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lundi, 16 avril 2012

Le blog de Gabriel Doublet, Maire de St Cergues

gabriel doublet,maire de st cerguesParmi les multiples avantages d'un blog d'élu, il y a celui de savoir ce qu'un élu a dans les tripes. A la lecture des notes, on peut comprendre petit à petit les valeurs qui l'anime, ses motivations, ses combats. On mesure si l'élu en question s'éparpille à toucher à tout ou au contraire s'il sait concentrer son action sur ce qui est important pour les habitants.

Le nouveau blog de Gabriel Doublet, Maire de St Cergues, est à mon avis remarquable. Gabriel Doublet a été élu Maire à la suite d'une élection partielle provoquée par la démission de la majorité des conseillers municipaux. Que la quasi totalité d'un Conseil Municipal prenne pleinement ses responsabilités et refuse de n'être qu'une chambre d'enregistrement était remarquable. Trop souvent dans nos collectivités, dans les communes autant que dans les commuanutés, les exécutifs ont peur du débat. Peur que la solution qui pourrait émerger pourrait être différente de leur idée de départ. Peur que ce débat puisse susciter des divisions. C'est faire fausse route : ce n'est au contraire que d'un débat à bâton rompu que peu émerger des solutions nouvelles et fédératrices. Trop souvent les conseils municipaux et communautaires se laissent transformer en chambre d'enregistrement - comme le parlement d'ailleurs. L'initiative du Conseil Municipal de St Cergues me semblait intéressante pour tous les Conseils Municipaux du Genevois français.

Mais ce n'est qu'avec ce blog, que chacun peut voir les valeurs de Gabriel Doublet. Des points de vue pondérés, mesurés, équilibrés et pragmatiques même sur des sujets aussi difficiles que celui des gens du voyage. Nos points de vue sont proches en particulier sur la question du rééquilibrage de la production de logements et sur le scandale de la faiblesse des constructions dans le canton de Genève. Mais, contrairement à moi, Gabriel ne fait jamais l'erreur d'oublier de rappeler que les Genevois chassés de leur propre canton sont toujours les bienvenus. Il rappelle sans cesse et avec pertinence que nos positions communes ne sont certainement pas contre nos cousins victimes du manque de courage des décideurs genevois, mais bien contre les irresponsables socialistes, libéraux et verts qui organisent par lâcheté ou par intérêt cette pénurie de logements. Ses prises de position ne prettent donc jamais le flanc à la caricature trop facile d'un conflit franco suisse.

Gabriel Doublet fait partie des rares élus locaux qui affirment leur point de vue sur les questions nationales : dans le respect de celles des autres, mais sans concessions et sans excuses. Il ne sert à rien de ménager la chèvre et le chou dans des positions mi-figue-mi raisin histoire de ne déranger personne à exister... il faut dire ce qu'on pense et travailler et débattre avec ceux qui pensent autrement. Il se trouve que nous partageons sur les questions nationales aussi le même point de vue : celui de l'urgence du rétablissement de l'équilibre des comptes publics par les exportations, la formation et la moralisation de la vie publique. Nous avons tous deux présenté la candidature de François Bayrou à l'élection présidentielle. Alors que les communes dépendent des dotations d'état pour équilibrer leurs budgets, Gabriel montre l'exemple à tous en prenant ses responsabilités et en affirmant ce qui doit être dit avant qu'il ne soit trop tard. Avec tous les centristes de France, nous pourrons regarder les Français dans les yeux dans quelques mois lorsque les évidences que nous affirmons aujourd'hui seront reconnues par tous ceux qui multiplient les promesses illusoires comme les brigands signent des chèques en bois.

Je vous recommande vivement de lire le blog de Gabriel Doublet. Un élu qui fait manifestement partie de la relève pour construire l'avenir du Genevois français.

dimanche, 15 avril 2012

L'agglomération genevoises sur France 3

Hier, Bernard Gaud, Président de l'ARC, Michel Charrat, Président du Groupement des Frontaliers et moi-même avons participé à l'émission La Voix est Libre sur France 3 consacré à l'agglomération genevoise. Cette émission a permis d'expliquer les difficultés spécifiques de cette agglomération pour améliorer la qualité de vie des habitants, les enjeux, les craintes et les espoirs.

Vous pouvez visionner cette émission en ligne en cliquant sur le lien ci-dessous :

La Voix est Libre sur l'agglomération genevoise (partie 1)

La Voix est Libre sur l'agglomération genevoise (partie 2)

jeudi, 05 avril 2012

1 ha de terres agricoles préservées à Genève = 3 ha de terres agricoles détruites

La semaine dernière j'étais invité par les agriculteurs de la zone franche du genevois français pour intervenir à l'assemblée générale des laiteries réunies à Palexpo en tant que représentant des autorités françaises. Vous trouverez un extrait de la fin de mon intervention ici (enregistré à mon insu par un participant qui a bien voulu me le transmettre).

Les Laiteries Réunies sont un des symboles même de notre agglomération : voilà des décennies et des siècles que la zone franche s'organise au delà de la frontière. Aux Laiteries Réunies ont vit la région genevoise depuis longtemps : je n'ai aucun doute, on doit s'y engueuler de temps en temps aussi, rien de plus normal, mais on vit cette région à l'échelle de ses frontières naturelles plutôt qu'administratives.
podcast

Le sujet de mon intervention était simple et précis : préserver de manière excessive les terres agricoles genevoise revient à détruire 3 fois plus de terres agricoles dans notre région. Cela peut sembler étonnant, mais plus on s'éloigne du coeur de l'agglomération, plus la densité des constructions se réduit (comme partout ailleurs dans le monde sauf à Los Angeles peut être). Dans le cas de notre région, et malgré les efforts importants de densification qui sont en cours, la densité est environ 3 fois inférieure loin du coeur de l'agglomération.

La conséquence est directe : à chaque fois qu'on préserve 1ha de terre agricole à proximité des lieux d'emplois dans le canton de Genève, on détruit 3ha dans le Genevois français et le canton de Vaud. Il y faut en effet 3 fois plus d'espaces pour loger autant d'habitants. Un enjeu qui menace les terres agricoles du Genevois français sur lesquelles paissent les vaches qui produisent l'essentiel du lait consommé à Genève. Certains pourraient objecter qu'il revient aux agriculteurs français de protéger aussi leurs terres agricoles.. c'est à dire de chasser nous aussi nos enfants et de repousser à notre tour nos problèmes à nos voisins d'Alby sur Chéran et de Rumilly.. et consommer 9 fois plus de terres agricoles. Créer des problèmes de mobilité insurmontables qui rendraient inévitables des doublements d'autoroutes dont on ne veut pourtant plus.

Je crois que c'est la première fois que j'intervenais devant un peu plus de 300 personnes, majoritairement des sociétaires genevois des Laiteries Réunies.. C'était aussi la première fois que je devais passer à une telle assistance un message désagréable à entrendre : aidez nous à préserver les espaces agricoles en faisant vous aussi votre part de l'effort collectif pour loger les Genevois.

J'ai arrondi les angles, j'ai tenté d'expliquer le raisonnement :

  1. Genève fait de la discrimination fiscale positive à l'égard des multinationales étrangères
  2. Celles-ci font venir ensemble de manière directe et indirecte près de 15 000 habitants supplémentaires dans la région
  3. Genève ne construit que 1000 logements par an
  4. Les Genevois sont contraints d'aller se loger toujours plus loin
  5. A leur tour, et malgré eux, ils chassent les habitants du Genevois français toujours plus loin et en particulier les collaborateurs des entreprises françaises
  6. Tout le monde se retrouve dans des bouchons toujours plus graves et les terres agricoles sont consommées en plus grande quantité chaque année.

Conclusion : A force de vouloir préserver les terres agricoles.. On en détruit 3 fois plus.

Certes j'ai bien cité le fait qu'1 ha de terres agricoles préservées à Genève revenait à détruire 3 ha dans le Genevois français. Les agriculteurs du Genevois français ont très bien compris le sens de mon intervention mais à en croire les discussions avec quelques participants genevois, j'ai été si policé que certains ont conclu sur un contre-sens. Ils ont cru que mon intervention en faveur des espaces agricoles vallait soutien aux oppositions communales au plan directeur cantonal alors qu'au contraire le plan directeur cantonal est largement insuffisant pour loger les Genevois eux-mêmes. Je crois que la prochaine fois je serai plus direct, avec autant d'amabilité et de respect, je n'irai plus par quatre chemins : CHERS AMIS GENEVOIS, COMPRENEZ QU'A FORCE DE NE PAS VOIR LES CONSEQUENCES REGIONALES DE VOTRE REFUS DE CONSTUIRE DES LOGEMENTS POUR VOS PROPRES ENFANTS, VOUS DETRUISEZ LES ESPACES AGRICOLES DE LA REGION DANS LAQUELLE VOUS VIVEZ !

lundi, 26 mars 2012

Choisissez le nom de notre agglomération genevoise

L'agglomération genevoise est une réalité quotidienne de ces habitants. Comme dans toutes les agglomérations au monde, les "Genevois" qu'ils soient Français ou Suisse, Haut-savoyards, Gessiens ou Vaudois vivent indépendamment des frontières administratives et politiques.

Comme dans toutes les autres agglomération du monde, les habitants vont se promener là où il y a de beaux paysages que ce soit en France ou en Suisse. Ils travaillent là où ils ont des opportunités professionnelles intéressantes. Ils font leurs achats là où c'est moins cher. Ils se marient là où ils veulent avec la personne qu'ils aiment quelque soit sa nationalité. Ils se logent là où ils peuvent ! Peu leur importe que ce soit dans un pays ou dans un autre. Notre agglomération binationale existe depuis longtemps dans le quotidien de ses habitants. Dans deux générations, nos descendants seront majoritairement double nationaux : ils éclateront de rire lorsqu'ils tomberont par hasard sur les interventions d'Eric Stauffer comme on regarde ces photos périmées ou ces débats surréalistes sur le sexe des anges des conciles du moyen âge.

L'agglomération est dans la vie des gens.. mais la politique a plusieurs décennies de retard. Nos problèmes dépasse les frontières, à nous d'envisager des solutions qui les dépasse aussi allègrement. C'est le sens de la constitution du Groupement Local de Coopération Transfrontalière, approuvée par le Grand Conseil Genevois en décembre dernier, les départements de la Haute-Savoie et de l'Ain, la région Rhône-Alpes, l'ARC. Ce groupement doit avoir un nom.

Il est temps aussi que le "Projet d'Agglomération Franco-Valdo-Genevois" sorte de l'état de projet pour passer à la réalité... il faudra plus qu'un changement de nom, mais il est probable que de supprimer le nom commun de "Projet" aidera à faire accoucher les esprits d'une réalité politique qui prend forme. La complexité du nom actuel est une preuve supplémentaire de son absence de portage politique : si l'on veut que les habitants comprennent que l'agglomération existe, la première chose à faire c'est de lui donner un nom.

Le comité de pilotage propose aux habitants de notre agglomération de choisir parmi trois noms : GenevAgglo, Grand Genève et Le Genevois. Vous pouvez voter en ligne à l'adresse suivante :

http://www.choisirnotrenom.com/

Personnellement, je pense que Le Genevois est le terme à la fois le plus simple et le plus fidèle à l'histoire. Ce terme historique me semble essentiel pour que tous les habitants de notre agglomération se souviennent que voilà des siècles que Genève vit étroitement avec sa région malgré les frontières des duchés, des états et des cantons. Evidemment, le Genevois désignait surtout la partie sud de l'agglomération. Mais voilà maintenant plusieurs décennies que les lois françaises désignent du terme "Genevois français" tous les territoires français qui sont dans l'agglomération genevoise notamment dans les lois liées au logement. De fait, le district de Nyon est aujourd'hui aussi pleinement dans l'agglomération genevoise comme le sont Ferney ou Divonne.

Le choix vous revient. A vous de voter.

mardi, 28 février 2012

Malgré son essor économique, Genève est en déliquescence

(tribune libre publiée dans le journal LE TEMPS du 27 février 2012)

« Genève, c’est le déclin ! ». Voilà 6 mois que je m’interroge sur cette idée iconoclaste d’un banquier genevois de retour après 5 ans à Zurich. Il poursuit : à Zurich, il y a des débats, puis des décisions et des réalisations. On aime ou on n’aime pas, mais on inaugure. 5 ans plus tard, rien n’a avancé à Genève. On s’offre le luxe d’une trentième année de débat sur les communaux d’Ambilly, la traversée de la rade et la pénurie de logements.

Quel choc ! Voilà qui détonne du discours habituel des élus genevois qui se gargarisent de l’attractivité de Genève. Le monde entier souhaite vivre ici, disent-ils au contraire. Ils mesurent leur succès au nombre d’expatriés qui viennent. Ils seraient sans doute plus humbles s’ils accordaient autant d’attention au nombre de Genevois qui partent.

Pourtant, un grand médecin genevois confirme le diagnostic. Il me raconte les observations de patientes étrangères qui reviennent une fois par an à Genève pour des examens médicaux. Leur bilan est sévère : on circule moins bien, la police est absente, les dealers plus nombreux, la crise du logement plus sévère… et l’humeur des Genevois proportionnelle à leur angoisse de l’avenir.

D’un point de vue économique et budgétaire, Genève n’est pas en déclin -contrairement à la France-. Ici le déclin est un déclin de qualité de vie, de mobilité, de sécurité, de pouvoir d’achat, de logements et de cohésion sociale. Le déclin se mesure à l’indécision politique. Où est l’autorité politique qui impose avec fermeté la volonté du souverain cantonal sur les logements face aux intérêts particuliers? Le déclin se mesure à cette constatation que chaque année plus de la moitié des électeurs supplémentaires du canton sont des « Genevois de l’étranger ».

Le déclin transforme Genève en un Monaco sur Léman où cohabitent des forfaits fiscaux, des expatriés et des Genevois âgés. Les familles, les jeunes et la classe moyenne sont condamnés à l’exode. Si Genève était une PME, on la dirait en plein essor, mais Genève est une société humaine qui se délite faute de sens. L’agglomération s’étend désormais à 200km à la ronde créant chaque année plus de pendulaires. Générant des problèmes de mobilité insurmontables. Interdisant l’installation dans l’agglomération des policiers et des enseignants dont elle a besoin pour sa croissance. Genève est dépendante d’une activité économique étrangère volatile qui concurrence de manière déloyale l’activité économique locale pourtant plus enracinée.

Ce déclin est politique. Les intérêts croisés empêchent d’aborder les sujets qui fâchent. Influencée par la politique française, la politique genevoise en reprend les caricatures d’un débat stérile. Les corps constitués s’y affrontent dans des jeux de rôles factices.

Le microcosme politique genevois vire au « nanocosme ». Le Grand Conseil est un parlement de lobbyistes plutôt que de milice : il y a les députés des locataires, ceux des policiers, ceux des avocats et des régies, ceux des associations environnementales… et des agriculteurs un peu partout. L’intérêt général n’émerge pas de la somme des intérêts catégoriels. A en juger par les réseaux sociaux, les députés interagissent plus entre eux qu’avec les Genevois. Ils se retrouvent les samedi matin place du molard, pendant que les habitants font leurs commissions en France depuis 30 ans.

Malgré cette connivence, pas de dialogue pour construire les consensus nécessaires. Il n’y a aucun compromis entre la croissance économique folle imposée par le canton et le refus de croissance urbaine des communes. Faute de choix politique, voitures et bus sont bloqués en file indienne. Aucun compromis constructif non plus entre les milieux des locataires et les régies.

Pour stopper son déclin, Genève doit se projeter dans l’avenir. Genève veut-elle poursuivre sa croissance économique effrénée ? Auquel cas elle devra accepter son développement urbain, intégrer ses voisins aux prises de décisions qui les concernent, développer et financer un réseau adapté de transports en commun, densifier sa ville ! Ou Genève veut-elle rester une ville européenne moyenne ? Auquel cas elle devra stopper sa croissance, réduire ses ambitions culturelles et sociales ! Le juste milieu qui passe par plus de logements et une fiscalité équitable pour les entreprises locales reste à construire. Genève a besoin d’hommes et de femmes d’état capables de construire ce consensus, d’y fédérer une majorité et de l’imposer démocratiquement à la minorité. Comme Zurich.

Côté français, l’irresponsabilité politique genevoise devient insupportable. Les Genevois qui fuient Genève contribuent à plus de la moitié de la croissance démographique de nos communes. L’immobilier monte en flèche et fait fuir les collaborateurs des entreprises et des services publics. Les pendulaires frontaliers se logent chaque année plus loin dégradant notre mobilité et notre environnement. La cohésion sociale de notre région est menacée.

L’agglomération genevoise a besoin que Genève se montre désormais à la hauteur de ses responsabilités de capitale régionale.

mardi, 04 octobre 2011

Déplorables assises transfrontalières !

Le Président du Grand Conseil Genevois ne voulait surtout pas de vagues.. et surtout pas du MCG. Contre la volonté unanime des partenaires français et vaudois qui voulaient qu'on traite des questions du logement et de la mobilité, le Président du Grand Conseil Genevois avait imposé qu'on parle de culture transfrontalière.

La séance a très mal commencé : Renaud Gautier compare l'effort à faire au travers de la culture à l'effort fait par la France et l'Allemagne après la seconde guerre mondiale ! Où ce type vit-il ? A ma connaissance il n'y a pas de Shoah mais au contraire pléthore de mariages transfrontaliers. A ma connaissance il n'y a pas des millions de morts mais plutôt des interractions quotidiennes entre voisins, collègues, cousins, amis ! Nous n'avons absolument pas besoin de nous réconcilier entre cousins, amis et collègues, nous avons simplement besoin de parler de nos problèmes communs et d'y apporter des solutions de toute urgence. Un député genevois me disait récemment que Renaud Gauthier connait très bien Genève, la Genève internationale et les capitales mondiales.. mais n'a sans doute pratiquement jamais mis les pieds à Annemasse et ne sait sans doute pas que la France prétenduement voisine s'appelle en réalité "le Genevois français".

Les professionels de la culture interviennent les uns après les autres. Jean Liermier, directeur du théâtre de Carouge, est brillant comme d'habitude et nous réserve un de ces moments d'émotion dont il a le secret. Chacun explique à quel point les milieux de la culture vivent depuis longtemps avec la frontière et s'en affranchisse tant bien que mal comme tout le monde -sauf les milieux politiques. On se demande franchement pourquoi on a choisi ce sujet.. où plutôt on le sait trop bien : pour ne rien se dire. J'ai honte que nous ayons fait perdre autant de temps à ces professionels de la culture. Renaud Gautier n'écoute pratiquement pas ce qui se dit de cette réunion qu'il a imposé : il prend des notes sur un document qui manifestement n'a rien à voir avec le sujet. Se trompe dans les distributions de paroles tellement il suit mal. Mais l'objectif est atteint : d'ennui Stauffer quitte la salle après 20 minutes. Il faut voir avec quel gourmandise Renaud Gautier voit "l'intrus" sortir de la salle. Il en fait part au Sautier du Grand conseil et les deux comparses échangent un sourir entendu. C'était manifestement là leur seul objectif de la journée !

Eric Stauffer est sans doute le seul participant à n'avoir pas perdu son temps vendredi après midi. C'est frappant de constater à quel point ce type paralyse tous les élus genevois avec ses diatribes absurdes, ses raisonnements débiles et ses caricatures imbéciles. Il faut vraiment être encore plus stupide pour être incapable de répondre à des raisonnements aussi superficiels !

Pendant toute l'après midi, les réseaux sont saturés tellement personne n'écoute personne les yeux rivés sur leurs smartphones. Les défections se multiplient, à la fin de l'après midi il y a 43 personnes dans la salle pour 14 personnes à la tribune ! Fiasco complet alors que nous devons construire une agglomération qui prétend selon les dires de Charles Beer concurrencer New York, Singapour et Shanghai à la fois.

Un député vaudois regrette que les élus municipaux n'aient pas été invité alors qu'eux aussi ont leur mot à dire dans la construction de l'agglo naissante. Renaud Gautier répond que le canton de Genève aussi connait les blocages municipaux avec la ville de Genève !?! Yvan Slatkine en rajoute une couche en pointant du doigt l'absence du Conseiller Administratif en charge de la culture à la Ville de Genève. Ces responsables politiques genevois ont ils compris qu'ils ne sont pas entre eux dans le bac à sable, mais avec des Vaudois et des Français.. et que leurs gamineries sont grotesques alors que le canton de Vaud et le Genevois français se débattent dans les insupportables nuisances qu'exporte Genève à force de poursuivre son pugilat minable plutôt que d'apporter des solutions concrètes aux problèmes urgents. A preuve du contraire ce sont les amis de Renaud Gautier et Ivan Slatkine qui la veille se sont opposé aux communaux d'Ambilly dans la commune de Thônex !

Une question absurde et débile du MCG qui prétend que les artistes suisses n'arrivent pas à travailler en France et qui contredit toutes les présentations initiales. Mais personne ne lui répond avec des faits !

Le tout se termine par un cocktail... Renaud Gautier passe à côté de moi et me rappelle que je ne suis pas invité à ce cocktail pour les propos tenus il y a quelques mois sur ce blog dénonçant ces cocktails mondains alors que nous ne traitons pas des sujets de fond de notre agglo. Peu importe, contrairement à Renaud Gautier, je n'étais pas venu pour boire un verre de champagne mais bien pour parler des problèmes des habitants et y apporter des solutions.

Le plus grave dans cette après midi dramatique c'est que seul Eric Stauffer n'a pas perdu son temps.. et que le MCG risque d'avoir de beaux jours devant lui, à mesure que les déséquilibres de notre agglo s'aggravent à chaque fois que se multiplie ces réunions dérisoires, inutiles et absurdes.

Il est temps que nous devenions des adultes. Il est temps que nous soyons capables d'aborder nos problèmes ensemble. Nous devons apprendre à nous engueuler et à nous réconcilier. Nous devons apprendre à opposer des faits aux raccourcis populistes. Nous devons impliquer tous les députés, maires et conseillers municipaux qui devront d'une manière ou d'une autre contribuer à l'agglomération en construction.

Le moment sans doute le plus culturel de l'après midi est le remarquable numéro de comédien d'Etienne Blanc, député maire de Divonne, qui se félicite de cette remarquable après midi d'échanges ! Etienne a du métier, c'est pour moi un maitre... il va falloir que j'apprenne à ne pas dire les choses telles qu'elles sont.

mercredi, 24 août 2011

Répartition des "frontaliers 2011" dans le canton de St Julien en Genevois

Comme chaque année le recensement des frontaliers est en cours. Les chiffres que j'ai à ma disposition pour le moment sont les suivants pour le canton de St Julien (17 communes, 33 000 habitants)

  • 9531 titulaires d'un permis G travaillant à Genève (1)
  • 3565 citoyens suisses travaillant à Genève (2)
  • soit déjà 13096 actifs travaillant à Genève et résidant officiellement en France
  • A ce chiffre il faudrait ajouter environ 1000 frontaliers suisses non déclarés
  • Environ 1000 frontaliers de toute nationalité travaillant dans le canton de Vaud
  • ... soit environ 15096 actifs travaillant en Suisse (je ne sais pas trop où sont comptabilisés les fonctionnaires internationaux !)

On peut estimer qu'il y a 18 800 actifs dans le canton (actualisation des chiffres du recensement). Il reste donc 3704 actifs qui ne sont pas frontaliers. Certains travaillent à Annemasse ou Annecy.

Mais il y a 10 900 emplois dans le canton de St Julien. L'écrasante majorité de ces emplois sont nécessairement occupés par des personnes qui ne résident pas dans le canton de St Julien.

Ces chiffres montre l'absurde et gigantesque transhumance quotidienne qu'induit l'aménagement absurde de notre agglomération. Quand Genève par sa politique du logement contraints ses actifs à vivre dans le Genevois français elle contraint dans le même temps les actifs du canton de St Julien à vivre encore plus loin. Nous nous retrouvons tous chaque jour sur des voies publiques engorgées. Il est temps d'appliquer le projet d'agglomération qui prévoit que Genève construise la moitié des logements rendus nécessaires par sa politique économique.

(1) il y a dans ces permis G d'anciens résidents genevois, français ou ressortissants de l'UE qui sont venus à Genève avec leur emploi et ont ensuite décidé de fuire la pénurie de logements du coeur de l'agglo. Pour rappel il y a environ un tiers d'étrangers dans la population genevoise.

(2) Il y a a l'opposé dans les citoyens suisses des maris et des femmes de citoyens suisses qui n'ont jamais vécu ni à Genève ni en Suisse ! Ou des descendants d'immigrés suisses qui ont fuit les famines du début du XXième siècle.. et qui n'ont plus vécu en Suisse depuis.

lundi, 25 juillet 2011

Le mode de décision par consensus permet-il de résoudre les problèmes tant qu'il en est encore temps ?

La pénurie de logement à Genève dure maintenant depuis plusieurs décennies. Les élus Genevois continuent de se rejeter la balle : "il faut construire dans les communes socialistes" affirment les élus Libéraux, "dans les communes libérales" disent les socialistes, "nulle part" semble dire les Verts qui s'opposent aux densifications en ville, en zone résidentielle comme à Chêne-Bougeries aussi bien que sur les espaces agricoles !

Mois après mois la situation des Genevois se dégrade.. et celle du Genevois français et du district de Nyon qui voient les Genevois se loger en masse sur leur territoire, et leurs jeunes contraints eux mêmes à l'exil. Voilà plusieurs décennies que les élus français tirent toutes les sonnettes d'alarmes, participent à tous les PACA, signent une charte d'agglomération. Dans notre tradition politique, on résout tout avec des discussion... on oublie souvent que nos interlocuteurs politiques n'ont pas les pouvoirs de décider en démocratie directe.

Forcément, on est conduit à s'interroger : que faut-il faire pour que Genève respecte sa parole ? Que faut-il faire pour que les Libéraux et les Socialistes genevois mettent en oeuvre leurs promesses électorales de construire des logements ? Que faut-il faire pour que les Verts genevois mettent en oeuvre le projet d'agglomération qui consiste à densifier le coeur d'agglo et dont ils sont les initiateurs ?

Il y a un autre exemple de conflit entre des institutions suisses et des institutions européennes qui peut nous donner des pistes : le secret bancaire. La Suisse a fait de la complicité de fraude fiscale une industrie nationale. Une industrie qui spolie les pays de l'Union Européenne de quelques milliards d'euros chaque année. Cette industrie nationale n'est pas qu'un non sens éthique, c'est aussi un non sens politique et économique : on ne peut pas impunément spolier des pays avec lesquels on réalise 60% de son commerce extérieur. Bien sûr dans les discours publics chacun prétend défendre le secret bancaire... mais personne ne voit vraiment comment il pourrait être durablement défendu comme l'a montré plusieurs votes du parlement fédéral.

Les discussions actuelles avec l'Allemagne montrent l'impasse dans laquelle la Suisse s'est fourvoyée. La résolution du contentieux historique est chiffré à environ 10 milliards d'euros avec la seule Allemagne. Le chiffre se montera donc à environ 50 milliards pour l'ensemble de l'UE. Un chiffre qui ne prend en compte que la période qui n'est pas couverte par la prescription. Il faudrait régler ce contentieux et celui du dumpling fiscal accordé aux multinationales pour que les relations billatérales puissent repartir sur des bases saines... et la parité Franc Suisse/Euro revenir à ses fondamentaux.

Le diagnostic est clair et posé. Les solutions tout aussi claires. Mais le Conseil Fédéral et le Parlement ne réagissent que dans des situations de crise : risque de faillite de l'UBS notamment et du Crédit Suisse prochainement. Risque de crédibilité de la place bancaire Suisse avec l'utilisation de fichiers tout aussi frauduleux que l'évasion fiscale dont la Suisse se rend complice.

Même si tous les partis politiques suisses sont conscients que cette politique n'est pas tenable, aucun n'est en situation de le dire publiquement et de mettre en oeuvre les solutions alternatives : le premier parti suisse qui aura le courage de le faire sera dénoncé par ses partenaires et sanctionné immédiatement par une votation.Certains députés font même de la surenchère pour donner l'illusion aux Suisses que derrières les montagnes ils vivent sur une autre planète. Faute d'élus courageux, le peuple souverain suisse n'est pas dans la capacité d'anticiper les crises. Il ne peut réagir que lorsque la crise est là. Côté avantage cela garanti une stabilité juridique qui nous fait tant défaut en France.. côté inconvénient, la Suisse doit rentrer dans les murs pour commencer à les contourner.

On observe le même phénomène sur la question du logement à Genève. Les libéraux et les socialistes pour ne citer qu'eux savent pertinement qu'il faut construire BEAUCOUP plus de logements. Ni les uns ni les autres n'ont le courage de l'expliquer à leurs électeurs respectifs alors ils se renvoient la balle et voudraient imposer la construction de logements dans les communes de l'autre. Les Verts Genevois savent pertinement que moins il se construit de logements à Genève plus il se crée de pendulaires, plus la consommation d'espaces et d'énergie est importante ! Mais dans les communes ils continuent de flatter leurs électeurs avec une absence totale de courage politique.

J'en arrive à la conclusion qu'il ne se passera rien de significatif politiquement à Genève sur la question du logement tant qu'une situation de crise majeure ne permettra pas au souverain genevois de comprendre la gravité de la pénurie et l'ampleur des mesures à prendre : péréquation intercommunale bien plus ambitieuse que celle qui se prépare actuellement, révision du droit de l'urbanisme, doublement des objectifs de construction du plan directeur cantonal. Le déclassement des Cherpines c'est bien.. mais ce n'est franchement pas à la hauteur des enjeux : seulement 3000 logements supplémentaires alors que Genève attire 15000 habitants supplémentaires par an !!!

Le Genevois français est en situation de créer deux crises pour aider le souverain Genevois à prendre conscience de la situation :

1) un moratoire sur le développement des transports en commun transfrontaliers : continuons de provisionner les investissements conformément à nos engagements, mais gelons le démarrage des travaux tant que la question du logement ne sera pas rêglée. Les transports en commun tranfrontaliers n'améliorent en rien la circulation si dans le même temps faute de logements, Genève crée des milliers de pendulaires supplémentaires.

2) le refus de signer le prochain projet d'agglomération : un refus qui priverait le canton de Genève de toute subvention fédérale à ses infrastructures d'agglomération. Une pause de 4 ans dans le projet d'agglomération qui permettrait de mieux partager avec Genève les nuisances du modèle actuel subies par le Genevois français et le district de Nyon. Un refus qui permettrait de remettre les pendules à l'heure, l'objet du projet d'agglomération n'est pas seulement d'avoir des subventions de Berne sur des projets de transport en commun mais bien de concevoir une agglomération équilibrée.

dimanche, 26 juin 2011

Plan Directeur Cantonal : 100 000 Genevois licenciés de Genève (S.A.) d'ici 2030

Le plan directeur cantonal est actuellement en discussion. Plutôt paradoxal puisqu'il s'agit de la mise en oeuvre de la partie genevoise du second projet d'agglomération qui est encore en discussion avec le canton de Vaud et le Genevois français jusqu'à juin 2012. En résumé, Genève discute avec ses partenaires jusqu'à l'an prochain.. mais fige déjà son engagement à seulement 50 000 logements pour 2030. Un engagement qui va à l'encontre des principes du projet d'agglomération qui veut une agglomération "compacte, multipolaire et verte", puisque cela fige la croissance de logements à seulement 1% dans les limites cantonales contre 1,4% dans le district de Nyon et 1,6% dans le Genevois français : dans une agglomération compact la croissance urbaine devrait être plus forte au coeur de l'agglo qu'en périphérie !

C'est un véritable scandale non seulement pour les partenaires Vaudois et Français.. mais surtout pour les Genevois eux mêmes. En effet, par ses mécanismes fiscaux dérogatoires Genève prévoit d'accueillir environ 300 000 habitants supplémentaires pour 2030. Avec 50 000 logements supplémentaires, Genève ne pourra loger qu'environ 100 000 de ces nouveaux habitants. Sur les 200 000 restants, on peut légitimement estimer que la moitié aura plus de moyens que les Genevois pour s'installer au coeur de l'agglomération. Environ 100 000 habitants se logeront à Genève et obligeront environ 100 00 Genevois à faire leurs valises ! En raison de l'incohérence entre la politique fiscale et la politique du logement, les citoyens helvétiques seront devenus minoritaires dans le canton de Genève en 2030.

Lorsqu'on souligne celà à quelques élus Genevois ils relèvent les bienfaits pour les finances de l'Etat de cette politique fiscale aggressive. Mais celà fait une belle jambe aux Genevois que de savoir que leur canton se porte financièrement bien s'ils doivent pour cela le quitter. Genève est-elle une entreprise qui licencie ses contribuables les moins profitables pour servir des contribuables fortunés comme on sert des clients ? Ou Genève est-elle une société qui travaille à sa cohésion et dont les élus sont au service des habitants ?

Cette question pourrait relever du seul débat Genevois.. si elle n'avait de graves conséquences sur le Genevois français. Mais les 100 000 Genevois expulsés expulseront à leur tour 100 000 habitants du Genevois français. Les Maires des communes rurales du Genevois français sont obligés de construire trois fois plus de logements pour loger leurs jeunes car sur 3 nouveaux habitants, 2 sont des Genevois qui fuient la pénurie. Ces constructions se font au détriment de notre mobilité à tous. Les lits d'hôpitaux ferment faute de personnel qui ait les moyens de se loger : on compte jusqu'à 25% de turnover annuel dans les structures hospitalière ! Les enseignants sont contraints de se loger à 30km voir 50km.

Genève peut naturellement conduire n'importe quelle politique économique mais il est alors légitime qu'elle en assume au moins la moitié des conséquences urbaines. Le projet d'agglomération N°1 signé en 2007 fixait la proportion de logement à construire à 50% pour Genève, 40% pour le Genevois français et 10% pour le district de Nyon. Alors que la croissance démographique s'accélère Genève voudrait réduire son engagement de logement à seulement 1% de logements supplémentaires par an : un chiffre à rapprocher des 2% d'habitants supplémentaires par an, des 1% de logements nécessaires pour faire face à la décohabitation des ménages et aux 1% nécessaires pour remplacer les logements vétustes (surtout lorsque la LDTR fera tomber en ruine ses premiers immeubles, faute de rendre financièrement viable les rénovations).

Pour ma part je considère le plan directeur cantonal actuellement en discussion comme étant l'application du premier projet d'agglo de 2007. Un projet d'agglo rendu caduc par la hausse fulgurante de la croissance démographique. Le nouveau projet d'agglo de 2012 devra se traduire par un nouveau plan directeur cantonal d'environ 75 000 à 100 000 logements supplémentaires dans les limites cantonales d'ici 2030.

La question n'est plus de savoir si la jeunesse genevoise se révoltera contre ces politiques qui l'expulse, mais bien quand.

mardi, 24 mai 2011

Des élections à Singapour qui auront des conséquences pour l'agglomération genevoise

SingapourIl y a deux semaines ont eu lieu des élections législatives à Singapour.

Sur la scène mondiale, Singapour et Genève sont d'étroites concurrentes : toutes deux se positionnent comme des villes internationales destinées à accueillir des sièges continentaux de multinationales. Toutes deux sont positionnées sur les activités de marché, les activités bancaires en générales et la banque privée en particulier. Toutes deux connaissent des croissances économiques folles comparées à leurs environnements respectifs. A Singapour comme à Genève, cette croissance se fait au profit de l'Etat contrôlé par une élite influente, et au détriment de la majorité des habitants.

Les symptômes de la croissance sont les mêmes à Singapour qu'à Genève. Les Singapouriens sont pris en ciseaux entre un coût de la vie qui augmente très fortement en raison de l'arrivée massive de cadres internationaux d'une part et des rémunérations qui elles stagnent en raison de l'afflux d'ouvriers et d'employés chinois. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir ces cadres internationaux déménager de Genève à Singapour et réciproquement.

L'immobilier en particulier flambe. L'urbanisation y est galopante. Des quartiers entiers sortent de terre... et parfois même de la mer. Depuis 20 ans les gratte-ciels ont triplé de hauteur. Il y a bientôt 20 ans j'y ai travaillé dans une banque. A l'époque, nous occupions des bureaux dans un immeuble de 17 étages du front de mer. La mer y a été transformée en un nouveau quartier dont les immeubles atteignent désormais 60 étages.

Au milieu de cette croissance folle, la classe moyenne peine à joindre le deux bouts. Elle subit une croissance dont elle ne tire pas les fruits. Pendant que Singapour connait une très forte croissance, le pouvoir d'achat d'une majorité de Singapourien est lui en déclin.

Singapour n'est pas une démocratie ouverte et libre : presse sous contrôle du gouvernement, intimidation judiciaire de l'opposition ou sanctions financières exubérantes qui met les opposants en faillite et les prive de leur éligibilité. La dernière invention du gouvernement a été d'instaurer le suffrage majoritaire de liste qui permet de fondre une circonscription risquée au milieu de quatre autres et d'attribuer les 5 sièges au suffrage majoritaire. Ce système s'appelle "circonscription groupée". Jusqu'à présent ces artifices avaient permis de marginaliser l'opposition au parlement. Internet à pris de court ces législations qui restreignent la libre expression.

A première vue les dernières élections législatives ne vont pas changer grand chose à Singapour puisqu'à nouveau l'opposition ne dispose que de quelques sièges. Mais cette lecture serait trompeuse car de 75% des voix il y a 10 ans, le parti majoritaire (PAP) était tombé à 66% il y a 5 ans et à 60% cette année. La marge s'érode rapidement. Par ailleurs, l'opposition a pour la première fois remporté une "circonscription groupée" de 5 sièges. Les mécanismes majoritaires qui ont permis de marginaliser l'opposition jusqu'à présent pourrait tourner une prochaine législative en raz de marée.

Les mots d'ordre de l'opposition ont été multiples -il y a d'ailleurs plusieurs partis d'opposition-. L'abrogation des lois spéciales d'emprisonnement sans procès, l'indépendance de la presse et de la justice et la liberté d'expression figuraient en bonne place... mais certaines revendications de l'opposition ressemblait beaucoup à certaines préoccupations exprimées à Genève par le MCG : sans l'outrance, sans les approximations et avec un peu plus de QI qu'une otarie.

Le compte a rebours a commencé pour le PAP. L'alternance est désormais programmée à Singapour : peut être dans 5 ans seulement.. plus probablement dans 10 ans après le décès de Lee Kuan Yew, le "fondateur" du pays.

Cette évolution aura des conséquences dans le Genevois : le dumping fiscal si profitable aux Etats qui les pratique et si néfaste à leurs populations devient politiquement suicidaire à Singapour... comme à Genève. Les Singapouriens sont de plus en plus nombreux à vouloir une croissance qui soit à leur service et ne veulent plus être mis au service d'une croissance aussi forte soit elle. Si Singapour réduit son agressivité fiscale pour préserver sa stabilité politique alors Genève pourra et devra réduire la sienne également.

Cette croissance économique exubérante au profit d'une minorité a longtemps été possible dans le système oligarchique de Singapour. Mais même à Singapour il induit des pressions sociales qui menacent l'ensemble du système politique. Ce modèle tiendra d'autant moins à Genève où les moyens d'expressions populaires sont bien plus nombreux au travers de la démocratie directe.

 

PS : au fait, Singapour connait les mêmes problèmes que Genève en particulier et la Suisse en général... Contrairement à la Suisse il n'y a pas de billatérales à Singapour, mais il y a comme en Suisse des politiques fiscales dérogatoires pour les entreprises étrangères.