les jeunes et les seniors de la société. Et nous ne pouvons guère compter sur la tectonique des plaques pour organiser le divorce des deux Genevois.

A l'opposé nous pourrons construire ensemble un Genevois franco suisse à la fois international mais pourvu d'une qualité de vie exceptionnelle.