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vendredi, 12 juillet 2019

Les minorités constructives et les oppositions stériles

Ce que les Français désignent sous le terme d'opposition, les Suisses l'appellent minorités. Cela change considérablement la manière d'aborder le débat public.

Les minorités expriment des points de vue dans le débat public pendant que les oppositions se contentent de "jouer leur rôle" comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre. Les échanges constructifs entre majorités et minorités dans les médias suisses peuvent être passionnants, les invectives courues d'avance entre majorités et oppositions rendent les médias français insupportables à écouter.

Les minorités proposent pendant que les oppositions critiquent. Les minorités disent ce qu'elles pensent, les oppositions disent le contraire des majorités.

Les minorités viennent aux assemblées délibérantes en se souciant dans leurs interventions à être utiles aux habitants, les oppositions y viennent en se souciant de ce qui pourrait être néfaste aux exécutifs. Les minorités cherchent à être cohérentes avec leurs valeurs, leurs projets, les oppositions cherchent la petite bête et se soucient peu de cohérence dans le temps.

Les minorités contribuent aux débats, les oppositions aux polémiques.

Les minorités réfléchissent et travaillent, les oppositions attendent leur tour.

Les minorités respectent les majorités et réciproquement. A St Julien, une conseillère d'opposition et quelques uns de ses proches, refusent de me saluer lorsque je leur tend la main pour leur dire bonjour.

Les minorités souhaitent conquérir le pouvoir en étant reconnues pour leur contribution au succès de leur collectivité alors que les oppositions souhaitent l'échec de leur collectivité pour en prendre le pouvoir.

Les minorités par leur travail influencent les décisions collectives par leurs propositions constructives, les oppositions qui ne proposent rien sont nécessairement ignorées par les exécutifs et s'en plaignent.

Il suffit de voir les lamentables séances du parlement pour mesurer à quel point la vie politique française est façonné par ce concept absurde de majorité et d'opposition. L'état de délabrement intellectuel de la droite et de la gauche en France est directement lié à la paresse de leur posture d'opposition systématique à simplement attendre leur tour.

A St Julien, nous avons cherché le plus possible à associer les minorités en tant que tel : ils sont impliqué en amont de toute délibération du conseil municipal au travers des commissions par exemple. Cela a plutôt correctement fonctionné en commission. Cela a fonctionné à la communauté de communes. Cela a fonctionné avec une majorité des conseillers municipaux des minorités. Tant pis si quelques uns n'ont pas compris qu'il est plus utile de travailler ensemble au service de tous plutôt que de se contenter de s'opposer de manière stérile.

Sans doute est-il utile de rappeler qu'en Français, le contraire de "majorité" est "minorité" et pas "opposition".

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jeudi, 11 juillet 2019

En mémoire de Vincent Lambert, des directives anticipées

Vincent lambert, directives anticipéesVincent Lambert est mort ce matin. Qu'il repose en paix. Après plus de 10 années de souffrance dans la pire des prisons : aucun mètre carré, aucune promenade quotidienne dans une cour de prison, enfermé dans le noir, sans possibilité de dialoguer avec qui que ce soit. Des conditions inhumaines. Sa mort laisse une famille déchirée par plus de 10 années de lutte judiciaire.

Que tant de souffrances ne soient pas vaines et nous conduise chacun à rédiger nos directives anticipées. Il ne suffit pas de dire à des proches qu'on ne souhaite pas d'acharnement thérapeutique. Cela ne veut rien dire tant qu'on ne définit pas précisément ce qu'on considère être de l'acharnement thérapeutique : seules la rédaction de directives anticipées permet de le définir précisément. Le dire à des proches ne permet pas de le dire à tous ses proches : seule la désignation d'un tiers de confiance permet de déterminer qui peut vous représenter en cas de perte de connaissance et de conscience. Partager ses directives anticipées avec d'autres personnes permet aussi au tiers de confiance de ne pas avoir à supporter seul le poids de leur mise en œuvre.

Il faut pour cela rédiger des directives anticipées. A peine 1 Français sur 7 a rédigé des directives anticipées. Voilà longtemps que je m'étais décidé à le faire... sans jamais en prendre le temps. Pourtant la vie m'a appris que la conscience de la mort est sans doute la meilleure manière de donner du sens à sa vie. L'agonie insupportable de Vincent Lambert m'a conduit à prendre le temps de les rédiger. Je me permets de vous le recommander également. Vous trouverez un modèle à remplir en ligne ici.

Il n'y a pas d'âge pour rédiger ses directives anticipées : la vie nous rappelle régulièrement que contrairement à nos espoirs, il n'y a pas d'âge pour mourir. Il n'y a de toute façon pas d'âge pour se préparer au seul rendez-vous assuré de toute vie qui en est sa fin.

Pour ma part, la rédaction de mes directives anticipées m'a conduit bien sûr à désigner un tiers de confiance. Elle m'a aussi conduit à préciser ce qui relevait pour moi des soins et ce qui relève de l'acharnement. Pour ma part, je souhaite un traitement des douleurs quitte à perdre la conscience et à en succomber. Tout au plus aurais-je besoin avant de mourir des derniers instants de conscience pour dire au revoir à mes proches. Je ne souhaite pas de traitement sur une pathologie que la médecine ne saurait pas soigner et qui n'aurait que pour seul effet de me maintenir dans un état de vie dégradé : durablement alité et dépendant, sans conscience, ou dans l'incapacité à communiquer. Un tel maintien en vie n'aurait pour moi aucun sens. En revanche, je souhaite une alimentation artificielle ou une respiration artificielle, que d'autres peuvent considérer comme de l'acharnement thérapeutique : je ne souhaite pas mourir asphyxié, de soif ou de faim, mais bien des fonctions vitales atteintes par la pathologie dont je pourrai souffrir.

Ces questions là relèvent à la fois du choix individuel et du choix de société. Les médecins ne peuvent pas être laissés seuls face à des cas de conscience qui iraient à l'encontre du sens qu'ils ont souhaité donner à leur vie : soigner. Un médecin hospitalier me disait un jour "les cardiologues sont des salops : ils font fonctionner le cœur sans se soucier du bon fonctionnement des autres organes". Il est certains que la médecine devient de plus en plus multidisciplinaire, mais les médecins ont aussi besoin de savoir ce que nous souhaitons pour pouvoir adapter les traitements à nos souhaits. Les directives anticipées le permettent. Encore faut-il les rédiger avant qu'elles ne soient nécessaires.

Pour que la souffrance de Vincent Lambert ne soit pas vaine, rédigeons sans tarder nos directives anticipées.

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