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mardi, 13 mars 2012

C'est la faute aux Genevois !

L'excellente note du jour de Guy Mettan, député au Grand Conseil Genevois, ne peut rester sans réponse.

Oui bien sûr la région se porterait mieux si Genève construisait assez de logements pour les Genevois. Je ne suis certainement pas le dernier à affirmer comme le fait Guy Mettan que c'est la faute des décisions prises (ou plutôt pas prises) par les décideurs genevois qui conduit aux déséquilibres actuels. Si la question du logement à Genève est au coeur de toutes les autres (mobilité, sécurité, pouvoir d'achat), nous devons nous aussi reconnaitre et corriger nos propres erreurs.

Mais est-ce la faute des Genevois si nous sommes incapables de penser l'aménagement du Genevois français de manière cohérente au delà des limites des paroisses du XVIIième siècle qui sont devenues nos communes d'aujourd'hui ? Est-ce la faute de Genève si notre territoire se mite ? Est-ce la faute des Genevois si nous construisons les logements de manière si éparpillées un peu partout dans chaque commune que nous sommes ensuite incapables de développer les transports en commun pour ces nouveaux habitants ? Est-ce la faute de Genève si nos communes ont largement de quoi financer les projets qui leur tiennent à coeur mais qui ne sont sans doute pas aussi urgents que le développement des transports en commun et qu'à l'opposé nos communautés de communes n'ont pas les moyens de mener à bien les projets qui comptent ? Est-ce la faute de Genève si nous n'avons pas su utiliser les fonds cantonalisés sur les projets les plus importants pour les habitants ? Est-ce la faute de Genève si nos mairies sont refaites à neuf, mais nos bus inexistants ? Est-ce la faute de Genève si nos communes, intercommunalités, départements et régions négocient jusqu'à la dernière minute pour payer le moins possible des projets comme le CEVA que chacun juge essentiel ? Est-ce la faute de Genève si nos élus se bercent encore d'illusion sur la volonté des multinationales de s'implanter dans le Genevois français plutôt que d'accompagner le développement fulgurant des entreprises locales et de cibler des entreprises pour lesquels notre territoires à tous les atouts ? Est-ce la faute de Genève si la Haute-Savoie est le département de France l moins équipé en transports en commun et où le nombre de voiture par habitant est le plus élevé ? Est-ce la faute de Genève si les promoteurs immobiliers font des marges outrageuses de 40% parce que les collectivités n'imposent pas de contraintes assez fortes ? Est-ce la faute de Genève si nous n'avons pas fait assez de réserves foncières quand il en était encore temps ? Est-ce la faute de Genève si Bernard Accoyer intervient systématiquement pour sappé tout le travail des élus français concernant l'agglomération ? Est-ce la faute de Genève si nous sommes incapables d'harmoniser les positions françaises ? Est-ce la faute de Genève si nous sommes incapables de coordonner nos positions avec les Vaudois ? Est-ce la faute de Genève si la France faute d'exporter a l'un des taux de chômage les plus fort d'Europe et que l'on vient de tout le pays pour travailler tout simplement ? Est-ce la faute de Genève si nos documents d'urbanismes ne cadre pas les typologies d'appartements et que nous ne produisons pas assez de logements accessibles pour les salariés en euros ? Est-ce la faute de Genève si nous nous sommes révélés incapables de développer suffisament tôt et suffisament fort le co-voiturage ? Est-ce la faute de Genève dans les rencontres transfrontalières comme dans les médias genevois peu d'élus mettent franchement les problèmes sur la table ? Est-ce la faute de Genève si trop d'élus Français méconnaissent les institutions et les élus genevois, et trop peu d'élus français expliquent le fonctionnement des institutions françaises à leurs homologues ?

Comme Guy Mettan, je pourrai continuer, mais par charité je limite provisoirement ma liste à ces quelques questions. Chères lectrices, Chers Lecteurs, je sais qu’il existe de nombreuses personnes parmi vous pour répondre honnêtement à ces questions et reconnaître que les Genevois français, aussi géniaux soient-ils, ne sont peut-être pas vierges de tous défauts dans la gestion de la région. Mais en attendant, je ne me fais pas d’illusion et je sais que ces propos, dès qu’ils seront sur internet, seront accueillis par des tombereaux d’injures. Certains m’accuseront même de trahir la patrie. C’est sans importance car si nous voulons résoudre nos problèmes il faudra bien, un jour, accepter de les poser sur la table tels qu’il sont et non tels qu’on aimerait qu’ils soient.

Commentaires

premiere raison, les politiques territoriales nationales, puis regionales. On est encore dans un modele tres centralise et il ne faut pas s'etonner que les peripheries se sentent delaissees ou que l'amenagement y soit "anarchique".
deuxieme raison on est dans une logique transfrontaliere. La frontiere n'est pas une limite dans ce cas comme pourrait l'etre une mer ou un ocean. Au contraire, c'est un espace d'attraction et d'interaction. Cependant le model francais n'aide pas.
troisieme raison, un element socio-societal: le mitage du territoire resulte du modele "ma maison, ma voiture, mon travail". Rien dans ce modele ne permet la place au transport en commun. Pour arriver a proposer des solutions il faut repenser les modes de transport. Je pense qu'en partie le CEVA le fait. Mais il en faudrait d'autre. Car dans un sens je vois mal la personne travaillant dans l'industrie (soit en periphie de geneve ville), prendre sa voiture pour aller au parking du CEVA, puis ensuite prendre un tram, puis un bus, puis finir a pied pour aller a son travail.

Écrit par : Gabriel | mardi, 13 mars 2012

Bravo Antoine pour ce magnifique papier.

Comme quoi il y en a aussi pour nos chers maires qui ne pensent qu'a leur gloire postume.

Mutualisons un maximum les moyens
Afin d'avoir des transports publics pour tous efficaces sur tout le genevois.

Prolongeons la ligne D navette jusqu'a Vulbens.
Prolongeons la ligne D qui s'arrète a vitam parc jusqu'au Chable
Prolongeons la ligne qui s'arrète a Croix de rozon jusqu'a Archamps
Ayons une ligne de bus efficace qui relie Collonges à Saint Julien.

Quand nous avons des transports publics efficaces nous les prenons
=
Moins de voitures sur les routes
Moins de parkings relais de stockage
Moins de polution
Moins de bruit
Des routes moins encombrées.

Stop à la folie furieuses de certains maires et leurs réalisations somptueuses et a leur seul gloire.

Utilisons l'argent public de façon efficace !
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Écrit par : bruno | mardi, 13 mars 2012

@ bruno

Je pense effectivement qu'il faut mettre des moyens dans les transports publics mais pousser les lignes de bus jusqu'à Vulbens me semble utopique d'un point de vue financier et en terme de mode de vie. Il faut surtout arrêter d'urbaniser Vulbens ! C'est un puits sans fond ! Imaginer une seconde qu'un travailleur puisse rejoindre le centre de Geneve avec la ligne D depuis Vulbens c'est méconnaitre les temps de trajet en ligne D depuis Valleiry ou même Viry. Pourquoi pas ne pas prolonger la ligne D jusqu'à Seyssel ou Bellegarde ?

Je crois plutôt à du rabattement en voiture vers des pôles de transport public efficient (Bernex ou St Julien avec ou sans tram !) et à des voies reservées au bus.

A suivre...

Écrit par : thomas | mercredi, 14 mars 2012

@Thomas & Bruno :
Je suis d'accord avec Thomas : la prolongation de la ligne de bus justqu'à Vulbens coute 75 000 euros à la collectivité, un montant équivalent au doublement des cadences jusqu'à Valleiry. Prétendre que Vulbens serait desservi sous prétexte que qq bus iraient jusque là serait sans doute efficace en terme de communication mais totalement innefficace pour les habitants de Vulbens. L'intérêt des habitants de Vulbens c'est plutôt d'avoir un bus toutes les 30 mn à Valleiry qu'un bus toutes les heures à Vulbens. D'une part en raison des cadences dont ils pourront bénéficier mais aussi parce que plus les habitants de Valleiry prendront le bus, plus ceux de Vulbens pourront circuler.

A cette exception prêt je suis plutôt d'accord avec le commentaire de Bruno (même s'il est un peu excessif).

Amicalement

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | jeudi, 15 mars 2012

Bonjour Antoine,

Comme souvent, j'apprécie votre analyse même si je ne partage pas les 100% de vos opinions.
Je partage complètement votre point de vue quant au transport en commun à Vulbens qui me semble une aberration.

En revanche, vous parlez souvent d'urbanisation à outrance à Vulbens et je trouve cela très exagéré de votre part.
Que se passe-t-il dans les autres communes du Genevois depuis 10 ou 20 ans ? Le même constat d'explosion des constructions.

Par ailleurs, vous ne devez pas connaitre les habitants des immeubles de Vulbens. Ce sont pour la plupart des jeunes de ce village ou des villages alentours qui ne souhaitent pas forcément vivre à Saint-Julien ou Valleiry.

La construction de logements en campagne est nécessaire et répond à une demande.
Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites qu'il faut centraliser, mutualiser, pour réduire les dépenses. C'est même indispensable. Mais n'ayons pas la mémoire courte et ne refaisons pas les erreurs du passé. J'ai peur que l'on revienne, a terme, à une ghettoïsation quand j'entends les propos de certains élus.
En ce sens, j'espère que la construction, peut etre plus modérée et contrôlée, de logements communs et sociaux puisse continuer au delà de la ville centre.

Cordialement.

Franck

Écrit par : Franck | dimanche, 01 avril 2012

Bonjour Franck,

Je n'ai pas souvenir d'avoir employé cette expression effectivement excessive. L'urbanisation de Vulbens est sans doute elle même excessuive mais le terme d'"outrance" va bien au delà. Excessive simplement par rapport aux problèmes de mobilité. La circulation devient déjà très difficile dans le canton et 3000 logements sont déjà autorisés à la construction. Ils seront livré dans les deux à trois prochaines années et occasionneront une circulation supplémentaire de 6000 à 8000 véhicules qui ensemble occuperont 24km de voie publique ! Soit ces habitants se logent à St Julien, Collonges, Viry et Valleiry et ils pourront utiliser des transports en commun dont nous pourrons augmenter les cadences.. soit ils vont se loger à Vulbens et ailleurs et ils se déplaceront en voiture et plus personne ne pourra circuler.

J'entends bien la remarque sur le fait que tout le monde ne veut pas vivre à St Julien, Viry, Valleiry.. mais l'intérêt général c'est que nous préservions les espaces naturels et agricoles et que nous puissions tous nous déplacer. L'enjeu c'est donc de concevoir une urbanisation nouvelle qui donne envie aux habitants de vivre dans des lieux denses. Bien loin des erreurs du passé. Une densification désirable. Une densité de qualité.. le contaire de ce qui a été fait à St Julien dans le quartier de Paisy, plus proche de ce qui est en train d'être fait à Chabloux (avec des voies de circulation en plus).

A mon avis c'est le principal enjeu du nouveau SCOT et des prochains PLU : la densité de qualité avec des murs végétalisés, des parcs, des espaces verts, des jeux pour enfants qui figurent dans les règlements d'urbanisme.

Amicalement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | dimanche, 01 avril 2012

J'ai entendu il y a quelques temps parler que l'un des problèmes majeurs de la région rhône Alpes est le mitage de l'espace. Il semblerait ainsi que chaque commune ou inter-commune a sa propre logique et politique d'aménagement du territoire. Mais Antoine, y-t-il une logique globale aux niveaux de notre département (qui doit prendre en compte son interaction transfrontaliere), surtout pour éviter le mitage du territoire et la densification de l'habitat?

Écrit par : Gabriel | lundi, 02 avril 2012

Gabriel,

C'est effectivement un pb majeur pour Rhône Alpes.. mais c'est aussi un pb français. Un ami Singapourien importateur de vin qui avait voyagé successivement en Toscane et dans le Bordelais me décrivait les deux régions : "En Toscane il y a un très beau village, 15km de très beaux paysages de campagne et un autre très beau village. Dans le bordelais il y a des maisons tout le long." J'ai beaucoup réfléchit à cette remarque pour essayer de comprendre pourquoi nous avons été aussi mauvais en France. La différence c'est qu'en Toscane il y a un maire tous les 15km alors que dans le Bordelais il y a un maire tous les 3km.

Il y a bien un directive territoriale des Alpes du Nord de l'Etat qui a pour objet d'améliorer l'aménagement du territoire. Mais à force de lobbying les parlementaires UMP ont fait en sorte que cette directive territoriale ne soit pas opposable.. c'est à dire qu'elle n'ait aucune incidence juridique sur les SCOT et les PLU.

Depuis plusieurs mois, avec d'autres conseillers généraux de la commission aménagement, nous poussons pour que le département assume ses responsabilités et émette des avis tranchés et fort sur les documents d'urbanisme des communes pour éviter le mitage. Jusqu'à présent le département de la Haute-Savoie ne se préoccupait que des impacts des PLU sur la voirie départementale et ses accès. Il doit dorénavant prendre position contre les constructions étalées qui engendrent des coûts publics exponentiels de réseaux, de collectes de déchets, d'infrastructure, de transport scolaire et interurbains. Un aménagement destructeur de notre environnement autant que de la compétitivité de nos entreprises par les coûts qu'ils induit.

Le Grenelle de l'environnement va aider. Les SCOT aussi. Mais la vrai avancée rapide que l'on peut avoir c'est un transfert de la compétence urbanisme des communes aux intercommunalités... afin que le classement de terrain en zone constructible ne soit pas guidés par les intérêts patrimoniaux de conseillers municipaux propriétaires mais bien par l'intérêt général d'un aménagement du territoire ordonné.

Cordialement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard (St Julien en Genevois) | mardi, 03 avril 2012

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