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vendredi, 29 avril 2016

La loi nous impose d'accorder un permis de construire sur des terres agricoles à Norcier

La semaine dernière, la commune a dû accorder un permis d'aménager sur une parcelle agricole déclassée par le Plan Local d'Urbanisme... et qui redeviendra agricole dans quelques semaines. Nous le regrettons, mais le jugement du tribunal administratif de Grenoble et la loi nous impose d'accorder ce permis qui dénaturera le hameau de Norcier.

Pour ceux que le sujet intéresse, vous trouverez ci-dessous une lettre que nous avons adressé aux habitants de Norcier.

 

 

 

Saint-Julien-en-Genevois, le 29 avril 2016

 

A l’attention des habitants de Norcier

 

 

Madame, Monsieur,

Un permis d’aménager a été accordé par la mairie, à Norcier, pour un projet qui va dénaturer le hameau. Je m’oppose à ce projet depuis 8 ans. J’aimerais vous expliquer ce qui nous oblige à accorder ce permis.

Quelques mois après les élections municipales de 2008, la précédente municipalité de Saint-Julien avait lancé une révision simplifiée du Plan Local d’Urbanisme. Son objectif unique était de rendre constructible un terrain appartenant à une seule et unique famille de la commune, dans le hameau de Norcier.

Elu communal, je m’étais opposé à cette révision simplifiée, tant au Conseil municipal qu’au travers d’un recours au Tribunal administratif. Recours que j’ai déposé et financé en mon nom personnel. Il me semblait que l’ensemble des politiques publiques doivent viser une proximité entre les nouvelles habitations et les réseaux de transport afin de ne pas ajouter à l’engorgement des routes et de réduire les coûts publics de réseaux. Elles doivent viser à préserver les espaces naturels et agricoles. Elles doivent également veiller à concevoir l’aménagement en fonction uniquement de l’intérêt général sans jamais prendre en compte de considérations patrimoniales privées. Or dans ce cas, et à ma connaissance c’est unique dans le Genevois, il s’agissait par cette procédure lourde, avec enquête publique, de rendre constructible une parcelle appartenant à une seule famille, lui permettant ainsi d’augmenter son patrimoine d’environ 750 000 euros.

Avant même que mon recours ne soit jugé, le Plan local d’urbanisme a été annulé en 2011 conduisant automatiquement à l’annulation de la révision simplifiée et donc de la constructibilité de la parcelle de Norcier. Il n’était plus possible de construire sur cette parcelle.

Mais la précédente majorité municipale, qui devait adopter un nouveau PLU, a décidé d’y introduire de nouveau la constructibilité du terrain de Norcier. Ce nouveau PLU a été adopté 3 mois avant les élections municipales. De nouveau, je m’y suis opposé au Conseil municipal, mais cela n’a pas suffi et la famille a déposé une demande de permis d’aménager.

Un espoir est intervenu très rapidement, puisqu’un nouveau Schéma de Cohérence Territoriale a été adopté par la Communauté de communes du Genevois le 17 décembre 2013. Ce schéma interdit toute extension urbaine dans les hameaux dont Norcier. La commune s’est alors trouvée obligée de se mettre en conformité avec ce document, et donc de rendre de nouveau ce terrain non constructible, en adoptant un nouveau PLU. Mais il s’agit là d’une procédure très longue, et la famille avait déjà déposé sa demande de permis d’aménager.

Au vu du projet risquant de dénaturer le hameau de Norcier, le Maire-adjoint à l’urbanisme de la précédente équipe municipale a opposé un sursis à statuer à la demande de permis le 12 février 2014. Ce sursis à statuer permet de reporter la décision à l’adoption du nouveau Plan Local d’Urbanisme.

Mais la famille a déposé un recours auprès du Tribunal administratif. Celui-ci vient de rendre sa décision : il a jugé illégal le sursis à statuer de la commune et nous oblige à statuer conformément au Plan local d’urbanisme adopté par la précédente équipe municipale en décembre 2013. Un appel ne serait pas suspensif.

Nous avions précisément engagé une modification du PLU pour que ces terrains redeviennent agricoles. Le Commissaire enquêteur vient de nous remettre son avis favorable et les terrains redeviendront agricoles dans quelques semaines… mais trop tard.

En effet, le permis d’aménager étant conforme au Plan Local d’Urbanisme adopté en décembre 2013, à notre grand regret et après avis de notre avocat, nous avons donc l’obligation légale d’accorder ce permis d’aménager faute de quoi la Commune pourrait être condamnée par le même tribunal administratif. Nous regrettons sincèrement d’avoir à gérer ce passif. Ces constructions contribueront à dénaturer le hameau de Norcier et les paysages de la plaine de l’Aire pour les décennies à venir.

Nous espérons que ces constructions nous rappelleront longtemps, face aux générations futures, à quel point il est important de préserver les espaces naturels et agricoles et l’identité des hameaux, et qu’elles nous rappelleront que les questions d’aménagement et d’urbanisme doivent bien sûr être traitées sans aucun lien avec des questions patrimoniales et électorales.

Alors que la Commune travaille actuellement à la révision de son Plan local d’urbanisme, il nous semble important de rappeler à l’ensemble des propriétaires fonciers que le Schéma de Cohérence Territoriale interdit toute extension urbaine dans les hameaux.

Vous pouvez compter sur notre détermination à appliquer ces principes de bon sens avec vigueur pour les années à venir dont nous avons la responsabilité.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de ma profonde considération.

 

Antoine Vielliard

Maire de Saint Julien en Genevois

18:07 | Commentaires (4) | |  Facebook | |  Imprimer | |

Commentaires

Venez tous voir à quoi ressemble l'identité du hameau de Norcier depuis les dernières constructions autorisée depuis que mr Viellard est maire.Ensuite nous pourrons débattre.

Écrit par : parrod | samedi, 30 avril 2016

bonjour ANTOINE,
je ne suis pas surpris par ce papier car ta position a toujours été de la même fermeté depuis le début de ce périple .Je suis par contre étonné de voir que l'on puisse remué ciel et terre pour 4 futures maisons (dont 2 ne verront certainement jamais le jour ) et que rien ne soit souligné pour la construction de 105 appartements au beau milieu de hameau de cervonnex,sachant que là tout est conforme par rapport au SCOT et au PLU et que la signature de l'adjoint à l'urbanisme était donc inéluctable.Il aurait été opportun à mon avis de prendre position d'une manière similaire pour les habitants de ces 2 hameaux ,celui de lathoy et ternier n'étant pas mieux lotis .Je pense très sincèrement que ces 4 futures constructions ne péjoreront en rien la quiétude et le charme du hameau de norcier qui reste somme toute épargné par l'urbanisation galopante qui touche depuis des années notre commune.
bien à toi.

M.MIVELLE LAURENT
Conseiller municipal

Écrit par : mivelle laurent | lundi, 02 mai 2016

Bonjour,

je comprends votre point de vue et c'est respectable mais est-ce que vous pensez aux habitants de St-Julien qui habitent en immeubles et qui souhaitent rester sur la commune, tout en acquérant une petite maison, c'est ce à quoi nous aspirons tous et pourtant cela devient quasiment impossible, faute de terrains.

J'habite à St-Julien depuis 39 ans et je suis à la recherche d'un bien en proche campagne et cela fais maintenant plusieurs années que je recherche.

Quelles solutions pourriez-vous nous apporter si vous fermez toutes négociations aux propriétaires de parcelle, sommes-nous condamné à rester dans nos immeubles, qui cela dit, deviennent invivable car trop les uns sur les autres, et beaucoup trop de logements sociaux.

Faites quelque chose pour les enfants de St-Julien pour nous permettre de croire à un avenir serein dans la commune ou nous vivons depuis toujours.

Cordialement.

Écrit par : Mermier | samedi, 07 mai 2016

@Parrod : Les permis de construire qui sont accordés actuellement le sont sur la base du Plan Local d'Urbanisme voté en décembre 2013. Nombreux sont ceux qui regrette la "qualité architecturale" des nouvelles constructions à Norcier. En particulier, les quatres constructions qui se situent sur le côté Est du village de Norcier. Cependant, c'est une chose de faire une erreur passive pour n'avoir pas précisé de règlement architectural... s'en est une autre que de faire l'erreur active en étendant l'urbanisation à des parcelles agricoles. S'en est encore une autre de le faire sur des considérations patrimoniales privées dans une absence totale d'équité entre les habitants.

@Laurent Mivelle :
Comme indiqué dans la précédente réponse, on ne peut pas mettre sur le même plan des droits à bâtir historiques et une extension d'urbanisation. S'agissant de Cervonnex, il n'y a eu qu'une confirmation de droits à bâtir existants et pas d'extension. S'agissant de Norcier on parle bien d'extension sur des terrains agricoles. Pour notre part, dans le cadre du Plan Local d'Urbanisme et du Schéma de Cohérence Territorial, nous avons travaillé avec les porteurs de projets pour améliorer la qualité architectural du projet, l'interface avec la route et les espaces verts ce qui a grandement permis d'améliorer le projet d'ensemble.

@Mermier :
La loi et le schéma de cohérence territoriale rendra de plus en plus difficile la construction de nouvelles maisons individuelles. La maitrise de vos impôts, votre qualité de vie, votre capacité à vous déplacer commandent aussi que l'on mette un terme au mitage du territoire induit par les maisons individuelles.

D'abord parce qu'une maison individuelle coûte environ 5 fois plus chère à la collectivité en terme de réseaux d'eau, d'assainissement, d'eaux pluviales, de voirie, de transport, de déchet, d'énergie, de téléphone, de raccordement numérique.. et que la France n'a tout simplement plus les moyens d'assumer de telles charges.

La maison individuelle rend également impossible le développement de réseaux de transport. En effet, pour que les déficits de transports soient supportables pour les collectivités il faut un minimum de 60 logements à l'hectare tout le long du parcours de ces dits transports. L'excès de maisons individuelles à conduit à l'engorgement généralisé des voies de circulation et aux dépassement réguliers des normes de pollution.

Par ailleurs, la maison individuelle consomme beaucoup trop de foncier agricole. Savez vous que le Genevois français au cours des 10 dernières années a consommé 10 fois plus de foncier agricole que le canton de Genève ! Nous avons pourtant besoin de terres agricoles pérennes pour avoir des exploitations agricoles pérennes.

Cela pose un autre défi sous entendu dans votre question : comment concevoir des villes agréables à vivre. Il faut pour cela des parcs et des jardins. Il faut de la qualité architecturales, des espaces publics. C'est ce à quoi nous travaillons avec le futur PLU ou dans les discussions que nous avons sur les futurs projets.

bien cordialement,

Antoine Vielliard

Écrit par : Antoine Vielliard | jeudi, 12 mai 2016

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