« lun. 22 juil. - dim. 28 juil. | Page d'accueil
| lun. 12 août - dim. 18 août »
mardi, 30 juillet 2013
Les médias et les préjugés
On pourrait penser que les médias ont pour mission d'informer. Une information par définition doit avoir un caractère de nouveauté. A peu près le contraire d'un préjugé. Il fut un temps où plus un journal annonçait des informations exclusives, plus son lectorat se développait. A lire les articles les plus lus dans la presse de ces dernières semaine on se demande si dorénavant les lecteurs de la presse ne cherchent pas au contraire à se conforter dans leurs préjugés plutôt qu'à la recherche d'informations nouvelles. J'aimerais vous faire part de deux expériences de ces deux dernières semaines.
Il y a deux semaines environs je suis contacté par une journaliste qui enquête sur le phénomène des Suisses résidant en France et qui reviennent en Suisse. Selon les premiers éléments d'informations il s'agirait de personnes inquiètes des dispositions prévues sur l'assurance maladie ou sur les conventions de double imposition. Je lui réponds que j'ai effectivement lu un article sur le sujet dans un autre journal. De mon côté, il se trouve qu'un résident de St Julien de nationalité Suisse vient de m'informer de son départ de St Julien mais j'en ignore encore la raison. Je m'engage à contacter la personne et à la rappeler. Je le fais immédiatement. La personne en question m'informe que s'il revient en Suisse c'est parce que son employeur l'exige ! La clause est indiquée dans son contrat de travail et avec même une échéance. Une clause totalement illégale en vertu des accords bilatéraux de libre circulation. Un Suisse à le droit d'habiter en France et personne n'a le droit de lui limiter ce droit.
Il se trouve que quelques semaines plus tôt j'ai rencontré une Suissesse installée en France. Elle m'explique les difficultés qu'a son fils à trouver du travail avec une adresse en France. Elle aussi, pour échapper aux discriminations contre les Suisses résidant en France a décidé de rapatrier son fils sur une adresse fictive à Genève.
Je fais part de ces cas à la journaliste qui m'appelle. Au sujet de l'assurance maladie et de la convention de double imposition, je lui fais remarquer qu'en cas de retour en Suisse l'assurance maladie est plus chère en Suisse que la CMU et que les droits de successions en France exonèrent d'impôts 80% des familles au travers des multiples abattements et déductions.
Quelques jours plus tard, je lis l'article dans la presse... et ne trouve principalement que les clichés habituels sur une France aux impôts confiscatoires qui tente d'échapper à la faillite en s'en prenant à la Suisse. Un article bien éloigné des faits que j'ai pu constater.
Je recontacte la journaliste pour lui faire remarquer que l'article ne correspond pas vraiment aux faits que j'ai pu constater. Au minimum, elle aurait pu mentionner ces cas de discrimination contre les Suisses résident en France. Qu'à cela ne tienne, un nouvel article est prévu justement cette semaine sur la discrimination. Je lui rappelle les deux cas de discrimination qu'ont vécus ces deux Genevois installés en France. Elle enquête auprès de responsables de ressources humaines et de cabinet de recrutement qui font part de discriminations. Elle constate des annonces qui confirment ces discriminations. Une étude de l'université de Genève le confirme également. Je lui cite un autre cas d'une personne à qui ses interlocuteurs du Département de l'Instruction Publique ont clairement répondu que sa candidature donnait entière satisfaction mais que dans le contexte politique actuel ils ne pouvaient pas recruter un frontalier. Les enfants auront donc un enseignant moins qualifié... mais Genevois. Au total, les trois cas de discriminations sont donc : 2 Suisses discriminés pour leur résidence en France et 1 Français discriminé pour sa nationalité. Quelques jours plus tard, je lis l'article dans la presse : on y parle des clichés habituels sur la légendaire paresse française. Il y a forcément des paresseux en France comme dans tous les pays du monde... mais de là à généraliser c'est absurde.
Je ne jette pas la pierre ni à la journaliste ni à sa rédactrice en chef : vu la situation financière de la presse dans le monde, ils doivent vendre pour survivre. Je m'interroge plutôt sur notre comportement de lecteur : pourquoi achetons-nous la presse qui nous conforte dans nos préjugés plutôt que celle qui nous surprend ? Serait-ce parce que au fur et à mesure que la population vieilli elle est de moins en moins agile pour appréhender un monde qui change ? Aurions-nous besoin de la stabilité de nos préjugés pour faire face à tous ces changements ? Ce serait inquiétant, le signe du déclin lorsque les certitudes du passé sont plus enthousiasmantes que le monde qui nous reste à construire.
En France aussi on adore ces clichés : l'article est repris par près de la moitié de la presse française. Pour la presse de droite c'est un bon moyen de dénoncer sous une forme nouvelle les 35h, le syndicalisme ou encore la perte de valeur du travail en France. Une bonne psychothérapie de groupe pour un pays qui sait qu'il devra de toute façon travailler plus longtemps. La Suisse en sort endommagée aussi : un pays dans lequel les DRH utilisent des clichés nationalistes pour recruter les politiques ne respectent pas les traités internationaux ! Voilà qui est bien éloigné de l'ambition de métropole internationale de Genève !
Dans les deux cas, l'article ne correspond pas à ce que j'ai pu constater sur le terrain.
09:24 | Commentaires (4) | |
Facebook | |
Imprimer |
lundi, 29 juillet 2013
Il y a enfin un remède à la paresse des Français !
Un article paru ce week-end dans le Matin Dimanche et repris dans la Tribune de Genève, nous donne enfin un remède à nous autres Français pour nous guérir de notre paresse légendaire... il nous suffit de résider 5 ans en Suisse et de faire une demande de Permis C. En effet, les quelques recruteurs interrogés expliquent qu'ils ont eu des expériences avec des Français qui se sont révélés paresseux et que depuis ils limitent leurs recrutements aux Suisses et aux Permis C qui, par définition résident en Suisse depuis plus de 5 ans.
C'est une excellente nouvelle pour toutes les infirmières paresseuses qui soignent les Genevois de nuit, pour tous les chauffeurs de bus paresseux qui se lèvent à 5 heures du matin pour transporter les habitants de toutes les nationalités de notre agglomération ou encore pour les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration pas moins paresseux qui travaillent après la tombée de la nuit à servir les habitants dans les hôtels et restaurants. Trois professions dans lesquels ont compte une très grande proportion de frontaliers qui donc, d'après ces "professionnels" des ressources humaines sont nécessairement paresseux... puisque Français. Il leur suffit désormais de vivre 5 ans en Suisse pour se guérir de leur légendaire paresse. Il faudra qu'ils fassent quelques économies pour s'offrir un tel diplôme.
On ne sait pas encore si le traitement est efficace pour l'arrogance... j'en doute... j'ai vécu 17 ans en Suisse, j'ai même obtenu le "diplôme du permis C" et manifestement, à en juger par les réactions de quelques commentateurs sur ce site, peut être des DRH, mes points de vue sont par définition arrogants, puisque Français.
Mais à l'opposé, puisque 5 années de résidence permettent de guérir de la légendaire paresse française, nous devons être extrêmement inquiet de ce qui va advenir des 2500 Genevois qui chaque année sont contraints d'aller s'installer en France faute de logements. Vont ils à l'opposé devenir paresseux après 5 ans ? Ainsi donc, l'efficacité économique de notre agglomération commande de construire plus de logements à Genève pour éviter que la paresse française ne contamine la population genevoise.
C'est peut être parce que les Genevois vivent de plus en plus en France, et que donc ils deviennent de plus en plus paresseux, que petit à petit, on observe de moins en moins de candidatures Genevoises dans les postes les plus durs du domaine de la construction par exemple.
Puisqu'il ne faut pas généraliser, je me réjouis qu'il y ait aussi dans l'agglomération genevoise des responsables des ressources humaines compétents : ils évaluent les candidats en fonction de ce qu'ils sont et de ce qu'ils ont prouvé plutôt que sur la base de la nationalité et de leur naissance. Je me réjouis qu'il y ait aussi dans notre agglomération genevoise des responsables de ressources humaines qui lorsqu'ils font l'expérience d'un Français paresseux, ne concluent pas que les Français sont paresseux. Des professionnels capablent de juger des candidats en s'affranchissant des préjugés et des lieux communs qui font tellement de bien au chiffre d'affaire des médias. Je me réjouis qu'il y ait aussi dans notre agglomération genevoise des professionnels des ressources humaines qui savent que la prospérité de l'organisation pour laquelle ils travaillent et donc de l'économie de notre agglomération est de recruter sur la base des compétences. Je me réjouis qu'il y ait aussi dans notre agglomération des professionnels des ressources humains qui respectent tout simplement les lois. A coté de ces recruteurs professionnels, il y a sans doute aussi quelques paresseux qui se contentent de clichés ! Des paresseux, il y en a dans tous les pays du monde !
Mais surtout, je me réjouis qu'il y ait tant de responsables politiques suisses qui s'engagent pour que la Suisse respecte à la lettre les engagements pris dans les accords de libre circulation et dont bénéficient tant l'économie suisse et les centaines de milliers de Suisses installés dans les pays de l'Union.
18:59 | Commentaires (1) | |
Facebook | |
Imprimer |