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lundi, 25 juillet 2011

Le mode de décision par consensus permet-il de résoudre les problèmes tant qu'il en est encore temps ?

La pénurie de logement à Genève dure maintenant depuis plusieurs décennies. Les élus Genevois continuent de se rejeter la balle : "il faut construire dans les communes socialistes" affirment les élus Libéraux, "dans les communes libérales" disent les socialistes, "nulle part" semble dire les Verts qui s'opposent aux densifications en ville, en zone résidentielle comme à Chêne-Bougeries aussi bien que sur les espaces agricoles !

Mois après mois la situation des Genevois se dégrade.. et celle du Genevois français et du district de Nyon qui voient les Genevois se loger en masse sur leur territoire, et leurs jeunes contraints eux mêmes à l'exil. Voilà plusieurs décennies que les élus français tirent toutes les sonnettes d'alarmes, participent à tous les PACA, signent une charte d'agglomération. Dans notre tradition politique, on résout tout avec des discussion... on oublie souvent que nos interlocuteurs politiques n'ont pas les pouvoirs de décider en démocratie directe.

Forcément, on est conduit à s'interroger : que faut-il faire pour que Genève respecte sa parole ? Que faut-il faire pour que les Libéraux et les Socialistes genevois mettent en oeuvre leurs promesses électorales de construire des logements ? Que faut-il faire pour que les Verts genevois mettent en oeuvre le projet d'agglomération qui consiste à densifier le coeur d'agglo et dont ils sont les initiateurs ?

Il y a un autre exemple de conflit entre des institutions suisses et des institutions européennes qui peut nous donner des pistes : le secret bancaire. La Suisse a fait de la complicité de fraude fiscale une industrie nationale. Une industrie qui spolie les pays de l'Union Européenne de quelques milliards d'euros chaque année. Cette industrie nationale n'est pas qu'un non sens éthique, c'est aussi un non sens politique et économique : on ne peut pas impunément spolier des pays avec lesquels on réalise 60% de son commerce extérieur. Bien sûr dans les discours publics chacun prétend défendre le secret bancaire... mais personne ne voit vraiment comment il pourrait être durablement défendu comme l'a montré plusieurs votes du parlement fédéral.

Les discussions actuelles avec l'Allemagne montrent l'impasse dans laquelle la Suisse s'est fourvoyée. La résolution du contentieux historique est chiffré à environ 10 milliards d'euros avec la seule Allemagne. Le chiffre se montera donc à environ 50 milliards pour l'ensemble de l'UE. Un chiffre qui ne prend en compte que la période qui n'est pas couverte par la prescription. Il faudrait régler ce contentieux et celui du dumpling fiscal accordé aux multinationales pour que les relations billatérales puissent repartir sur des bases saines... et la parité Franc Suisse/Euro revenir à ses fondamentaux.

Le diagnostic est clair et posé. Les solutions tout aussi claires. Mais le Conseil Fédéral et le Parlement ne réagissent que dans des situations de crise : risque de faillite de l'UBS notamment et du Crédit Suisse prochainement. Risque de crédibilité de la place bancaire Suisse avec l'utilisation de fichiers tout aussi frauduleux que l'évasion fiscale dont la Suisse se rend complice.

Même si tous les partis politiques suisses sont conscients que cette politique n'est pas tenable, aucun n'est en situation de le dire publiquement et de mettre en oeuvre les solutions alternatives : le premier parti suisse qui aura le courage de le faire sera dénoncé par ses partenaires et sanctionné immédiatement par une votation.Certains députés font même de la surenchère pour donner l'illusion aux Suisses que derrières les montagnes ils vivent sur une autre planète. Faute d'élus courageux, le peuple souverain suisse n'est pas dans la capacité d'anticiper les crises. Il ne peut réagir que lorsque la crise est là. Côté avantage cela garanti une stabilité juridique qui nous fait tant défaut en France.. côté inconvénient, la Suisse doit rentrer dans les murs pour commencer à les contourner.

On observe le même phénomène sur la question du logement à Genève. Les libéraux et les socialistes pour ne citer qu'eux savent pertinement qu'il faut construire BEAUCOUP plus de logements. Ni les uns ni les autres n'ont le courage de l'expliquer à leurs électeurs respectifs alors ils se renvoient la balle et voudraient imposer la construction de logements dans les communes de l'autre. Les Verts Genevois savent pertinement que moins il se construit de logements à Genève plus il se crée de pendulaires, plus la consommation d'espaces et d'énergie est importante ! Mais dans les communes ils continuent de flatter leurs électeurs avec une absence totale de courage politique.

J'en arrive à la conclusion qu'il ne se passera rien de significatif politiquement à Genève sur la question du logement tant qu'une situation de crise majeure ne permettra pas au souverain genevois de comprendre la gravité de la pénurie et l'ampleur des mesures à prendre : péréquation intercommunale bien plus ambitieuse que celle qui se prépare actuellement, révision du droit de l'urbanisme, doublement des objectifs de construction du plan directeur cantonal. Le déclassement des Cherpines c'est bien.. mais ce n'est franchement pas à la hauteur des enjeux : seulement 3000 logements supplémentaires alors que Genève attire 15000 habitants supplémentaires par an !!!

Le Genevois français est en situation de créer deux crises pour aider le souverain Genevois à prendre conscience de la situation :

1) un moratoire sur le développement des transports en commun transfrontaliers : continuons de provisionner les investissements conformément à nos engagements, mais gelons le démarrage des travaux tant que la question du logement ne sera pas rêglée. Les transports en commun tranfrontaliers n'améliorent en rien la circulation si dans le même temps faute de logements, Genève crée des milliers de pendulaires supplémentaires.

2) le refus de signer le prochain projet d'agglomération : un refus qui priverait le canton de Genève de toute subvention fédérale à ses infrastructures d'agglomération. Une pause de 4 ans dans le projet d'agglomération qui permettrait de mieux partager avec Genève les nuisances du modèle actuel subies par le Genevois français et le district de Nyon. Un refus qui permettrait de remettre les pendules à l'heure, l'objet du projet d'agglomération n'est pas seulement d'avoir des subventions de Berne sur des projets de transport en commun mais bien de concevoir une agglomération équilibrée.

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