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vendredi, 10 février 2012

12 millions de francs suisses pour l'aménagement sans portage politique

Ce matin avait lieu un comité de pilotage du projet d'agglomération. Le quatrième auquel j'assistais depuis les élections cantonales de mars dernier. Toujours pas d'ordre du jour sur le logement.. et pourtant pour plus de la moitié des Genevois la question du logement est le problème numéro 1 de l'agglomération (selon la Tribune de Genève). Lors du dernier comité de pilotage j'avais demandé qu'une séance soit consacrée au sujet. Mon intervention ne figure pas au compte rendu. Je le fais observer et renouvelle ma demande avec insistance. Au comité de pilotage, on parle plus volontiers des processus et des sujets consensuels que des problèmes à résoudre. Il serait certes moins agréable, et moins facile, mais tellement plus utile de tenter de trouver des solutions aux problèmes des habitants.

On me répond qu'il va être difficile de consacrer une séance à la question du logement vu le travail qu'il reste à faire pour boucler le projet d'agglomération n°2. Manifestement nos interlocuteurs genevois n'ont pas pris la mesure du problème : l'existence même d'un second projet d'agglomération suppose un accord préalable sur la question du logement. Nous ne pouvons plus nous contenter comme par le passé d'engagements ou de planification urbaine à long terme. Nous devons avoir des engagements datés, chiffrés, des feuilles de routes... et des sanctions prévues lorsque les objectifs ne sont pas remplis. Le projet d'agglomération n°1 prévoyait des pénalités pour la non réalisation d'un corridor biologique sur l'autoroute à 6 millions d'euros... mais a oublié de prévoir des pénalités pour la non réalisation de 20 000 logements pour les familles !?! Une telle erreur ne peut pas se renouveller. Le projet d'agglomération n°2 doit être au service des habitants : il doit offrir des solutions de logements à proximité des lieux d'emplois et des réseaux de transports de part et d'autre de la frontière.

Personne ne nie la bonne volonté de nos interlocuteurs genevois... on doute simplement de leur capacité politique à tenir leurs engagements. Les positions totalement irresponsables des communes genevoises refusant chacune les logements dans leurs limites communales contribuent à renforcer ces doutes.

On nous répond que le plan directeur cantonal est une réponse à nos préoccupations. Une réponse très partielle, de l'avis de tous les partenaires français puisque l'accélération de la croissance démographique rend déjà le Plan Directeur Cantonal insuffisant : il faudrait maintenant 3500 logements par an dans le canton et pas 2500 comme prévus. Il faudrait aussi rattraper le retard accumulé.

On nous répond que le Grand Conseil a voté un crédit de 12 millions d'euros pour les Grands Projets d'aménagement... mais nous connaissons tous la capacité du système politique genevois à mettre à la poubelle les études qui résultent de tels crédits, faute de portage politique. Or à ce jour, une majorité du Grand conseil a voté ces crédits, mais rare sont les partis qui assument politiquement. Ces investissements sont encourageants... l'absence de portage politique de cette décision est au contraire très inquiétante. Genève va t'elle faire travailler des centaines d'urbanistes pendant 10 ans à un coût annuel de 12 millions de Francs par an ?... pour voir ensuite les projets urbains tomber à l'eau faute de portage politique.

Nous ne serons confiant que le jour où les partis politiques et les responsables genevois assumeront politiquement leur position et expliquerons :

  1. aux électeurs libéraux, qu'une croissance économique doit s'accompagner d'une croissance urbaine pour être pérenne,
  2. aux électeurs socialistes, qu'on mettra un terme à la spéculation immobilière par une augmentation drastique de l'offre de logements,
  3. aux électeurs écologistes, qu'une agglomération respectueuse de l'environnement est une agglomération suffisament compacte pour que les habitants consomment moins d'espaces naturels et puisse se déplacer en transports en commun.
  4. aux électeurs humanistes, que pour qu'il y ait des familles, il faut d'abord qu'il y ait des logements pour les familles.
  5. aux électeurs nationalistes, qu'il est impératif de construire de logements si l'on veut que les citoyens de Genève puisse y résider.

Rien de tout cela à ce jour. Nous avons encore deux ou trois mois tout au plus pour reconstruire la confiance sur les objectifs de logements avant de décider de signer ou non le prochain projet d'agglomération.

jeudi, 02 février 2012

Le logement : la seule véritable affaire Mark Muller

Des observateurs non avertis pourraient penser que le déchainement politico médiatique autour de Mark Muller, conseiller d'Etat du canton de Genève en charge de la construction, est lié à une affaire de boite de nuit. Ils pourraient se laisser duper et croire naïvement que les attaques contre Mark Muller sont empruntent de sincérités. Et pourtant, lorsqu'on voit cela d'un peu plus près personne ne peut être dupe sur ce qui anime certains milieux ASLOCISTES ou encore le Maire de Veyrier lorsqu'ils s'en prennent à Mark Muller. Les faits ne sont qu'un prétexte. Leur préoccupation majeure c'est la question du logement et de l'urbanisation.

Les uns comme les autres ont ouvert une guerre à mort contre le plan directeur cantonal qui permettra au Canton de Genève de réduire, très partiellement la gravissime pénurie de logement qui expulse les uns après les autres la moitié des Genevois en dehors du canton. "L'affaire Muller" n'est qu'une arme dans cette guerre. Une arme contre celui qui porte ce plan directeur cantonal.

Thomas Barth, le maire libéral de Veyrier, opposé aux constructions de logements prévus sur sa commune pour les habitants, pousse même le vice à défendre Isabel Rochat comme prétexte à sa solidarité partisane pour ensuite concentrer ses attaques contre Mark Muller. Cela s'appelle la "concentration des forces" préconisé par Sun Tzu  dans "l'art de la guerre". Mais personne n'est dupe.

Toute cette curie sur une cuite qui tourne mal me fait penser à "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen. Lorsque les amants vont discrètement aux toilettes pour se cacher l'un à l'autre leur humanité. Et bien oui les élus vont aussi aux toilettes, ils sont parfois bourrés, ils sont loin d'être parfaits. Les smart phones et les réseaux sociaux brisent petit à petit ces images d'épinal de notables embourgeoisés exemplaires qui n'a jamais correspondu à la réalité d'élus qui ne sont ni meilleurs ni pires que les citoyens qui les élisent.

Il n'y a en réalité qu'une seule et unique affaire Muller : la pénurie de logements qui fait qu'aujourd'hui 52% des nouveaux électeurs genevois ne peuvent plus habiter dans le canton, que ce sont plus 80 millions de kilomètres supplémentaires parcourus dans la seule année 2011 par les pendulaires qui doivent se loger de plus en plus loin de ce ghetto d'expats et de forfaits fiscaux qu'est entrain de devenir Genève.

La seule affaire Muller c'est que les Genevois considèrent dans leur écrasante majorité que le problème numéro 1 de l'agglo c'est la question du logement... et que la commission logement du Comité Régional Franco Genevois, co-présidée par Mark Muller, est la seule commission qui ne se réunisse plus. La dernière réunion remonte à 2010 et encore Mark Muller était arrivé en retard et reparti une demi heure plus tard avant la fin de la réunion. Depuis il annule, décommande et repousse cette commission qui doit pourtant travailler à comprendre les obstacles et à les régler. Au point que le Président du Conseil Général de Haute-Savoie vient d'adresser une lettre aux deux co-présidents exigeant une réunion de travail dans les plus brefs délais.

La seule véritable affaire Muller c'est qu'aux élections cantonales de 2009, il avait promis aux Genevois une accélération des productions de logements qui s'est transformée en chute après les élections et en stagnation depuis. Les chiffres de 2011 vont être minables à nouveau.

La seule véritable affaire Mark Muller c'est qu'il n'y a toujours pas de consensus politique sur des objectifs de production de logements et sur leur répartition géographique entre zones agricoles, zones de villa et zones urbaines.

La seule véritable affaire Mark Muller c'est que son parti commence seulement maintenant à avoir des positions cohérentes.. mais n'a pas encore exclus de ses rangs tous les élus NIMBY qui s'opposent constament aux logements et entraine Genève dans le déclin.

La seule véritable affaire Mark Muller c'est qu'il n'y a aucune innovation législatives pour simplifier et accélérer les procédures d'urbanisme.

En un mot, la seule véritable affaire Mark Muller c'est qu'il n'y a toujours pas de logements pour les Genevois.

Et pourtant, Mark Muller, dont je ne partage pas les idées libérales, fait preuve de courage politique. Le plan directeur cantonal est toujours très nettement insuffisant, mais c'est une avancée qu'il faudra poursuivre. Et pourtant, les autorisations sont en hausse. Et pourtant, les moyens commencent à être mis en oeuvre.

Au final, j'ai la conviction que ces prétendues "affaires Mark Muller" qui ne sont en réalité que des prétextes utilisé par le camp "anti-logement", peuvent être une chance pour Genève et toute la région genevoise. Elles excluent définitivement une nouvelle candidature aux prochaines élections cantonales, et les démagogies qui peuvent y être liées. Elles vont donner au magistrat l'indépendance de pouvoir faire ce qui est nécessaire pour les Genevois : imposer l'intérêt général qui exige des logements contre les conflits d'intérêts et les intérêts particuliers. Mark Muller peut alors se révéler dans les deux ou trois années de mandat qui reste comme un excellent magistrat qui aura marqué l'histoire de la région genevoise.

samedi, 21 janvier 2012

Le 1er Maire socialiste de St Julien bat le record de faiblesse de construction de logements sociaux

En 2001, pour la première fois à St Julien en Genevois, une municipalité socialiste a été élue. Jean Michel Thénard élu Maire. En 11 ans, 1444 logements ont été construits sur la commune dont 93 logements sociaux décidés par la municipalité socialiste (1) et 192 décidés par la précédente municipalité dans le cadre de la Zone d'Aménagement Concerté de Ternier et livrés en 2004 (2).

Pour être complet sur le bilan de la municipalité, il faut intégrer les projets en cours : sur les 1500 logements autorisés à la construction et qui seront livrés dans les 3 à 4 prochaines années il n'y aura qu'une centaine de logements sociaux. Le bilan de la municipalité socialiste sera d'environ seulement 193 logements sociaux en 13 ans sur 3000 logements livrés !

La construction de logements sociaux sur la commune a été initiée dans les années 60 par Jean Pissard lorsqu'il était Maire de St Julien. Toutes les autres municipalités ont poursuivi ce travail de construction. On est parti de 0% de logements sociaux en 1960 pour arriver à près de 18% à l'arrivée de la municipalité socialiste. Il aura fallu la première municipalité socialiste de St Julien pour voir la proportion de logements sociaux baisser pour la première fois de l'histoire de St Julien.

Lors de l'inauguration du Ferrum de Chabloux j'ai affirmé qu'ENFIN la municipalité socialiste s'engageait sur la production de logements sociaux. Les chiffres le prouvent malgré les dénégations du Maire lors du dernier conseil communautaire.

En 2001, la municipalité socialiste avait été élus principalement grâce au soutien des quartiers populaires. Aujourd'hui c'est là qu'elle fait ses pires scores. Là bas, on appelle le PS "la gauche des riches", une gauche qui augmente les impôts, qui ne lésine pas sur les festivités, mais qui garde un budget social stable pendant 10 ans alors que le budget de la commune double et que les problèmes sociaux s'aggravent, une gauche qui ne se préoccupe pas de logements sociaux. La gauche de la bonne conscience. Une gauche qui défend surtout les avantages acquits des bien logés contre les mal logés, une gauche qui défend surtout les avantages acquits de ceux qui ont un CDI au détriment de ceux qui n'en ont pas.

Le centre dans sa modération et par son humanisme est plus à gauche que cette gauche là. Et alors que les employeurs ont du mal à trouver des solutions de logements pour leurs collaborateurs, la droite ferait bien de s'inspirer du centre aussi.

(1) 55 logements à l'angle de l'avenue de Genève et de la rue du Jura, et 28 logements à l'immeuble le Ferrum à Chabloux et une dizaine de logements à la rue de vieux moulins.

(2) La renaissance dans la ZAC de Ternier

jeudi, 19 janvier 2012

Le logement abordable : un enjeu social, de génération ET de compétitivité

La crise du logement touche toute la France. Le Genevois français n'en est que la gravissime caricature en raison de l'incapacité de la classe politique genevoise à réaliser l'exigence souveraine des Genevois à mettre un terme à la crise du logement. La crise est plus aigüe chez nous parce que notre croissance démographique est plus forte que dans le reste du pays. Mais les causes en sont les mêmes.

La crise du logement est un enjeu social car elle exclue les ménages qui ont des revenus ordinaires de leurs lieux de travail. C'est un enjeu social parce que par ricochet, la crise du logement met à la rue des centaines de milliers d'habitants. C'est un enjeu social parce que la pénurie de logement se traduit en perte de pouvoir d'achat. Genève, cette agglomération considérée comme l'une des plus riche du monde.. et celle où le pouvoir d'achat des habitants est le plus faible de Suisse en raison des coûts ahurissants des logements.

La crise du logement est un enjeu de solidarité entre génération. Les moins de 40 ans doivent déjà rembourser les dettes publiques (en France) et les dettes privées (dettes hypothéquaires en Suisse) accumulées par les génération précédentes. Ils devront en plus payer des systèmes de retraites totalement déséquilibrés dans tous les pays européens et un peu plus fortement en France. Ils ont du mal à trouver et conserver un emploi. Il faut au minimum qu'il puisse se projeter dans l'avenir en ayant les moyens de se loger. Cela suppose qu'il y ait suffisament de logements construit. Que l'abondance de l'offre de logement permettent de faire péter cette immonde bulle spéculative du logement. Nous devons impérativement mettre fin à la pénurie de logement de toute urgence pour renouer une nouvelle solidarité entre générations en Europe.

Mais la crise du logement, nuit aussi à notre compétitivité. Le logement, c'est le tiers du budget des ménages actifs -pour les retraités c'est beaucoup moins, soit parce qu'ils sont propriétaires et ne paient plus rien, ou qu'ils sont locataires avec des loyers faibles et anciens-. Le coût des logements a pratiquement doublé en 10 ans. Quand un poste qui représente le tiers du budget des ménages double... il devient impératif pour les entreprises d'augmenter les salaires pour compenser ne serait-ce qu'en partie ces charges.

Supposons un instant que la bulle spéculative sur le logement explose et que les prix reviennent en quelques années à ce qu'ils étaient il y a 10 ans. Cela induirait une économie de 15% sur le budget des ménages. Cela augmenterait le pouvoir d'achat sans hausse de salaires. Ce serait un gain de 15% sur le coût de la main d'oeuvre en France. Un gain de compétitivité de 5%... de quoi permettre aux entreprises de redevenir soudainement plus compétitives que nombre de leurs concurrentes.

Il se trouve que pendant que les prix des logements doublaient en France et en Suisse... ils ont été stables en Allemagne. Il y a de multiples raisons à cela : une moindre croissance démographique, un meilleur aménagement du territoire, des lois qui ne transforment pas les propriétaires terriens en joueur du loto, à mon avis une meilleure concurrence dans le secteur du BTP..etc..etc.. Nous devons nous inspirer de ces mécanismes et de ces politiques pour permettre à chacun de se loger, régler cette question au coeur de toutes les questions sociales, et améliorer la compétitivité de la France.

C'est l'un des enjeux de la victoire de François Bayrou à l'élection présidentielle.

jeudi, 01 septembre 2011

Immobiliers genevois : les premières faillites personnelles arrivent

Il y a quelques années j'ai été directeur marketing de la banque Cortal Consors. J'ai pu observé à quel point dans leurs décisions d'investissement, les particuliers réagissent toujours avec un train de retard. Souvent ils investissent sur le bouche à oreille : "tu devrais investir dans XXXX, untel a beaucoup gagné d'argent". Vous pouvez remplacer le XXXX par immobilier, action ou or, peu importe. Le particulier arrive toujours après la bataille.. et paie toujours les pots cassés ! On devrait inventer le "bouche à elliero".. une forme de bouche à oreille dans lequel l'oreille comprend le contraire de ce que dit la bouche !

Mais s'il y a bien un domaine où les réactions des particuliers sont absurdes c'est bien l'immobilier. Habituellement, sur le marché du dimanche, moins un légume est cher.. plus il y a d'acheteur. Dans l'immobilier c'est le contraire : plus l'immobilier augmentent plus les particuliers se jettent dessus ! Allez y comprendre quelque chose. Mais on s'apercoit surtout qu'on est dans une bulle à partir du moment où l'on entend, ce que l'on entend actuellement : "Ca ne peut que monter !" C'est le moment à partir duquel les acheteurs renoncent à tout raisonnement rationnelle et s'inscrivent dans une bulle spéculative pour prendre une décision d'achat. Quand sur un marché vous entendez "Ca ne peut que monter".. c'est qu'a priori vous êtes dans une bulle spéculative et que les prix vont s'écrouler !

Paradoxalement, les premières faillites arrivent dans le Genevois français. Certes l'immobilier augmente de manière vertigineuse.. mais pas assez pour compenser la hausse du franc suisse dans laquelle est libellée la plupart des dettes des nouveaux propriétaires. Démonstration :

Un Genevois a acheté dans le Genevois français un bien d'une valeur de 300 000 euros en 2009. Il a emprunté alors 400 000 CHF qu'il a converti à un taux de change de 1,6CHF/EUR pour 250 000 euros. Depuis 3 ans il a remboursé environ 30 000 CHF. Il lui reste donc à rembourser 370 000 CHF.. mais au cours actuel de 1,16CHF/EUR cela représente 319 000 euros : il doit donc rembourser un montant supérieur à la valeur initiale du bien. Avec la variation de taux de change, notre "investisseur" a perdu son apport personnel de 50 000 euros, ses remboursement de 30 000 euros.. et doit encore 19 000 euros à la banque.

Etranglé il ne peut pas vendre. S'il y est contraint pour un divorce ou pour une mutation professionnelle il est dans une réelle difficulté. Certains expats sont entrain de perdre plus dans leur achat immobilier et leur crédit hypothécaire qu'ils n'ont épargné en trois ans de travail à Genève ! Mais ce qu'il se passe actuellement c'est que les acheteurs étranglés par leurs dettes en CHF se contentent de rembourser mensuellement et refusent de vendre en attendant que le Franc Suisse baisse à nouveau. Pendant ce temps là, des acheteurs au pouvoir d'achat en CHF exorbitant arrivent en masse sur le marché. Aux cours actuels ils peuvent acheter à n'importe quel prix.. mais il n'y a pas de vendeurs. Alors les prix montent en flêche chaque semaine... surtout avec la pénurie de logements à Genève qui n'a produit que 17 logements dans tout le canton au deuxième trimestre 2011.

lundi, 25 juillet 2011

Les enfants gâtés de la croissance genevoise... et les enfants oubliés

Genève ouvre enfin le débat sur son modèle de croissance. Un modèle de croissance qui condamne à l'exil des générations entières de Genevois parce que les autorités cantonales refusent d'assumer la croissance urbaine nécessaire pour loger tant de nouveaux habitants venus en raisons des politiques fiscales fédérales dérogatoires. Un modèle de croissance paupérise les Genevois plus que tout autre Romand en réduisant leur pouvoir d'achat. Un modèle de croissance qui dégrade la qualité de vie des Genevois en augmentant de quelques minutes chaque mois leur temps de déplacement.

Dans ce débat si nécessaire, il y a un argument qui pourrait faire sourire. Quelques privilégiés de la croissance condamnent toute remise en cause d'un définitif "ce sont des critiques d'enfants gâtés". En général ce sont précisément les plus gâtés par la croissance : avocats d'affaires, professionnels de l'immobilier, propriétaires fonciers ou banquiers privés pour expats. Des individus qui bénéficient de passe droit pour se loger dans des appartements de luxe à prix réduit ou pour spéculer dans l'immobilier à Cologny. Ils ignorent sans doute que les Genevois dans leur grande majorité ne bénéficient pas des mêmes avantages qu'eux et qu'au contraire les Genevois sont précisément des oubliés de ce modèle de croissance. "Ce sont des critiques d'enfants gâtés"... on croirait entendre Marie-Antoinette avant la révolution ! Ce sont aussi souvent des babyboomers : cette génération bénie des dieux qui croit qu'on est encore dans les 30 glorieuses et qui vit comme si demain ne devait jamais exister.

"Je HAIS Genève" me disait avec force une de ces Genevoise oubliée de la croissance et résidant à St Julien, ajoutant "vous n'imaginez pas ce que c'est que d'être expulsée de son propre pays !". "Je ne sais même plus pour qui voter" me disait une ancienne conseillère municipale socialiste contrainte de s'installer à Viry et constatant qu'au delà des slogans on attend toujours le premier parti genevois réellement pro logement. Le nombre de chômeurs Genevois augmente de manière strictement proportionnelle au nombre d'emplois importés. La politique économique genevois n'a pas pour objet d'aider les chômeurs à trouver un emploi mais simplement à remplir les caisses cantonales pendant que le canton se vide de ses Genevois.

L'absurde débat actuel sur le Plan Directeur Cantonal montre l'urgence d'une révision de ce modèle de croissance : la croissance démographique actuelle exige 75 000 logements supplémentaires d'ici à 2030... et Genève a déjà du mal à accepter les petits 50 000 logements du Plan Directeur Cantonal. Tant qu'une limite ne sera pas posée à la cupidité cantonale et à son modèle de croissance, nombreux seront ceux qui refuseront tout déclassement car il y aura toujours un doute : les 3000 logements des Cherpines seront-ils au bénéfice de 3000 familles genevoises.. ou permettront-ils de faire venir 3000 expats de plus ? Il faut clarifier ce doute pour parvenir à une politique économique et une politique urbaine qui sera cohérente. Genève pourra alors compter sur la collaboration fiable et enthousiaste de ses partenaires dans le cadre d'un projet d'agglo respecté par tous : 50% de logements à Genève, 10% dans le district de Nyon et 40% dans le Genevois français.

lundi, 11 avril 2011

Toujours pas de volonté politique de construire des logements à Genève

Y-a-t'il une volonté politique de construire suffisamment de logements à Genève ? A première vue, on pourrait le croire : des slogans de campagne répétés, des intentions affichées dans des projets de législature, des surenchères de promesses. Des dizaines de milliers de Genevois et quelques élus français y ont cru... Moi même j'y croyais encore il y a quelques mois.

Mais on peut légitimement en douter aussi :

On entend encore les faux prétexte à l'absence de construction de logements qui conduisent à douter de la sincérité des belles intentions. Non le canton n'est pas trop petit : seulement 13% des surfaces cantonales sont urbanisées et la moitié de ces 13% sont gaspillés par de l'habitat individuel qui ne loge presque personne.

On entend aussi des élus genevois prendre prétexte de la longueur des procédures pour justifier de l'absence de production de logements. Mais bon dieu, on connaît la durée des procédures genevoises depuis plusieurs décennies et il suffirait de multiplier en parallèle les projets pour que cette durée n'ait aucun impact sur le nombre de logements livrés. Si construire un logement prend 4 fois plus de temps à Genève, il suffit d'en commencer 4 fois plus produire assez de logements.

Ces faux prétextes conduisent à douter de la sincérité des intentions. Mais il y a surtout les vrais raisons du blocage auxquelles aucune réponse n'est apporté faute de volonté politique :

1) les communes genevoises n'ont actuellement aucun intérêt financier à construire. Les communes vertueuses dans la production de logements sont fiscalement sanctionnées alors que les communes "vicieuses" sont encouragées. Des modifications de la péréquation intercommunale ou encore la prise en charge par le canton du financement des équipements publics des communes qui construisent permettrait de changer la dynamique dans les communes. Elles deviendraient alors partie prenante de l'effort de construction de logements plutôt que de freiner des quatre fers et de jeter de l'huile sur le feu des oppositions. Mais aucune initiative n'a encore été prise sur le sujet. La motion qui sera présentée prochainement sur le sujet au Grand Conseil va dans le bon sens mais illustre le retard pris... Un projet de loi aurait été plus efficace qu'une motion.

2) Les "responsables" politiques genevois ne se conduisent toujours pas de manière responsable. On sera convaincu par la réalité des intentions genevoises de construire le jour où David Hiler, Michèle Kunzler et Robert Cramer interviendront dans le débat sur les Cherpines pour dire à leurs électeurs Verts qu'il est écologiste de construire des logements aux Cherpines pour éviter l'arrivée de 3000 voitures supplémentaires chaque jour dans le canton ! On sera convaincu le jour où Isabel Rochat ira dire à ses collègues de Thônex que la fête des égoïstes est terminée et qu'il est urgent de construire des logements aux communaux d'Ambilly : 30 ans de retard et deux fois moins de logements ça suffit ! On sera convaincu le jour où Mark Muller ira discuter avec les électeurs libéraux de Troinex, de Thônex et de Veyrier pour leur expliquer que les zones résidentielles se tranforment en aires d'autoroute à force de refuser la construction de logements qui pourraient permettre le développement des transports en commun. Bref, on sera convaincu de la réalité des intentions genevoises sur les logements le jour où les responsables politiques genevois responsabiliseront le souverain genevois.

3) On sera convaincu de la réalité des intentions genevoises lorsque Rémy Pagani réalisera que lorsqu'il promet 1000 logements en 4 ans à Genève il promet une profonde aggravation de la pénurie de logement en ville de Genève : 250 logements par an en ville de Genève c'est à peu près 4 à 5 fois moins que nécessaire pour stabiliser la pénurie ! On sera convaincu lorsque Rémy Pagani promettera 4000 logements en 4 ans en Ville de Genève !

4) On sera convaincu de la réalité des intentions genevoises de construire des logements le jour où il y aura une cohérence entre la politique économique et la politique du logement. A ce jour les constructions de logements ne résorbent pas la pénurie mais rendent simplement possible de nouveaux excès fiscaux qui font venir de nouveaux expatriés et détériorent les conditions de vie des habitants du Genevois franco suisse.

5) On sera convaincu de la réalité des intentions genevoises de construire lorsque Libéraux et Verts se seront entendus sur la proportion de logements qui devront se construire en zone de villa et celle qui devront se construire sur des terres naturelles et agricoles.. plutôt que d'entendre les uns et les autres dénoncer toute décision.

6) On sera convaincu de la réalité des intentions genevoises de construire le jour où les processus d'opposition auront été simplifié afin que les égoïsmes particuliers ne triomphent plus sur l'intérêt général exprimé par le souverain.

On est encore loin de la volonté politique forte nécessaire à la construction de logements à Genève.

jeudi, 27 janvier 2011

Les Conseillers d’Etat Genevois sont-ils les bons interlocuteurs du projet d’agglomération ?

Depuis le début des discussions sur le projet d’agglomération les discussions ont lieu avec des Conseillers d’Etat.. voir même au départ à l’initiative du Conseil d’Etat et avec un financement principalement cantonal.

 

Suite à ces échanges sur notre avenir commun les positions ont évolué. Ainsi, les communes françaises ont-elles pris conscience de la nécessite de densifier l’urbanisation pour limiter le mitage et favoriser le développement futur des bus. Les Maires du Genevois français ont pu participer à ces échanges et ont pu ensuite appliquer les conclusions des discussions : les lois françaises leur donne peu de moyens mais beaucoup de pouvoirs.

 

Les institutions genevoises ne le permettent pas. Les Conseillers d’Etat contribuent à l’émergence de solutions communes… mais n’ont pas les pouvoirs de les appliquer. Les lois sont votées par des députés qui ont peu participé aux discussions de l’agglomération. Elles doivent ensuite souvent être approuvées par les électeurs Genevois qui n’ont pratiquement jamais entendu parler du projet d’agglomération et qui n’en comprennent forcément pas les enjeux pour leur quotidien. Elles doivent ensuite être appliquées par des élus communaux dont l’intérêt fiscal et électoral consiste à construire le moins possible.

 

Nous en sommes à ce stade aujourd’hui. Toutes les parties prenantes du projet d’agglomération comprennent les enjeux pour préserver notre qualité de vie commune, mais côté Genevois les décideurs n’étaient pas autour de la table. C’est ainsi que Thomas Barth, Maire de Veyrier, ou Xavier Comtesse, « penseur » Liberal genevois qui heureusement sera bientôt à la retraite, défendent des idées absurdes pour tout ceux qui ont une conscience régionale de nos problèmes communs (cf videos en lien). Il aurait pu y avoir des vidéo aussi absurdes de Verts défendant la souveraineté alimentaire dans les limites cantonales (et pourquoi pas par commune ou par quartier pendant que vous y êtes !)

 

Les élus locaux français ont cru que les Conseillers d’Etat auraient l’influence et l’autorité nécessaire pour convaincre. La réalité est tout autre : loin d’influencer les décideurs Genevois vers une vision d’avenir d’une région équilibrée, les Conseillers d’Etat ne font que gérer des équilibres politiques existants. Une réalité politique très éloignée des objectifs du projet d’agglomération.

 

Ainsi, Mark Muller ne discute avec les élus libéraux de Veyrier de l’urbanisation de leur commune que par Tribunal Fédéral interposé. Il rejette toute responsabilité dans le vote des Libéraux de Troinex contre la construction de 40 logements. Isabel Rochat n’utilise en rien de son influence pour sensibiliser ses anciens collègues de Thônex de la gravité de la pénurie de logements et de l’urgence de construire. Coté Verts, David Hiller et Michèle Kunzler ne mouillent même pas le bout de la chaussette pour sensibiliser leurs collègues écologistes de l’aspect décisif du projet des Cherpines pour prouver un tant soit peu la crédibilité des engagements Genevois sur le logement. Charles Beer n’utilise en rien de son influence sur les milieux de gauche pour sensibiliser sur l’absolue nécessité de construire pour stopper la spéculation et sur les carcans législatifs imposée à ceux qui pourraient aider a construire des logements. Chacun pourraient perdre des voix à défendre l’intérêt général sur la construction de logements.

 

J’ai appris récemment que Mark Muller a décidé de ne pas s’engager dans la campagne sur les 3000 logements aux Cherpines. Il décline déjà toutes les invitations des medias sur le sujet. A priori un véritable scandale pour un Conseiller d’Etat en charge de la construction… mais finalement, il n’a pas tort : ce serait effectivement plus efficace et plus crédible que Michèle Kunzler et David Hiller se mouillent pour expliquer à leurs amis écologistes que 3000 logements en plus aux Cherpines ce serait 3000 voitures de moins sur les routes… et que si les Cherpines ne se font pas, le Genevois français refusera les transports en commun transfrontaliers, y compris le CEVA !

 

Faute de s’engager réellement contre les blocages, les Conseillers d’Etat perdent toute crédibilité dans la résolution de la crise du logement. Ces Conseillers d’Etat gèrent leur capital politique plutôt que de l’utiliser au service de l’intérêt général.

 

Nous devons dialoguer directement avec les Genevois souverain, avec les députés et avec les Maires des communes genevoises. Il est temps que le projet d’agglomération sort des réunions d’experts et des cercles avisé pour être pris à bras le corps par la population et les décideurs.

 

Nous devons sensibiliser directement les Genevois des conséquences catastrophiques de cet aménagement absurde sur leur mobilité, sur la mixité sociale, sur leur sécurité et aussi sur la cohésion sociale entre générations. Repousser toute l’urbanisation au delà des frontières cantonales est en train de transformer la campagne genevoise en aire d’autoroute. C’est en partie le sens de ce blog.

mardi, 18 janvier 2011

L’onde de choc des incohérences genevoises passe la frontière

(texte paru dans l'édition de samedi 15 janvier 2011 de la Tribune de Genève)

 

Mark Muller au département des constructions et Pierre-Francois Unger à celui de l’économie mènent des politiques contradictoires : l’un conduit une politique du logement restrictive avec seulement 1230 logements en 2009 pendant que l’autre fait venir toujours plus de traders et d’expatriés (près de 15’000 habitants supplémentaires l’an dernier dans notre région).

 

Chers lecteurs, vous êtes les premières victimes de ces incohérences au sommet de l’Etat genevois.

 

Coté Genevois, les traders et expatriés qui arrivent, prennent d’assaut les rares logements disponibles et chassent vos enfants du canton pour en faire des automobilistes supplémentaires sur des routes encombrées. Vos policiers, vos infirmières, vos médecins et vos professeurs ne peuvent plus se loger. Genève a pourtant besoin d’eux pour régler ses problèmes de sécurité, de crèches, d’école et d’EMS.

 

Dans le Genevois français, les salariés en euros voient leur pouvoir d’achat amputé chaque année par l’installation massive de jeunes genevois. Services publics et entreprises sont menacés par les départs successifs de leurs collaborateurs qui ne peuvent plus se loger.

 

Ces incohérences deviennent intolérables pour tous les Genevois. Il revient aux cinq autres Conseillers d’Etat de prendre leurs responsabilités en rendant cohérentes les politiques économique et du logement : doubler la construction de logements et modérer l’attractivité exogène durant les décennies nécessaires pour que ces logements sortent de terre ! Simple question de bon sens mais qui devient urgente !

 

lundi, 17 janvier 2011

Le Genevois français n'est plus à vendre

Vous trouverez ci-dessous une photo prise hier qui symbolise très bien les déséquilibres de notre agglomération : une annonce immobilière dans le Genevois français rédigée exclusivement pour des habitants de Genève. Jusqu'à présent les agents immobiliers précisaient les deux formats de numéros de téléphone - ils ne le font plus. (cliquer sur la photo pour l'aggrandir)

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La Tribune de Genève annoncait ce matin que plus de la moitié des villas dans le canton de Genève sont achetées par des étrangers et que ces derniers dépenses deux fois plus que les citoyens suisses dans l'achat de leur résidence. Cela a un effet ricochet dans le Genevois français :

1) plus de la moitié d'une classe d'âge d'habitants de Genève s'installe dans le Genevois français chaque année et ils y représentent les deux tiers de la croissance démographique, de la croissance urbaine et de la croissance du traffic de voiture. Ils sont chassés malgré eux de leur canton faute de logements alors que l'espace urbain est gaspillé par des logements sous occupés et des zones de villas gigantesques.

2) dans les communes de la première couronne frontalière les citoyens suisses représentent déjà plus de la moitié des frontaliers.

J'imagine un instant les propos véhéments d'élus genevois si les pancartes immobilières à Genève étaient rédigées en Russe, en Chinois et en Anglais... mais pas en Français ! Cela viendra peut être aussi.

Ce mélange des populations se passera très bien lorsque les autorités cantonales auront une politique économique et une politique du logement cohérentes : lorsqu'il se construira assez de logements à Genève pour les personnes que Genève fait venir à coup d'éxonératios fiscales. D'ici là, ces déséquilibres dégradent le pouvoir d'achat de tous les habitants, la pérénité des entreprises locales et des services publics des deux côtés de la frontières. Ce mélange des populations se passera en revanche très mal tant que Genève ne considérera le Genevois français que comme une terre vers laquelle expulser sa jeunesse et ses classes moyennes. Un territoire auquel on déléguerait l'urbanisation que les communes genevoises refuse d'assumer mais rendue nécessaire par une politique d'exonération fiscale qu'elles ont choisie.

La question qui se pose pour notre agglomération est simple : voulons-nous que notre agglomération se transforme à terme en getho d'exilés fiscaux, de forfaits fiscaux, de traders et d'expatriés avec tous les problèmes de sécurité et les problèmes sociaux que cela pose ? ou voulons-nous construire une société avec sa nécessaire diversité sociale, une société forte de sa cohésion au délà des frontières ?